An 1 du braquage de Dantokpa

Des commerçantes s’en souviennent

(Et dénoncent le silence du gouvernement quant à leur dédommagement)
1er avril 2008-1er avril 2009 : Cela fait un an jour pour jour aujourd’hui, que des bandits sans foi ni loi ont attaqué pour la première fois le marché international de Dantokpa. Leur but : dévaliser les deux banques qui trônaient avec insolence au sein de ce marché. Un an après, quelques femmes qui ont frôlé la mort de  près ce jour-là, livrent ici comment elles ont vécu ce drame. Celles dont de l’argent et des bijoux ont été emportés  interpellent le chef de l’Etat et son gouvernement qui avaient promis leur apporter un soutien.

Mme Félicienne Sagbohan, vendeuse de liqueurs

« Je me rappelle comme si c’était hier. Les bandits ont accosté légèrement en biais en face de moi. Quand j’ai entendu les premiers coups de feu, j’ai d’abord cru que c’était le bruit des pétards. C’est alors que ma voisine m’informa que c’était des coups de feu. A cet instant, ce fut la débandade. Nous détalions dans tous les sens. L’un  des bandits est venu barrer la route à notre niveau. Nous nous sommes mis à plat vendre pour escalader l’élévation de terre qui se trouve derrière nous pour retomber ensuite dans un détritus en contre-bas.des balles sifflaient autour de nous. Certaines ont traversé de part en part nos baraques et les bois qui les soutiennent. Ce qui s’est passé ce jour-là est incroyable. Seul Dieu nous a sauvés.  Après tout ceci, pendant des jours, nous étions encore habités par la peur. Les autorités nous ont demandés par la suite de nous rendre à la sûreté afin de donner nos noms et nos adresses. On nous avait également demandé ce que nous avions perdu.

Moi, j’ai perdu une somme de 700.000 F Cfa, parce que le jour-là, j’avais sur moi des sommes pour la tontine. Nous avions pensé que le gouvernement voulait nous dédommager comme il le fait pour certains. Mais, ce fut un espoir déçu. Jusqu’à ce jour, nous n’avons plus eu les échos de nos dépositions. Nous demandons au président de la République de penser à nous aussi. Ce mercredi 1er avril, s’il plaît à Dieu, je serai au marché et je ferai de l’aumône ».

Mme Armandine Fadonougbo, vendeuse de divers

Je n’oublierai jamais ce que j’ai vécu ce jour-là. Les balles sifflaient de tous les côtés. Nous nous sommes réfugiés dans les décombres à plat ventre. Pour moi, demain, je ferai une action de grâce en l’honneur de Dieu. Car, il m’a vraiment sauvée. Une autre personne à qui je dois beaucoup, c’est mon mari. Il m’a très bien soutenue dans ces moments-là. Le choc psychologique que j’ai reçu était à un tel point que sans son aide, je ne sais pas si je pouvais encore mettre les pieds dans ce marché. Plusieurs mois après, je revoyais encore le film de l’événement et cela me terrorisait. Je demande aux autorités de mieux sécuriser le marché.

El Hadja Mouibatou Radji, cambiste

 « Quand les voleurs n’ont pas pu ramasser l’argent dans les banques, ils se sont retournés vers nous les cambistes. Moi, ils m’ont pris après m’avoir bousculée 6.000.000 Fcfa en espèce.  Il y avait également de l’argent que les gens épargnaient dans des caisses qu’ils ont emporté. Je n’avais de cesse de les supplier de prendre tout ce qu’ils voulaient et de me laisser la vie sauve. Ils étaient comme fous. Après l’événement, moi aussi comme beaucoup d’autres, je suis allée m’inscrire au commissariat. Mais nous n’avons pas eu de suite. Le président Boni Yayi doit nous venir en aide.

Il ne doit pas penser seulement à d’autres qui crient Fcbe. Depuis ce malheureux événement, je ne me suis pas relevée des dettes.  Aujourd’hui je compte resté chez moi et faire de l’aumône»

Benoît Mètonou

Laisser un commentaire