Boni Yayi pris entre trois feux
Le régime du président Boni Yayi traverse une période de crise assez difficile. Les trois couches socio-politiques qui l’ont porté au pouvoir en avril 2006, se rebellent contre lui. Ce qui agit négativement sur sa côte de popularité.
Trois fronts donnent de l’insomnie au gouvernement et à son chef. Le président Boni Yayi est mis en difficulté par la classe politique de son pays, la société civile et les organisations syndicales nationales. Leurs cris de désarroi sur la gestion des affaires de l’Etat par le régime en place bouleversent sérieusement les données dans l’entourage du chef de l’Etat et dans l’opinion publique nationale et internationale.
Grâce au regroupement des ténors des G4, G13 et Force-clé, l’animation de la vie politique s’intensifie sur le terrain. Ils dénoncent les actes attentatoires à la démocratie du régime en place, les violations répétées des textes de la République et la mauvaise gouvernance. Du fait, à l’Assemblée nationale comme sur le terrain politique, les attaques contre le gouvernement sont légion. Les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) qui, pratiquement, jouaient seuls sur l’aire de jeu, ont de redoutables adversaires contre eux. Ce qui fait que tous les weed end, il y a la mobilisation des militants dans tous les camps, surtout que les prochaines élections générales s’annoncent serrées pour les uns et les autres. Les partisans du pouvoir en place, n’étant pas habitués à la contradiction, perdent les pédales et préfèrent se cacher derrière des injures. En dehors de la classe politique qui dérange sérieusement le chef de l’Etat, la société civile béninoise ne fait pas de cadeau à la mouvance.
La corruption, le clientélisme, la gabegie, le non-respect des textes et autres attitudes dangereuses pour l’Etat de droit sont décriés par les organisations non gouvernementales. Ce qui aggrave la crise entre la société civile et le pouvoir en place est relatif aux tentatives de blocage de l’établissement de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). On accuse l’Etat de manœuvrer contre cet instrument électoral très important pour la transparence des élections en 2011. Après la classe politique et la société civile, le président Yayi a encore du pain sur la planche avec les syndicats. Des mouvements de débrayage s’annoncent surtout dans les hôpitaux. Les travailleurs réclament des indemnités et primes que l’Etat leur doit. La semaine dernière, les six grandes syndicales du pays ont organisé une mobilisation à la bourse du travail pour dénoncer les manœuvres du gouvernement.
Par conséquent, les autorités politico-administratives souffrent le chaud le chaud et le froid maintenant. Cela se sent d’ailleurs dans l’opinion publique. Le président Yayi qui était considéré comme un messie en avril 2006, rencontre ses pires difficultés au sommet de l’Etat. On se demande s’il pourra s’en sortir vainqueur.
Jules Yaovi Maoussi