HAAC

J. CarlosRadiographie d’une élection

Les journalistes se préparent à se rendre aux urnes. Ils sont appelés à désigner ceux des leurs qui siègeront, au titre de Conseillers, à la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), quatrième mandature. On peut comprendre, de ce fait, même avant l’ouverture officielle de la campagne électorale, qu’une certaine effervescence s’empare de la corporation.

Cette fièvre qui monte, au fur et à mesure que nous nous approchons des échéances, est la preuve de l’intérêt soutenu de nos confrères et de nos consoeurs pour l’organe de régulation qui partage avec le Ministère de la Communication la tutelle sur la corporation. C’est donc d’une grande autorité, assortie d’une non moins grande responsabilité, que vont être nantis ceux et celles qui bénéficieront, via les urnes, de la confiance de leurs pairs.

Il faut se convaincre qu’une élection, quel qu’en soit le format ou la nature reste une élection. Avec des discours croisés. Avec un brin de démagogie entendue. Avec beaucoup de folklore à mettre au compte de l’indispensable habillage de l’exercice. Il faut bien du piment pour relever le plat électoral.
Tous les candidats qui se déclarent pour ces joutes électorales sont respectables et sont à respecter. Mais il va sans dire qu’ils ne se valent pas tous et qu’ils n’ont pas les mêmes motivations. C’est l’élection qui aide justement à faire le tri, pour que, au bout du processus, les moins aptes fassent place aux meilleurs.

Dans le cas qui nous occupe, celui de l’élection prochaine des représentants des médias à la HAAC, les journalistes qui ont profession à porter un regard critique sur leur société, décelant, ici, des faiblesses, dénonçant là, des dysfonctionnements, se doivent de faire montre d’une égale cohérence, par honnêteté intellectuelle, en passant au crible d’une critique sans complaisance, les motivations et les discours de ceux qui sollicitent leurs suffrages.
Il y en a qui sont d’abord préoccupés d’opérer une descente en douceur sur un tapis moelleux au soir d’une carrière qui, autrement, ne peut s’éclairer que des reflets crépusculaires de la retraite administrative. Un point de chute à la HAAC avant la sortie peut avoir valeur d’un bonus. C’est l’entrée dans le cercle de lumière pour conclure en fanfare près de trois décennies de vie professionnelle. L’essentiel réside dans un bon placement de l’expérience acquise.
Il y en a d’autres qui tentent juste leurs chances sous les projecteurs d’une actualité offerte, un peu à l’image des éphémères, du nom de ces insectes qui ne vivent qu’un jour. Attirés par la lumière, les éphémères jouent leur partition, avant de disparaître comme ils sont venus, sans trace, sans impact. Des étoiles filantes dans le vaste champ du ciel.

Il y en a, enfin, qui se jettent à l’eau par conviction, ayant des idées à faire valoir, des ambitions à affirmer, des valeurs à promouvoir, des expériences à partager, une certaine manière de voir, d’être et de se comporter à défendre et à illustrer. Ils sont mus par un idéal et savent être engagés dans l’accomplissement d’une mission pour laquelle ils ne devraient ménager ni leur temps, ni leur santé.
Il en est des discours comme des motivations. Le candidat démagogue, ne pense pas un traître mot de ce qu’il dit. Mais attendez-vous à le voir promettre la lune, à défaut de Mars ou de Pluton. C’est Monsieur ou Madame je sais tout, je peux tout, j’ai solution à tout, à la satisfaction de tous.
Le candidat brouillard a le chic pour tout confondre, pour tout mélanger. Il soutient, le soir, le contraire de ce qu’il a défendu avec passion le matin. Les mots, dans sa bouche, sont presque toujours à géométrie variable. Et plus c’est confus et flou, plus c’est entortillé et embrouillé, mieux cela vaut.
Le candidat perroquet donnera volontiers la main aux pirates qui vivent sur le dos de nos artistes créateurs en copiant sans vergogne leurs œuvres. Car le perroquet n’a pas une autre vocation que d’aller faire provision d’idées dans le panier des autres. Nous avons affaire à un pilleur qui ne vit qu’aux dépens des autres. Nous avons affaire à un prédateur qui s’ignore, doublé d’un parasite impénitent.
Et si l’exemple, pour une fois, venait des journalistes ? Ils pourraient, par exemple, montrer la voie aux politiciens, en initiant des débats d’idées sur les projets des différents candidats. Ils pourraient organiser des faces à face qui verront les candidats se battre en duel sur leurs propositions et sur leurs programmes, sous l’arbitrage d’un public avisé et informé. La qualité s’annonce toujours là où jaillit la lumière.

Jérôme Carlos

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