« Projet de découpage territorial plus ambitieux! »

R. AdjahoQuand tu nous tiens…

Enfin! La montagne des VINGT cadres illustres a fini d’accoucher. Accouchement bien difficile s’il en fut! Non pas à la césarienne, devenue gratuite, mais au forceps! Alors, vous devinez la suite.Analysons donc un peu, le protocole opératoire de cette intervention!

Le proverbe n’affirme-t-il pas, en effet, que la sagesse des Nations ne saurait faiblir?
Cette vérité universelle est bien, aussi, l’un des solides piliers du PRINCIPE de la SOUVERAINETE du PEUPLE.

Et c’est en vertu de ce PRINCIPE que notre Assemblée Nationale, qui en est le seul et unique dépositaire, a respecté, quant au fond, les grandes orientations et décisions prises par les ETATS GENERAUX en adoption sur la Réforme de l’Administration territoriale, tenus à COTONOU du 07 au 10 Janvier 1993; en adoptant, en 1999, cinq (5) PROJETS de LOI, sur cette REFORME. Toutes ces cinq LOIS ont été ratifiées par le Chef de l’Etat, et sont donc, ipso facto, entrées en vigueur dans notre Pays, la République du BENIN.

Mais l’une de ces LOIS a créé, au total, pour notre Pays, DOUZE (12) DEPARTEMENTS de l’Administration territoriale; puis elle donne au GOUVERNEMENT, la prérogative de désigner, par DECRET pris en Conseil des Ministres, et sur la base des critères déjà définis par la Loi, les localités devant à abriter le chef -lieu de chaque Département. Et, depuis lors, le GOUVERNEMENT, jouant au chat et à la souris avec le PEUPLE, s’est obstinément refusé à nommer tous les chefs-lieux des DOUZE Départements, et s’est contenté, en violation flagrante de la LOI, de faire gérer, à la fois, deux (2) Départements par chacun des SIX (6) PREFETS nommés à la tête des SIX anciens Départements.
Ce faux-fuyant lamentable a été, depuis lors, pratiqué par trois Chefs d’Etat de notre Pays, soit pour des préoccupations tristement électoralistes, soit pour des raisons ethnocentristes inavouables.
Par ailleurs, il faut faire remarquer, avec force, le fait que depuis DIX (10) ans que ces lois sont entrées en vigueur, aucune personne, physique ou morale, n’a jamais élevé la moindre protestation contre aucune stipulation de ces cinq lois portant Réforme de l’Administration territoriale en République du BENIN, lois pourtant abondamment et longtemps popularisées sur toute l’étendue du territoire nationale.

C’est signe évident que, dans sa très grande majorité, notre Nation a accepté d’appliquer loyalement toutes les règles du JEU démocratique qu’elle  s’est elle- même fixées par l’intermédiaire de ses Représentants attitrés aux Etats Généraux et à l’ Assemblée Nationale. C’est signe patent, aussi, que depuis DIX ans et plus, notre PEUPLE attendait que le gouvernement joua, enfin, sa partition, en désignant, conformément à la LOI, les SIX nouvelles localités érigées en chefs-lieux de Département.
Mais voilà que, contre toutes leurs attentes légitimes, un beau jour d’octobre 2008, le Gouvernement se mit à dérouler, sur les anteru1es des médias audio- visuels, les premières séquences du scénario cocasse de sa mascarade politique visant à fouler aux pieds la loi qui règle la question du DECOUPAGE TERRITORIAL et de la désignation des localités à ériger en chefs-lieux de Département; puis elle a déclaré cette loi « dépassée par les mutations survenue dans notre Peuple» pour en soumettre un autre PROJET « plus ambitieux » au vote de l’Assemblée Nationale.

Si tout ces  branle-bas récent autour de cette question de découpage territorial n’était pas une mise en scène pour se donner les prétextes de refuser d’appliquer la loi en vigueur sur ce «sujet qui fâche », pour la remplacer par une autre à sortir de ses propres ateliers et de son propre canevas, alors, comment comprendre qu’un MINISTRE en charge, titulaire, compétent et responsable Issa Démolé MOKO puisse commettre la grave erreur de venir déballer urbi et orbi, sur les antennes de la radio et de la Télévision, sans l’accord préalable de son chef de gouvernement, les résultats des travaux de son Ministère sur la désignation des Chefs-lieux des SIX nouveaux Départements territoriaux? Cet acte posé par le Ministre était jugé si grave par son chef de gouvernement que ce dernier l’a renvoyé se dédire et se rétracter devant la même presse audiovisuelle; si grave que Issa Démolé MOKO a été, illico et dare – dare, éjecté du gouvernement, pour travailler par la suite, en sourdine, avec la Commission des vingt cadres, présidée par le Ministre Richard ADJAHO, Commission née de la faute lourde qui lui a valu cette sanction non moins lourde. Ne le plaignons pas trop! Bientôt peut-être, sera-t-il nommé Conseiller technique pour aller grossir, à la Présidence de la République, le nombre et le club des anciens ministres du Docteur Boni YAYI ! Un gouvernement BIS en formation? Et pour quoi faire? L’avenir nous le dira.

Les Béninois se souviennent tout de même, qu’au cours de son fameux point de presse d’Octobre 2008, le Ministre Issa Démolé MOKO, sur question du journaliste Roger MIGAN, avait répondu, en substance, ce qui suit: « Si, malgré tout, le travail technique fait par notre Département provoquait des réactions ,de mécontentement, le gouvernement les étudierait et aviserait. »
Qu’est-ce à dire? Cette réponse d’un Ministre parlant ex- qualité et au non de son gouvernement, devant la presse, sur les ondes de la Radio et de la Télévision , ne ressemble -t-elle pas, à s’y méprendre, à un appel du pied pour susciter ces réactions des mécontents de l’application de la loi en vigueur sur la déconcentration des Services de l’Etat? Le fait est bien là, irréfragable, que cet appel a été perçu, cinq sur cinq, par les intéressés, lesquels se sont empressés d’ériger des barricades sur une Route Nationale Inter-Etats, entravant ainsi, illégalement et impunément, pendant de longues heures, la libre circulation des personnes et des biens, le tout assorti de violence et voie de fait. Avec tout cela, dans quel Etat de DROIT sommes -nous ?
Eh bien! Mesdames et Messieurs les illustres membres de la Commission des VINGT sur le nouveau découpage territorial « plus ambitieux » ! Les violences verbales que vous avez, malheureusement, essuyées lors de votre deuxième tournée à travers le territoire national,voilà d’où elles sont parties. Voilà ceux qui, impunément, en ont donné le ton et l’exemple!
Votre étonnement devant ces faits que vous avez vécus, nous étonne. En conclusion de votre RAPPORT final remis au Chef de l’Etat, vous avez reconnu que votre deuxième tournée dans le Pays a été comme si vous veniez d’ « ouvrir la boîte de Pandore », ou de« donner un coup de pied dans la fourmilière ». Comment pouviez-vous ignorer cela, puisque aussi bien,dans sa, « LETTRE OUVERTE » en date du 1.6 Octobre 2008 adressée à tous les Présidents de toutes les institutions de notre Pays, le COMITE des SAGES de la COMMUNE de SAVALOU, après avoir relaté et déploré les faits ci-dessus incriminés, écrivait et publiait exactement ce qui suit :
« N’est -il pas autorisé, aujourd’hui, par notre gouvernement, que des groupes de citoyens se rebellent contre la LOI, dès l’instant où son champ d’application ne recouvre pas, très exactement, celui de la satisfaction de leurs intérêts particuliers? En tous cas, le Président Boni Yayi vient de prendre la lourde responsabilité d’ouvrir cette dangereuse boîte de Pandore. » (Voir, entre autres, le quotidien NOKOUE, n° 01259, du Vendredi 24 Octobre 2008.)
Le 21 Novembre 2008, intervenant en dernier devant votre Délégation dirigée par votre Président ADJAHO, je vous adressais depuis SAVALOU, la supplication suivante:
« Nous vous en prions!
Aidez notre brave et dynamique Président Boni Yayi, dont nous admirons les grandes réalisations, à sortir honorablement de ce dilemme catastrophique où il risque de s’enfermer par entêtement. Aide- le à tourner définitivement cette page sombre de son quinquennat. « Se
tromper, dit -on, est humain. Mais persévérer dans l’ erreur, est diabolique. » .’
Vous avez fait la sourde oreille à cet appel patriotique des SAGES de SAVALOU, par ma voix. .
Et, après l’échec retentissant de votre deuxième tournée, vous criez que c’est à l’Etat, et non à une quelconque localité, que, revient la prérogative régalienne de créer ou de supprimer des Départements, et de déterminer les chefs- lieux de ces Départements. Pouvez-vous, sincèrement, nous donner le nom d’une seule localité qui ait manifesté, un seul instant, la folle prétention de disputer à notre Etat cette prérogative fixée par la LOI? Vous avez demandé aux citoyens de donner leurs avis sur votre PROJET de découpage « plus ambitieux » en vingt et un Départements avec, déjà, leurs chefs-lieux respectifs. Et c’est ce qu’ils ont fait, avec leurs humeurs respectives, exaspérés sans doute, par des antécédents récents, par vos allées et venues dans un dialogue de sourde.

Votre dernière tournée, reconnaissez-le, était de trop, et donc pleine de risques de débordement prévisibles. A SAVALOU, par exemple, lors de votre première tournée votre Délégation dirigée par votre Président Richard ADJAHO, n’avait elle pas été, très courtoisement, accueillie par une salle pleine à craquer où vous avez pu remarquer la présence de sa Majesté le Roi de SAVALOU et de sa Cour royale, celle de nombreux cadres intellectuels Savalois venus exprès de Cotonou et de»Porto- Novo, des Sages et des dignitaires de culte? Vous avez, sans doute gardé la liste des vingt orateurs inscrits et qui vous ont exprimé leurs points de vue. Combien de ses personnes éminentes et respectées avez -vous dénombré dans la salle à votre dernier passage à SAVALO U? Il ne fallait donc pas vous attendre à un accueil princier quand les gens savaient déjà, et de vous-mêmes, que vous n’aviez tenu aucun compte de leurs avis patriotiques et pertinents recueillis à votre premier passage. Ils avaient donc laissé à la maison les belles fleurs qu’ils voulaient vous jeter, leur profonde déception et leur amertume ayant fait le reste. La psychologie des foules existe bel et bien, n’est -ce pas?
La politique, ce n’est pas du charlatanisme, encore moins un jeu de passe-passe avec des cartes cachées sous le manche. La politique, c’est bien, plutôt, l’art et les pratiques visant à organiser et à exercer le pouvoir dans une société humaine structurée, Etat ou Nation.
De Adolphe THIERS ou d’Emile de GIRARDIN, lequel, finalement, a lancé au Monde cette belle formule frappante qui dit, si justement:
« Gouverner, c’est prévoir »?
Peu importe! Ils sont tous deux français et de la même époque des grands bouleversements politiques en France et dans toute l’Europe, le XIXè Siècle. Nous aussi, en République du BENIN, nous parlons français, notre gouvernement pareillement. Nous sommes donc faits pour parler le même langage.
Mais pour sûr, nous savons que c’est le grand J- J. ROUSSEAU qui sut écrire cette pensée fulminant de vérité:
« Ceux qui voudront traîner séparément la politique et la morale, n’entendront jamais rien à aucune des deux. »
Mesdames et Messieurs de la Commission ADJAHO pour un « Découpage territorial plus ambitieux.»! En, conclusion de votre RAPPORT de fin de mission, vous mettiez en garde contre toute modification de votre PROJET de création de vingt et un Départements territoriaux de l’Administration locale dans notre Pays, le BENIN, au risque de « déchencher des réactions de protestions en chaîne. »
Mais que dites vous? Ces réactions sont déjà déchenchées dans le Pays ,et  par les conclusions de vos travaux, à n’en point douter. C’est vous qui  avez été les auteurs de ce fait historique, dès l’instant où vous avez eu la témérité de tourner le dos à la volonté du Peuple, démocratiquement et librement exprimée aux Etats généraux et à l’Assemblée Nationale, sur cette question sensible de Découpage territorial. Dès l’instant où vous avez cautionné la volonté du chef de l’Etat de bâillonner définitivement la loi en vigueur sur cette « question qui fâche »; et lui avez proposé la création de vingt et un Départements, en lieu et place des Douze retenus et créés par ces deux représentations démocratiques, vous avez fait sauter la vanne de l’écluse des « protestations en chaîne ». N’en doutez point!
Quelle est la personne, physique ou mora1e,qui, avant Octobre 2008, a jamais ,protesté contre les propositions des Etats généraux et les Décisions de notre Assemblée Nationale à ce sujet?
Je crois fermement que chacun de nous doit, désormais, bien apprendre et assimiler la leçon que nous a magistralement enseignée à ce sujet, l’éminent juriste, MINISTRE de la Justice et de la législation Garde des Sceaux, Porte- parole du gouvernement, son Excellence Monsieur
Victor TOKPANOU, qui a officiellement déclaré devant la presse, cette lumineuse vérité:
« Il fallait commencer par mettre en application cette loi, afin de nous rendre compte de ses insuffisances » !
C’est impératif, et c’est clair pour tous les Béninois! Le gouvernement a parlé !

Fait à SAVALOU, le 07 Avril 2009
Gratien  Tonakpon
CAPO-CHI CHI
Alias Dah GBEDOGAN.

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