Le «oui » conditionnel des américains
Si les américains ont fini par lâcher du lest en acceptant la modification du Conseil d’administration du Millénium challenge account Bénin, ils n’auraient pas manqué de poser des conditions fermes à la partie béninoise, dont le non respect pourrait conduire à l’arrêt tant craint du programme.
Ils ont fini par dire «oui ». Même si au départ, ils avaient opposé un refus catégorique. Reste que ce «oui » qui doit être considéré comme une nouvelle marque de confiance que le Bénin est tenu de ne pas trahir. La modification du Conseil d’administration du Millénuim challenge account, puisque c’est de cela qu’il s’agit, est depuis peu une réalité. Il sera présidé désormais par le ministre Issa Soulé Badarou, qui succède ainsi à Nestor Dako, Directeur de cabinet du Chef de l’Etat. De plus, tous les directeurs de cabinets de certains ministères qui siégeaient jusque-là dans ce conseil, cèdent leurs places à leurs ministres respectifs. Réticente à une telle modification, tout au début, la partie américaine a fini par concéder cette mesure au gouvernement qui y a beaucoup œuvré. Le coup de grâce a été surtout favorisé par la récente visite de travail au Bénin, du Vice-Président du Millénium challenge account corporation, Darius Mans.
Ce dernier et la délégation américaine qui l’accompagnaient auraient finalement accepté de donner libre cours à l’approche du gouvernement de Boni Yayi, qui serait guidée par le souci de mieux suivre l’évolution de ce programme afin de lui assurer une réussite totale. Selon certaines sources, le Vice-président du Mcc a accédé à cette requête, également pour faire baisser le mercure qui montait déjà entre la représentation locale de son institution, la coordination nationale de Mca-Bénin et le gouvernement. Mais avec le gage que cette nouvelle donne ne devrait en aucun cas porter frein à quelque action à mener au niveau de Mca-Bénin. Sur ce point, M. Darius Mans se serait montré «très intransigeant » et aurait une fois encore martelé, que le moindre blocage non justifié, ou acte non confirme aux textes qui régissent le programme, conduiraient au retrait pur et simple des fonds et à leur rapatriement immédiat vers les Etats-Unis. Et c’est ici que se pose toute la problématique autour de cette nouvelle monture du Conseil d’administration du Mca-Bénin. Etant donné qu’ils sont à des postes éminemment politiques, la présence des ministres au sein de cet organe de prestige, ne constituera –t-elle pas un moyen de récupération politique des impressionnantes réalisations annoncées par le Mca-Bénin ?
La présence des ministres ne va-t-elle pas, par ailleurs, porter ombrage aux actions fort louables que mène le Coordonnateur national Simon Pierre Adovèlandé dont le sens du leadership donne un certain rayonnement au Mca-Bénin ? Le débat fait rage actuellement dans certains milieux. D’aucuns soupçonnent aussi les élections présidentielles de 2011 qui feraient courir le pouvoir actuel dans tous les sens, à la quête de moyens susceptibles de lui garantir une victoire sans failles.
Au demeurant, il faut craindre que les ministres appelés à participer aux prochaines sessions du Conseil d’administration de Mca-Bénin, ne jouent convenablement leur rôle, lorsqu’on sait toutes les charges qu’ils portent déjà dans leurs départements respectifs. Quant au Président de cet organe, le ministre Issa Soulé Badarou, il n’est pas exclu qu’il attribue les acquis de ce programme à ses propres exploits et en ferait l’exploitation médiatique qu’il en voudrait, consciemment ou inconsciemment.
Christian Tchanou