/food/amoussou1.jpg » hspace= »6″ alt= »B. Amoussou » title= »B. Amoussou » » />Du beau monde autour de Bruno Amoussou
Nostalgie et admiration ont caractérisé samedi dernier, le parterre d’invités venus assister au lancement du livre de Bruno Amoussou. Après Paris, « L’Afrique est mon combat » a conquis Cotonou sans grand bruit en attendant d’autres capitales africaines.
Jamais un événement littéraire n’a rassemblé autant de sommités politiques, universitaires et de la presse au Bénin. Et alors qu’on pouvait craindre que la célébration du centenaire de la Basilique de Ouidah puisse jouer contre Bruno Amoussou, il n’en fut rien. Car, l’événement était de taille et personne ne voulait se la faire conter. L’intelligentsia béninoise l’a si bien compris, qu’elle ne sait pas fait prier pour répondre à l’appel de Bruno Amoussou. Et c’est avec une ferveur religieuse que l’auditoire a suivi et bu goulûment et avec volupté les différentes interventions ponctuées de croustillantes anecdotes. Même la longueur des interventions et le retard qu’a accusé le démarrage de la cérémonie, n’a émoussé l’attention des uns et des autres. Et l’aura du professeur Détchénou, contemporain de l’auteur, a davantage incité l’assistance à vivre l’œuvre. C’est ainsi qu’à travers une présentation sommaire faite par ses soins, le professeur a conduit les invités à appréhender chaque chapitre voire chaque ligne de « l’Afrique est mon combat ». De cette présentation, on retient que le livre de Bruno Amoussou, retrace son enfance, son cursus scolaire et universitaire, l’origine de son militantisme et ses débuts en politique. « L’Afrique est mon combat » est également un pèlerinage dans le passé, plus précisément dans la période prérévolutionnaire où au Dahomey, les coups d’Etat se faisaient et se défaisaient au gré des humeurs des militaires et des jeunes cadres revenus de l’outre-mer. Le témoignage de Rigobert Ladikpo, qui révèle le bizutage de Bruno Amoussou, ou lui-même ses déboires de néo-parisien ainsi que ses prouesses de « gros mangeurs », n’ont point laissé l’assistance de marbre. Chaque anecdote de cette époque, était accueillie avec un concert de rires. Bellarmin Codo et Jérôme Carlos ne manqueront pas de souligner que l’acte de Bruno Amoussou constituait une invite à tous ceux-là qui sont de son époque et qui ont d’une manière ou d’une autre, participé à la gestion de l’Etat de laisser à la postérité leur témoignage. Toute chose que Bruno Amoussou, « l’écrivain qui s’était trompé de métier » selon Rigobert Ladikpo, va réitérer. L’ancien président de l’Assemblée nationale, qui reconnaît qu’il n’a pas encore tout livré, avec son humour légendaire, a de manière subtile interpelé ses « amis » à lui emboîter le pas. Dans le même temps, il pose la problématique de l’archivage. Ce qui, dans une certaine mesure constitue un dénie d’un pan de l’histoire de notre pays.
Ce sera également le lieu pour l’ancien ministre d’Etat de Mathieu Kérékou d’évoquer une nouvelle fois, l’impérieuse nécessité d’acquérir une certaine expérience en matière politique avant de prétendre exercer le pouvoir d’Etat. Or, déplore-til, en Afrique, c’est le contraire qui est de règle. A travers cette œuvre mi-autobiographie mi-mémoire, qui suscite tant d’intérêt de la part des Béninois, il est révélateur du manque d’écrits sur l’histoire contemporaine de notre pays. Les témoignages et impressions de certaines personnalités et hommes de culture tels que Nicéphore Dieudonné Soglo, le ministre d’Etat Kogui N’douro, Pierre Osho ancien ministre, Célestine Zanou, le député Arifari Bako, Basile Ahossi, Guy Ossito Midiohouan, et bien d’autres convergent tous vers un même point : le livre de Bruno Amoussou est une mine d’informations aussi bien pour les anciennes générations que les nouvelles.
Benoît Mètonou
Présentation sommaire du livre par le prof Robert Détchénou
Trois grandes étapes
le partie Chapitre: 1-2-3-4
– La vie quotidienne d’un fils de catéchiste et d’exploitant agricole
c- – L’ambiance d’une époque (évocation de l’effort de guerre)
– A l’école
– Victor Ballot, récit d’une épopée .
2è partie Chapitre: 5-6 Les études supérieures et le militantisme syndical estudiantin.
– Les classes préparatoires du lycée Chaptal
– L’entrée à l’Institut national agronomique de Paris
– Le militant syndical qui a pris une part active aux activités de la FEANF. Il a vécu au plus profond la confrontation idéologique qui fut celle de notre génération tiraillée entre l’idéologie marxiste de la FEANF et l’option chrétienne où s’étaient engagés la plupart des étudiants dahoméens.
3è partie Chapitre: 7-8-9-10 Le retour au pays du jeune ingénieur agronome et du génie rural.
1- Les premiers pas dans l’administration.
– D’abord des difficultés pour se faire recruter avec un diplôme inconnu des services administratifs; génie rural inconnu, ou l’orientation vers les militaires qui ont un «génie » militaire. Finalement recruté et classé dans la grille du décret Il O/PCM de célèbre mémoire. (11 aura fallu 4 ans aux jeunes professeurs que nous étions pour avoir droit à un cadre de professeurs certifiés). Le jeune ingénieur dut tout créer pour un service du génie rural.
– L’exercice du métier conduit droit à la politique, en raison des multiples relations liées à ce métier.
2-L’entrée en politique
L’époque était féconde en soubresauts politiques: – Régime PDD né de l’effondrement du PDU
– Coup d’Etat du général Soglo en décembre 1965
– Coup d’Etat des Jeunes cadres de l’armée contre la vieille garde militai/e le 17 décembre 1967
– Election non validée du Docteur Adjou
– Nomination du Docteur Zinsou en juin 1968
– Kidnapping du Docteur Zinsou le 10 décembre 1969 – Installation du Directoire dissous le 30 avril 1970 – Installation du Conseil présidentiel
– Coup d’Etat du 26 octobre 1972 avec proclamation d’un régime révolutionnaire.
Le témoignage de ce livre s’arrête ici. Pourquoi? L’auteur vous le dira. Une complicité.
– Permettez-moi de violer la règle de l’objectivité qui devrait être la conduite
du présentateur que je suis pour me faire un peu comme un confident (dans le théâtre classique, un confident c’est-à-dire un double de héros). Oui pour témoigner moi aussi, en quelques minutes. Car, toute cette époque décrite dans ce livre, tous ces événements qui ont eu pour théâtre le Dahomey, je les ai vécus aussi avec la même intensité.
– Le travail forcé avec son lot de barbarie et d’injustice. – Le désespoir des conscrits.
– L’épopée ballotine
– Il n’y a aucun événement politique marquant de la période concernée dont je ne puisse signer l’authenticité.
– Cette époque fut celle des septuagénaires d’aujourd’hui.
– Merci à Bruno de nous avoir rafraichi la mémoire.
11- L’originalité du livre
Deuxième partie
C’est à la demande de ses enfants que Bruno Amoussou a entrepris d’écrire ce livre. Ceux-ci voulaient savoir ce qu’a été la vie de leur grand-père, mais aussi celle de leur père. Mais ceux qui s’attendent à trouver dans ce livre le récit d’une vie, si du moins la vie signifie la totalité de la vie, seront bien déçus. Car si ce livre se veut une autobiographie, c’est une autobiographie d’un genre particulier.
Il ne s’inscrit pas dans la tradition des Essais de Montaigne, œuvre autobiographique où d’entrée de jeu, l’auteur affirme «Je suis moi-même la matière de mon livre ». Montaigne parlera de lui, de ses idées sur la vie, sur la mort, sur l’éducation. Mais en parlant de lui, Montaigne ajoute «Chaque homme porte en soi une forme entière de l’humaine condition ». En parlant de lui, Montaigne parle de l’homme. L’œuvre de Bruno Amoussou ne s’inspire pas des Essais.
Les Confessions de Saint- Augustin sont une œuvre d’édification religieuse. Il s’agit d’abord de se confesser à Dieu. «Cette confession, je vous la fais, non avec des mots et des accents charnels, mais avec les mots de l’âme et le cri de la pensée qui connaît votre oreille ». C’est ensuite une confession aux hommes afm de les aider à entendre à leur tour cette parole de Dieu. « L’aveu de mes péchés de jadis, que vous avez remis et couverts, pour me donner le bonheur en vous, changeant mon âme par votre foi et votre sacrement, relève le cœur de ceux qui le lisent et l’entendent; il les sauve du sommeil du désespoir, les éveille à l’amour de votre miséricorde, à la douceur de votre grâce, par quoi le faible devient fort et prend conscience de sa faiblesse»
Enfin un troisième sens de ce livre est qu’il s’agit de confesser la grandeur de Dieu. Les Confessions de Saint-Augustin sont une louange à Dieu.
Une toute autre intention anime Rousseau. Il écrit ses Confessions pour se justifier, parce que trop souvent calomnié; il veut «qu’une fois on pût voir un homme tel qu’il est ». Il cherche à établir la vérité sur lui face aux médisances. Les Confessions de Rousseau sont une explication, un acte d’accusation de ceux
fi qui le calomnient; c’est aussi une apologie.
: A l’évidence donc, le livre d’Amoussou Bruno ne se situe dans les genres : littéraires que nous venons d’examiner. Pas un traître mot de sa vie affective, de
sa vie familiale. Mais ce livre est une autobiographie dans un sens précis. Il veut r» « reconstituer quelques événements dont j’ai été témoin et parfois l’un des protagonistes ». Il écrit donc pour témoigner. Il s’inscrit dans la lignée des chroniqueurs, des mémorialistes. Citant Maurice Druon, il dit« Le témoignage
est l’acte fmal de notre mission, sa perfection au sens premier du terme ». Est parfait, non pas ce qui est beau, agréable mais ce qui est achevé, accompli. Le temps que nous appelons le parfait, en grec comme en latin, et que nous traduisons improprement par le passé simple. Oui, le parfait désigne l’aspect de l’action achevée. Perfection= qui est achevé, accompli. Un verbe est au parfait pour dire que l’action qu’il exprime s’est totalement achevée.
C’est lorsque le potier a mis la dernière main à l’objet qu’il fabrique, lorsqu’il l’a achevé, lui a donné sa forme défmitive, qu’il le rend parfait, achevé et donc beau.
Cet ouvrage se veut donc un témoignage parce que «acte final» par lequel l’auteur rend compte du combat de sa vie.
111- Brève remarque sur .la .langue
Bruno Amoussou a toujours regretté de n’avoir pas appris le latin qui lui aurait permis « d’améliorer mes performances littéraires ». Mais la langue de ce livre, s’il n’est pas celui d’un latiniste n’a rien à envier au latiniste le plus averti. Le français, même issu du latin, reste le français. Heureuse méconnaissance du latin qui nous vaut un livre simple de lecture, exempt de tout pédantisme; langue claire d’un ingénieur de la vieille école qui nous a enseigné ce que parler
français veut dire.