Nago bloque le dossier
(les 15 députés signataires furieux)
15 députés, pas des moindres, ont interpellé le chef de l’Etat sur les propos scandaleux de l’actuel ministre des Transports, Nicaise Fagnon. Renouant avec ses vieilles habitudes, le président de l’Assemblée nationale, Mathurin Nago, a bloqué ce dossier qui devrait être étudié en procédure d’urgence, en toute violation des textes de la République. Il confirme ainsi les menaces sur la démocratie et les reproches que l’opposition fait à son encontre.
La position du professeur Mathurin Nago à l’Assemblée nationale est-elle une menace pour la démocratie béninoise acquise par des luttes ? A voir ce qui se passe aujourd’hui au palais des gouverneurs à Porto-Novo, on est tenté de répondre à cette interrogation par l’affirmative. Le chef de la deuxième institution du pays, à analyser de près ses manœuvres politiciennes mal mûries, est pratiquement le 31e ministre du gouvernement du président Boni Yayi. Il foule ainsi au pied les prérogatives et valeurs constitutionnelles dues à un président d’Assemblée nationale. Malgré tous les reproches à lui faits pour le mettre sur les rails, Nago n’a pas changé. Le comble est qu’il persiste chaque jour que Dieu fait dans des erreurs politiques jamais vues dans ce pays. Pour lui, un dossier qui n’est pas du goût du chef de l’Etat qui l’a placé à ce poste, ne passe pas. C’est de cette manière qu’il voit le rôle du président de la représentation nationale. Ce qui touche les députés et surtout le peuple béninois dans sa grande majorité est le blocage de l’interpellation du chef de l’Etat suite aux propos régionalistes, anti-démocratiques et claniques du ministre des Travaux publics et des travaux publics, Nicaise Fagnon dans les Collines, le 02 mai dernier à Dassa: alors qu’un mouvement de jeunes ainsi qu’un certain nombre de partis politiques et personnalités dont l’ancien ministre Soulé Dankoro clôturaient un meeting classique d’appel à la candidature de Bio Tchané, ce membre du gouvernement actuel et sa troupe ont proféré des menaces graves à l’encontre des partisans de l’actuel président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad). Ils sont même allés plus loin en interdisant toute manifestation des adversaires du pouvoir en place. Ces propos de Nicaise Fagnon constituent une grave menace à l’unité nationale et une prime à l’ethnocentrisme et à la haine tribale.
Les attitudes de Nicaise Fagnon n’étonnent pas les populations dans la mesure où le gouvernement s’était illustré dans des manœuvres contre la démocratie sur le terrain. La prise d’arrêtés préfectoraux d’interdiction de réunions publiques dans l’Atacora-Donga, le refus illégal d’installation des conseils communaux sont autant d’actes attentatoires à la démocratie au Bénin par le régime du changement. Le législateur béninois, soucieux de la paix, a prévu des mesures contre ces genres de dérives. Est-ce que les déclarations du ministre Fagnon ne sont pas déjà assez graves pour que le chef de l’Etat soit interpellé par la représentation nationale ? Oui. Le président de l’Assemblée nationale devrait aller au plus pressé pour vider ce dossier, surtout que la loi prévoit qu’il soit étudié en procédure d’urgence.
Panique
L’interpellation du chef de l’Etat est une piste dangereuse pour le régime. Elle peut aboutir à la mise en accusation et à la destitution du président de la République, surtout qu’il s’agit ici des menaces sur la paix et l’unité nationale.
Il faut une majorité des deux tiers pour y arriver. A voir le climat politique actuel du pays où il y a beaucoup de mécontents au sein de la majorité présidentielle, l’irréparable pourrait arriver aux Yayistes. Ainsi, le président Boni Yayi serait le premier à être traduit devant la Haute de Cour de justice, si les faits ne lui donnaient pas raison. Tel que le dossier évolue est la preuve que le régime Yayi se reproche quelque chose. Donc, Nicaise Fagnon était certainement en mission. Ce n’est pas étonnant qu’aucune mesure n’est prise contre lui jusqu’aujourd’hui. Alors, le changement rime avec les menaces qui annoncent des jours sombres pour la démocratie au Bénin.
Jules Yaovi Maoussi