La dernière ligne droite

N’en déplaise à Karl MARX, un fait historique ne se répète pas toujours dans la bouffonnerie quand bien même il laisse un goût amer de tragédie la première fois qu’il se passe.

Votre chroniqueur a un péché mignon, une idée fixe, une obsession même : il ne peut s’empêcher de comparer les régimes des trois Présidents de la République du Renouveau démocratique ; ce qui a le don d’irriter au plus haut point Nicéphore SOGLO, cet aristocrate qui ne supporte aucune comparaison avec le « paysan de Tchaourou » ou le « petit Somba de Kouarfa ». Ecce homo ! Et pourtant, nous ne nous lasserons jamais dans notre compulsion à comparer ces trois grands acteurs de notre vie politique.
On a cru longtemps que le Président Boni YAYI n’est inspiré que par le révolutionnaire Mathieu KEREKOU dont il avait commencé, il est vrai, à copier certaines trouvailles originales, comme ce curieux service civique d’intérêt national, ce salut hebdomadaire au drapeau national, etc.. Erreur ! En vérité, l’actuel locataire du Palais de la Marina n’a les yeux rivés que sur les faits d’armes de « l’homme de la situation » dont il fait décortiquer à souhait toutes les complexités de la gouvernance politique. Et parmi ses conseillers spéciaux, il y a mon vieil ami et collègue, le Professeur Amos ELEGBE, en charge des questions stratégiques et politiques. Beaucoup ne se souviennent plus du rôle éminent qu’il avait joué dans la constitution autour du Président Nicéphore SOGLO, de ce grand rassemblement de tous ceux qui soutenaient le premier Président de la République de l’ère du Renouveau démocratique. Le Groupe de Concertation Politique (GCP), ça vous dit quelque chose encore? Amos ELEGBE avait été la cheville ouvrière de sa création et en était le secrétaire exécutif, avec comme adjoint, excusez du peu, le fils unique à ma mère ! Or, le GCP aura une existence éphémère, torpillé dès sa création par ce que l’Histoire retiendra sous le nom du « Clan des Aboméens », qui finira lui-même par être décapité par la RB suite à l’Appel de GOHO : une victoire de la famille sur le clan. Et nous connaissons la suite. 
Oh non ! Il n’est pas question de recommencer les mêmes erreurs qui ont conduit à la chute du Président Nicéphore SOGLO ! Il ne saurait être question de laisser les FCBE se transformer en un clan aussi sectaire qu’inefficace. Il faut recentrer le débat politique, le faire sortir de l’Hémicycle pour l’introduire au sein du peuple de la mouvance présidentielle via tous les mouvements et partis politiques. Atmosphère ! Atmosphère !  Et vive l’Union de la Majorité Présidentielle Plurielle que le Président Boni YAYI lui-même, malgré quelques circonlocutions de circonstance, a parrainé de bout en bout. L’UMPP sera cette redoutable machine de guerre que tous ceux qui entendaient quelque chose en stratégies politiques, dont notamment MM. Robert DOSSOU et surtout Roger AHOYO, adjuraient NDS d’encourager la création ; au lieu de laisser le champ libre à la seule RB, cette épicerie familiale facile à destabiliser face à des gens aussi trempés politiquement qu’Albert TEVOEDJRE et Bruno AMOUSSOU. 
 Donc par ce paradoxe dont seule l’Histoire a le secret, c’est l’homme le plus acharné contre le régime du Président Boni YAYI qui lui  fournit maintenant, certes par conseillers spéciaux interposés, tous les ingrédients nécessaires à sa réélection. Tant et si bien que la plupart des chancelleries occidentales la jugent déjà plus que probable. En effet, les solutions alternatives, Adrien HOUNGBEDJI et surtout Abdoulaye BIO TCHANE, apparaissent comme de pétards mouillés devant la force de frappe de la machinerie présidentielle. Et tels que je connais mes compatriotes qui ont l’intelligence de se tourner automatiquement vers ce qui réussit, il n’y aura pas de semaine où on n’assistera pas à la naissance d’un mouvement ou rassemblement candidat à l’entrée au sein de l’UMPP.

Il reste cependant deux surprises à ne pas sous-estimer. L’une nous est donnée à voir par une femme remarquable. Le Bénin est un pays qui étonne le monde entier ; il peut très bien renvoyer dos à dos toute la gent masculine et porter à la magistrature suprême une femme ! L’autre surprise est l’effet OBAMA. L’un ou l’autre des deux jeunes hommes politiques des G et F peut bien se détacher du peloton à la dernière ligne droite.  
En dehors de ces scénarios, il n’y a rien de vraiment nouveau à attendre pour 2011. Ce sera plutôt en 2016 que les choses vont se corser, et que Dieu daigne bien nous maintenir en vie jusqu’à cette échéance !

D. Amoussou-Yéyé

Laisser un commentaire