Réflexion sur un sujet d'examen
Nous nous faisons le devoir de publier cette épreuve de français proposée aux candidats à un examen blanc organisé par la Direction Départementale de l’Enseignement de l’Atlantique. (voir encadré)
L’épreuve s’intitule « Communication écrite ». Il semble bien que c’est l’exercice qui a remplacé notre vieille rédaction ou composition française. Il va sans dire que pour tous ceux qui ont été formés à l’école de Mamadou et Binéta, à l’école de Souché, ce type d’exercice est totalement inconnu. Dans la nouvelle pédagogie des Nouveaux Programmes, (où on ne parle d’ailleurs pas de programmes, mais d’objectifs et de compétences), on privilégie le terme de communication, terme venant de la nouvelle science du langage nommée Linguistique.
L’enseignement du français a été envahi par la Linguistique, plus particulièrement l’enseignement de la grammaire. Dans la vieille école, l’enseignement de la grammaire reposait sur deux piliers: la morphologie et la syntaxe. Nous apprenions alors à nos élèves (aujourd’hui les cuistres de la pédagogie disent les apprenants), nous leur apprenions, en morphologie, la formation des mots en français, les genres, le nombre, et en syntaxe, la structure de la phrase, les constituants de la phrase, la valeur des temps et des modes, la concordance des temps, etc. Tout cela est jeté aux antiquaires. Aujourd’hui, on communique, parce que la Linguistique dit que tout langage humain a pour raison le besoin de communiquer et que l’acte de la communication est conditionné par différents facteurs répondant au schéma suivant :
Message – Emetteur – Canal
Récepteur – Message.
Cette communication est de l’ordre de l’oralité. Elle est la même pour les animaux que pour les hommes. C’est à cause de cette nouvelle trouvaille de la Linguistique que tout devient communication, que le bon usage du français, la grammaire normative, est abandonné et que les cuistres incompétents ont introduit nos élèves dans le labyrinthe de la Linguistique sans fil d’Ariane. L’enseignement systématique de la grammaire normative est abandonné au profit d’une « grammaire occasionnelle ». Que les résultats de l’enseignement soient ce que déplore le texte incriminé, cela est évident.
Revenons donc à notre exercice. Il s’intitule « Communication écrite ». En rigueur de terme, il n’est pas exact de parler d’une communication écrite. Certes, l’expression se retrouve dans le jargon administratif. Dans ce cas, « les Communications écrites » du gouvernement sont des rapports écrits sur tel ou tel problème soumis à l’examen du Conseil des Ministres. L’usage a consacré dans ce sens, l’expression « Communication écrite ». Pour ce qui nous concerne ici, il faut le dire, l’usage du mot « Communication » est plutôt une impropriété. Car la communication est orale, et il faut la distinguer de « l’expression » qui est écrite. On distinguera donc le phénomène de la communication, qui est orale – récitation, lecture, avec leur gestuelle, leur mimique, leur intonation, et qui met l’élève en situation de communication, – et le phénomène de l’expression écrite où l’élève apprend à construire une phrase. Le problème de la recherche d’une situation de communication ne se pose pas lors d’une rédaction, d’un exposé. Ici, l’élève doit seulement exprimer avec exactitude sa pensée,
– et une pensée ne vient au jour que lorsqu’on l’exprime-.
Bref, en rigueur de terme, une communication écrite est une impropriété.
Je vous fais grâce du nouveau jargon pédagogique « Situation d’évaluation ». Tout, dans la nouvelle pédagogie est « Situation ». Venons en donc à l’exercice proposé. On avouera que le texte est d’un niveau de compréhension élevé et peu accessible à des élèves peu cultivés, et peu avertis du vocabulaire de la Linguistique. Les « Consignes » qui accompagnent ce texte relèvent de la critique et supposent des élèves rompus à l’esprit critique. C’est à des élèves qu’on reconnaît faibles en français, ainsi que l’affirme le texte: « mais le spectacle malheureux auquel nous assistons est que, certaines langues (pour ne pas désigner directement le français), malgré leur caractère officiel, subissent de la part des populations (lesquelles ?), notamment en milieu scolaire une maltraitance énorme » – (c’est nous qui soulignons le mot maltraitance affublé de l’épithète énorme, en nous demandant si l’usage fait ici de ce mot est vraiment le bon usage), c’est donc à des élèves qui ont beaucoup de lacunes en français, qui le parlent et l’écrivent mal qu’on pose des questions qui relèvent de la critique. Et nous touchons ici du doigt l’une des grandes lacunes de la pédagogie des Nouveaux Programmes.
Car cette pédagogie repose sur six recettes qui, assemblées, constituent « six recettes pour crétiniser les masses ». La recette en question ici est celle de « ne rien apprendre ». La nouvelle pédagogie dit qu’il ne faut rien apprendre aux élèves – (pardon aux apprenants).
Voici là-dessus quelques propos d’enseignants: « Les enfants n’ont pas besoin d’apprendre quoique ce soit à l’école primaire ». Une inspectrice renchérit: « Il s’agit moins désormais pour le maître d’apprendre, uniquement aux enfants, de gré ou de force, la technique des opérations que « de donner aux élèves une formation mathématique véritable qui leur permette d’une manière adaptée à leur âge, à partir de l’observation et de l’analyse de situations (encore situation)’ qui leur sont familières, de dégager des concepts mathématiques ». Oui l’enfant découvrira seul l’addition, la multiplication, la division. Ce que dit la nouvelle pédagogie, c’est qu’il ne faut imposer aucune connaissance à l’élève, mais lui proposer une méthode de recherche par laquelle l’élève lui-même construira ses connaissances. Au nom de quoi on rejette l’enseignement systématique de la grammaire pour se contenter d’une « grammaire occasionnelle », au gré des fautes commises par les élèves, que le professeur corrige ou pas. Ecoutez cet aveu d’un professeur de la nouvelle pédagogie. A la question qui lui est posée de savoir s’il corrige les fautes, ou s’il les laisse passer, il répond (c’est authentique) : « Oui, je corrige, si on veut. Je corrige et je ne corrige pas. Je n’ai pas le droit de faire sentir à l’élève qu’il a fait une faute, car ce serait le mettre en situation d’échec. (Lisez bien situation d’échec).
Ainsi à l’élève qui n’a rien appris, on prétend enseigner une méthode de recherche, une méthode de recherche à laquelle on n’initie les étudiants qu’au troisième cycle de l’enseignement supérieur. Ainsi de l’élève dont le bagage intellectuel est bien pauvre, on veut faire un critique. Voilà où nous conduit la nouvelle pédagogie des Nouveaux Programmes.Les candidats à cet examen sont invités à réfléchir sur la baisse du niveau scolaire, alors qu’on ne leur a pas enseigné les connaissances qui leur permettraient de bien parler et de bien écrire.
Mais essayons de nous substituer aux candidats pour répondre aux consignes.
l-Le constat
Oui la baisse du niveau en français est évidente. Car les élèves, de la classe de 6è à la Terminale, sont de plus en plus incapables de rédiger une phrase, d’exprimer une idée claire, de comprendre un texte simple (comme l’énoncé de cette épreuve). Les incorrections sont devenues monnaie courante, de même que les impropriétés et les déficiences lexicales. On est excédé par le nombre de fautes que font les élèves. On ne compte plus aujourd’hui les constructions verbales estropiées, les confusions de mots et surtout des non sens; aucune idée sur la valeur des temps et des modes, et la concordance des temps est une notion inconnue des élèves. C’est l’amer constat que peut faire tout observateur objectif du niveau scolaire des élèves.
2- les causes de la baisse
La baisse du niveau est le résultat de la nouvelle pédagogie initiée par les Nouveaux Programmes, qui, en proclamant la fin de l’acquisition des connaissances, en affirmant qu’il ne faut « rien apprendre » aux élèves, a institué le « tâtonnement expérimental» qui exclut toute acquisition de savoir imposée aux élèves. On ne parlera jamais assez de la formation de certains professeurs, formés à la Linguistique, et qui devenus professeurs de français,ignorent tout de l’enseignement grammatical, de l’enseignement littéraire, de l’enseignement du français. Quand, à la formation très lacunaire des professeurs vient s’ajouter la cuistrerie de pédagogues amateurs, on ne peut aboutir qu’aux résultats que tout le monde déplore.
3-0ui, on commet une grave erreur en négligeant le français. Car, c’est en maîtrisant la langue qu’on réussit à dire, avec des mots, ses sensations, ses imaginations, ses désirs, ses volontés et par là les faire exister. Et puis l’enseignement littéraire est une propédeutique à la vie et c’est pourquoi il présente un intérêt humain irremplaçable. La littérature permet de révéler aux adolescents les dimensions de l’homme, sa richesse, les innombrables nuances de ses sentiments et de ses idées. L’enseignement littéraire vise à développer la personnalité de l’élève, l’affirme et l’affine. L’enseignement littéraire veut donner une culture, pas une culture au rabais. C’est en cela qu’il s’identifie à l’humanisme qui est un développement de l’homme, et l’humanisme, hier comme aujourd’hui,’ est ouverture à toute forme de science, d’art, de technique et de pensée.
Oui, il est grave, très grave de négliger le français, car « ne rien apprendre », véhicule une culture de pacotille.
Par Antoine R. Détchenou
Examen Blanc départemental
Epreuve : Communication Ecrite
Durée :2 h
SITUATION D’EVALUATION
La langue est le principal véhicule de communication entre les hommes. Elle exige pour son expressivité, beaucoup de critères que ses locuteurs doivent respecter, Mais le spectacle malheureux auquel nous assistons est que, certaines langues malgré leur caractère officiel, subissent de la part des populations notamment en milieu scolaire une maltraitance énorme. L’essentiel pour ces locuteurs est de se faire comprendre ;la syntaxe ne préoccupe plus.
Tu constates que le français – langue officielle de ton pays – n’est plus parlé comme il le faut et que sa maîtrise ne préoccupe même plus les élèves,
Tu es invité (e) à produire un texte argumentatif qui montre l’importance de la maîtrise de la langue officielle de ton pays.
Consignes
1- ‘Tu fais le constat de la baisse des niveaux en français
2 – Tu énumères les causes de cette baisse
3- Tu montres la grave erreur que commettent tes camarades en négligeant le français.
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