Marche contre le gouvernement

Les grands enseignements de la gigantesque mobilisation de l’opposition

Gigantesque était la mobilisation de l’opposition contre le silence assourdissant du gouvernement face aux revendications des agents de santé. Elle est pleine de sens. Main dans la main, Me Adrien du Parti du renouveau démocratique (Prd), Bruno Amoussou du Parti social-démocrate (Psd), Séfou Fagbohoun du Mouvement africain pour la démocratie et le progrès (Madep), Léhady Soglo de la Renaissance du Bénin (Rb), Lazare Sèhouéto du force-clé et les ténors du G13 tels que Sacca Fikara, Wallis Zoumarou, Issa Salifou ont marché contre le gouvernement.

La quasi-totalité des députés de l’Union fait la Nation (Un) étaient également sur les lieux. Ce parterre de personnalités politiques démontre à n’en point douter la détermination commune de ces grosses cylindrées de la politique béninoise à opérer une véritable alternance au sommet de l’Etat en 2011. C’est une première fois que les Béninois ont vu une telle manifestation après la conférence nationale de février 1990. C’est dire que malgré toutes les tentatives de déstabilisation du pouvoir en place, la classe politique béninoise a gardé son unité pour mettre en déroute le gouvernement. Les G et F confortent leur base pour aller plus loin. En dehors de la symbiose qui les caractérise, il n’est pas exagéré d’affirmer que l’opposition au Bénin a décidé de changer de stratégie pour venir à bout du pouvoir en place. Accusée par le peuple de vouloir limiter l’animation de la vie politique aux conférences de presse et débats à l’Assemblée nationale, elle a su aujourd’hui qu’il faut marquer à la culotte les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) et leur chef qui ne ratent aucune occasion pour occuper le terrain politique. C’est dire que désormais Houngbédji, Amoussou, Soglo, Fagbohoun et les caciques du G13 ont opté pour le tac au tac, surtout que les élections de 2011 s’approchent. Ainsi, les jours à venir seront mouvementés, car le camp présidentiel ripostera certainement. Ensuite, la nouvelle stratégie permettra de mettre une pression permanente sur le gouvernement. Désormais, l’improvisation, l’impréparation, le cafouillage, les fausses promesses au peuple, la non-satisfaction des revendications des travailleurs et autres dérives érigées en système de direction depuis 2006 seront corrigés.

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Pour preuve, il a fallu l’annonce de la marche de l’opposition pour que le chef de l’Etat décide de payer les primes et indemnités que réclamaient les agents de santé depuis des mois. Cela veut dire que les ressources financières existaient et l’Etat faisait croire l’opinion publique qu’il n’y avait pas les moyens pour les satisfaire. Cette marche de l’opposition est rentrée dans les annales de l’histoire politique de ce pays. C’est le signe que les prochaines élections seront rudes.

Jules Yaovi Maoussi

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