«Lorsqu’il y a des projets, il faut les exécuter équitablement du nord au centre et au sud»
Aujourd’hui, votre rubrique reçoit M. Nestor Hossou, député lors des 3ème et 4ème législatures. S’il ne siège pas pour le copte de l’actuelle mandature, c’est parce qu’il est le suppléant de Bruno Amoussou. Vous devinez donc qu’il est membre du Parti social démocrate. Agé de 61 ans, cet instituteur à la retraite porte son avis sur l’éducation, l’Assemblée nationale et quelques autres sujets de l’actualité.
En votre qualité d’ancien député, comment appréciez-vous l’actuelle mandature.
Nestor Hossou : L’Assemblée est une institution hautement politique. Et il faut s’attendre à beaucoup de choses. J’ai fait la troisième législature et la quatrième législature. Et par rapport à l’actuelle mandature, il y a une grande différence en ce sens que, les députés n’étaient pas aussi maniables que ce qu’on voit aujourd’hui. Evidemment, on annonce souvent que les députés, sont débauchés ça et là. A la troisième et à la quatrième législature, il y avait plus de sérieux. C’est vrai qu’on tentait certains députés avec de l’argent, mais ils résistaient. On peut toutefois en compter quelques rares cas. Mais, c’est mieux ce que nous vivons actuellement. Il faut faire remarquer d’abord que c’est à partir de l’élection du bureau de l’Assemblée nationale que la donne a été faussée. Dans un pays démocratique, le citoyen est libre de faire ce qu’il pense, mais en respectant les textes en vigueur. Lors de l’élection du bureau de l’Assemblée nationale, il y a eu beaucoup de dérapage. Les gens ont été forcés à voter pour quelqu’un dont ils ne voulaient pas. Tout cela en violation des principes démocratiques et de la constitution de notre pays. Les résultats sont aujourd’hui là. Les gens ont pensé qu’en changeant le nom Dahomey en Bénin, la mentalité des populations changerait aussi. Mais, cet esprit est bien resté et se retourne contre eux.
Comment expliquez-vous les blocages et autres dysfonctionnements qu’on constate ?
C’est ce que nous disons. Quand on veut tout contrôler et dicter aux députés ce qu’ils doivent faire comme s’ils étaient des enfants, c’est ce à quoi on assiste. Il faut que les députés puissent travailler selon leur conscience. Maintenant, quand il y a des blocages, il revient au premier responsable de l’institution d’agir en direction de ses collègues pour que la paix règne. Mais, s’il doit privilégier son bord politique aux dépends des autres, je crois qu’il n’y a pas d’autre solution.
Mais, ne pensez-vous que c’est parce que l’intérêt individuel prime sur le collectif que les choses piétinent à l’Assemblée ?
En notre temps ce n’était pas possible. Au-delà de tout, nous savions qu’il fallait aller à l’essentiel sans occulter l’intérêt de nos mandants.
L’honorable Gbadamassi dit aussi avoir rejoint la mouvance, sur injonctions de sa base. Vous y croyez-vous ?
Nous ne pouvons rien dire maintenant. ? S’il a suivi la volonté de sa base, tant mieux. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que cette base dont il parle est là. Lui aussi est là. Il y aura des élections, on verra bien si c’est la volonté de sa base oui non.
Les trois ans de pouvoir du Dr Boni Yayi continue d’être célébrés. Trouvez-vous aussi des motifs de satisfaction ?
Si nous prenons tout simplement le volet politique, on note que c’est un fiasco total. Comment comprendre que les forces politiques qui sont aujourd’hui de l’opposition et qui ont porté Yayi Boni au pouvoir en 2006, plus particulièrement le Psd, le Madep, la Rb et les autres, soient aujourd’hui en désaccord avec lui ? La réponse n’est pas ailleurs. C’est la méthode de gestion de Yayi qui en est la cause. C’est le non respect de la constitution du pays. C’est ça qui a été la base de tout ce qui se passe aujourd’hui. Autrement dit, les forces qui l’ont porté au pouvoir seront encore avec lui. Ce non respect de la constitution ne permet pas de gérer le pays. Tenez au départ, les syndicalistes n’ont pas réagi pendant un bon moment. Mais avec le temps, les mouvements ont repris. Cela veut dire qu’on ne fait pas boire à un béninois ce qu’il ne souhaite pas. C’est ce qui se passe avec le président Yayi Boni. On se dit parfois que c’est le fait qu’il n’ait pas vécu les expériences politiques de notre pays. Pour diriger un pays, il faut avoir un esprit ouvert.
Sur le plan social, quel bilan faites vous de la gestion du président Boni Yayi ?
Les gens crient à la télé à la radio, Yayi Boni est le messie qu’on nous a envoyé, c’est lui qui fait tout. Si vous rencontrer le président Kérékou, il vous dira que la plupart des projets qu’on exécute, ont été préparés en son temps. Maintenant, il faut se demander aussi comment ces projets sont –ils réalisés. Surtout pas de manière équitable. Les actuels dirigeants oublient que les ressources du Bénin, sont pour tous les Béninois et non un groupe. Il faut voir comment on fait les répartitions des infrastructures dans le pays. Si nous prenons par exemple la construction des marchés, allez-voir, comparez du nord au sud, pour voir s’il y a un équilibre, c’est surtout çà. Lorsqu’il y a quelque chose à réaliser, il faut le faire du nord au sud et au centre.
On voit quand même la construction à Cotonou de passages supérieurs, d’échangeurs, des tracteurs sont distribués un peu partout pour le décollage de l’agriculture. Ne pensez-vous pas que c’est de très bonnes avancées ?
Je n’en disconviens pas. Mais retenez que la plupart de ces projets n’ont pas le jour sous l’actuel régime. Et de quelle façon lEe gère-t-on ? L’espoir placé en l’actuel président s’est estompé comme un feu de paille.
Mais, les femmes bénéficient de 30000 francs pour leur commerce !
Est-ce que les 30000 francs se donnent gratuitement ou avec intérêt ? Dans quel pays il n’y a pas de banques qui font de prêt aux citoyens ?
C’est partout qu’il y a cette disponibilité. Pour les prêts, on voit d’abord ton étiquette Fcbe. Si vous êtes militantes de la Rb ou d’un autre bord politique, vous aurez toutes les peines du monde pour en bénéficier. C’est ce qui se passe en réalité. Nous avons les preuves de ce que nous disons.
Abordons à présent votre domaine de prédilection : l’éducation. Que pensez-vous de la gratuité de l’enseignement?
NH : On a commencé par parler de la gratuité de l’éducation avant que je ne sois admis à la retraite. Ce n’est donc pas une nouveauté. Et sous Kérékou, le processus était déjà engagé.
Les nouveaux programmes d’études, cela éveille quoi en vous ?
Les nouveaux programmes tuent le pays.
Les nouveaux programmes tuent le pays. Cela tue les enfants. Avant, toute personne qui se réclame intellectuel est évalué par l’écriture. Si vous écrivez avec des fautes ou si parlez mal votre langue de travail, on vous dit tout simplement que vous êtes un cadre au rabais. Les programmes actuels ne forment pas des étudiants qui pourront se valoriser à l’extérieur. J’apprécie négativement les nouveaux programmes. Si c’est programmes continuent nous manqueront de cadres valables.
Comment se porte aujourd’hui le Psd dans le Mono Couffo avec la défection d’un certain nombre de ses cadres qui sont avec le régime actuel ?
Quand vous donnez à manger à des gens qui se retournent contre vous après, il faut savoir que la nature se charge de les éduquer, de les corriger. La preuve, ceux qui sont avec le régime dit du changement, ont-ils pu obtenir des sièges d’élus ? Vous ne pouvez pas giflez quelqu’un et lui dire de venir travailler avec vous. Le Psd se porte plus que jamais bien. Car, les populations ne sont pas dupes. Elles savent qui est avec elles pendant leurs moments de détresse et de joie. Il faut être sur le terrain pour comprendre ce que nous disons. Les militants du Psd sont totalement aguerris et attendent seulement les échéances électorales à venir pour démontrer qu’ils ne sont aucunement démobilisés.
Nous savons cependant, que beaucoup de travail doit être fait. Et nous sommes en train. Car, il faut le dire, il y a un plan de déstabilisation du Psd qui est enclenché. Nous avons pris la mesure de la chose et nous œuvrons pour asseoir davantage notre hégémonie sur toute l’étendue du territoire national. Ceux qui se disent aujourd’hui opposants au Psd, c’est grâce à ce parti qu’ils sont connus. Ils ne pouvaient être rien si Bruno Amoussou ne leur avait pas offert la chance de pouvoir s’affirmer politiquement. Les populations n’étant pas aveugles, elles sauront faire la part des choses au moment opportun.