Positionnement du parti sur l’échiquier politique national

N. SogloRéunion de crise du bureau politique hier

(Elle a duré de 19h à 1h du matin)
Le bureau politique de la Renaissance du Bénin (Rb) était en conclave hier à son siège à Cotonou. La réunion était si tendue que le chef de fil de l’aile dure du parti a dû dire ses quatre vérités à «maman », déclenchant de ce fait un bras de fer dont la finalité est, à ses dires, de sauver la Rb de sa «perdition » actuelle.

Ça passe ou ça casse. C’est le sentiment que laissait présager des membres du bureau politique de la Rb avant la réunion qui s’est tenue hier au siège du parti. La raison de leur mécontentement, la position  actuellement affichée sur l’échiquier politique nationale, par la présidente et quelques fidèles à elles, comme étant celle du parti. Ces derniers étaient donc décidés à mettre un terme à ce qu’ils considèrent comme une dérive à la tête de la Rb. La réunion, qui a commencé autour de 19h, s’est terminée tard dans la nuit. Les débats y étaient très nourris, rapportent des sources bien informées. La présidente, mise en minorité, n’a pas échappé aux critiques de la majorité des membres du bureau qui, selon des indiscrétions, étaient contre le rôle qu’elle fait jouer au parti en faveur du pouvoir en place.

Les hostilités ont commencé à partir de l’adoption de l’ordre du jour. Au départ composé de trois points, l’aile dure a demandé qu’il soit simplement réduit à un seul, il s’agit de la position actuelle de la Rb sur la scène politique nationale. Sur cet unique point, les députés du parti devaient donc être appelés à expliquer au bureau politique les différents votes qu’ils ont émis ces derniers temps à l’Assemblée nationale.

Nombre de militants du parti pensent que la présidente, Rosine Soglo est désormais dans le piège du pouvoir en place. Depuis un certain temps, elle est l’objet d’une cour politique assidue de la part du chef de l’Etat, qui serait prêt à tout pour rallier la Rb à la cause du gouvernement au Parlement. La visite de Boni Yayi au domicile des Soglo mardi dernier, est une illustration de sa détermination. Cela est d’autant plus vrai que cette visite, loin d’être anodine, est intervenue à la veille d’une importante rencontre au sommet de la Rb. C’est à croire que le pouvoir, sachant que la réunion du mardi  allait être déterminante pour la suite, il s’est dépêché d’aller baliser le terrain au niveau de la présidente et s’assurer qu’elle  ne changerait pas d’avis, quelle que soit l’issue de la réunion du bureau politique.

Mais d’aucuns ne cessent de s’interroger sur les motivations réelles de Rosine Soglo à se tourner vers le pouvoir, malgré les humiliations que son parti subit de la part de ce dernier. Pourquoi avoir laissé son parti s’engager auprès du G4 et venir le tourner vers le régime du changement ? A ces interrogations  des observateurs répondent que le problème de la présidente de la Rb c’est plutôt son manque de confiance en certains membres du G4. Elle pense, de sources proches de son entourage, que les alliés de la Rb la trahiraient le moment venu. A cette réticence, certains répondent que les relations du parti avec le pouvoir ne sont pas aussi saines pour inspirer à Rosine Soglo une confiance aveugle.  Aux appréhensions de la présidente de la Rb, il y a aussi les intérêts du groupuscule d’hommes et de femmes qui l’entoure.  En son sein, on en trouve une qui, accablée par ses dettes, espère sa délivrance de la générosité du chef de l’Etat. Ensuite, il y a un autre qui ne rêve que de devenir ministre, et pousse « maman » à faire le jeu du pouvoir du changement.
Le régime de Yayi ne peut cependant pas se frotter les mains d’avoir  déjà la Rb dans sa poche.  Car ceux qui font de la résistance à la présidente du parti ne sont pas prêts à baisser la garde. Au sein du bureau politique, des indiscrétions disent qu’ils auraient avec eux le grand nombre. Mieux, des bruits  courent que le premier adjoint au maire de Cotonou, important maillon du G4, finirait pas à en découdre avec la présidente, sa mère, si celle-ci continue à être en déphasage avec la volonté du parti. Lehady Soglo, irait-il jusqu’à évincer la présidente et prendre en mains les rênes du parti? Rien n’est moins sûr.

Alain C. Assogba

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