Que trament Yayi et Amoussou ?
Le président de la République, Boni Yayi, était lundi dernier au domicile du leader du Parti social-démocrate (Psd), Bruno Amoussou, l’un des ténors du G4. La rencontre entre les deux hommes a été secrète.
Mais, voyant le contexte politique dans lequel les deux hommes se sont rencontrés, on se demande ce qu’ils peuvent bien tramer entre eux. La question se pose dans la mesure où le chef de l’Etat a engagé une offensive politique ces derniers temps en direction des ténors du G4. Un ensemble qui constitue un poids non négligeable pour l’un de ses adversaires à la prochaine élection présidentielle, Me Adrien Houngbédji du Parti du renouveau démocratique (Prd). Dans les coulisses, les informations indiquent que le président Yayi est allé féliciter M. Amoussou pour son livre «l’Afrique est mon combat » qu’il aurait dit avoir particulièrement apprécié.
Un ancien baron de la Renaissance du Bénin (Rb), Georges Guédou, ne disait-il pas : « Même une simple salutation n’est pas gratuite en politique ». C’est dire donc qu’au-delà d’une simple visite, le chef de l’Etat a des visées politiques en allant voir Bruno Amoussou. Certainement, la question de rallier le Psd à la mouvance présidentielle doit être au cœur des discussions. Cela se comprend aujourd’hui, puisque le président Yayi a besoin d’alliés de taille pour assurer son élection en 2011.
La création de l’Union de la majorité présidentielle pluraliste (Umpp) doit être un argument de taille pour convaincre. D’ailleurs à quelques jours de la naissance de ce regroupement politique, il a rencontré la présidente de la Renaissance du Bénin (Rb), Rosine Soglo, au lendemain de ses manœuvres politiciennes à l’Assemblée nationale. Personne n’est sans savoir que les Soglo vacillent entre la mouvance et l’opposition. Quant au Mouvement africain pour la démocratie et le progrès (Madep), rien n’est clair. Deux ministres au gouvernement proclament leur appartenance à ce parti politique.
Des gages fermes
On observe donc que le président Yayi tente de tout mettre en œuvre pour briser le G4. Curieusement, les Béninois ne sentent aucune action concrète et véritable de la part des leaders de ce bloc politique pour le contrer et montrer leur disposition à proposer une véritable alternative à la politique actuelle.
Mais au fond, en dépit des progrès qu’il semble enregistrer dans ses tentatives de déstabilisation du G4, le chef de l’Etat n’est pas au bout de ses peines. Il n’est pas évident que sa visite à Amoussou ait pu lui permettre de glaner grand-chose, vu que ce dernier reste l’un de ses opposants les plus farouches au sein du G4. Et si il doit avoir des pourparlers pour 2011, le président du Psd n’accepterait pas que cela se passe entre eux, il veillerait à y associer ses alliés. Du moins, à en croire son attitude au sein du groupe où il est apparu comme l’un des plus stables et l’un de ceux qui sauvent encore le G4 de la cassure.
Néanmoins, un accord secret n’est pas exclu entre les deux hommes. En effet, malgré la résistance de certains membres du G4, il y une sorte de sauve qui peut qui menace le groupe. On n’exclut donc pas que si Boni Yayi donne des gages assez fermes, les uns et les autres, dont le Psd, qui apparaissent frustrés par des comportements de certains de leurs alliés, pourraient se décider à faire cavalier seul. N’est-ce pas sur cette faiblesse que compte Yayi, pour espérer venir à bout de la réticence de Bruno Amoussou ? Rien n’est moins sûr.
Jules Yaovi Maoussi