Un monstre à deux têtes
Depuis samedi, l’Union pour la majorité présidentielle plurielle (Umpp) est le nouveau creuset qui regroupe les partis, alliances de partis politiques et mouvements qui soutiennent le président Boni Yayi, dont les Fcbe. Déjà, cette dernière alliance, semble ne pas être disposée à se laisser arracher le contrôle de la majorité par un autre organe. D’où le bicéphalisme qui pourrait s’observer dans les prises de décisions.
Si le regroupement porté sur les fonts baptismaux par le chef de l’Etat et ses alliés politiques, samedi dernier, a des avantages certains, il est déjà rongé par le virus de la guerre de leadership. En effet, samedi dernier, l’organe dirigeant de l’Umpp n’a pu être désigné ou élu. A part Idrissou Ibrahima qui est identifié comme étant le porte-parole du groupe, tout semble pour le moment confus au niveau de qui aura en charge la coordination ou la présidence dudit rassemblement. Le président Boni Yayi tiendrait encore, les cartes en sa possession à ce sujet. Cependant, malgré les belles paroles débitées par un responsable des Fcbe, il semblerait que cet organe qui était jusque-là, le parapluie politique qui chapeautait la majorité présidentielle, sentant son hégémonie anéantie, est décidé à lutter pour continuer par jouer son rôle d’antan. Certains barons des Fcbe, dont des députés, estiment que si la coordination ne devrait pas revenir au président Boni Yayi lui-même, elle devrait leur revenir de facto. Car, disent-ils, les Fcbe, entité de cette union, demeurent le regroupement qui a le plus grand nombre de partis et mouvements politiques. Mieux, la plupart de ses membres se disent des ouvriers de la première heure qui militent aux côtés du chef de l’Etat. Ils estiment que depuis trois ans, le chef de l’Etat n’a pu satisfaire encore aux ambitions d’un certain nombre d’entre eux. Par conséquent, les membres des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) devraient pouvoir se voir au moins attribuer les premiers rôles dans ce nouvel ensemble.
Or, selon certaines indiscrétions, les concepteurs de l’idée de ce grand rassemblement, sont de nouveaux alliés du président. Il s’agit en particulier du Fac. Et d’ailleurs, les membres de ce creuset jouent déjà les premiers rôles. La preuve l’ancien député, Idrissou Ibrahima est le porte-parole de l’Umpp et l’ancien ministre Amos Elègbè qui avait soutenu Antoine Idji Kolawolé contre Boni Yayi lors de la présidentielle de 2006, dont il est devenu le conseiller politique, a été la cheville ouvrière des assises du samedi dernier. On n’a donc pas besoin d’aller chercher à l’extérieur du regroupement les raisons du bicéphalisme qui guette le nouveau-né du landerneau politique béninois. Surtout que les éléments de la dernière heure aussi veulent avoir leur part du gâteau, on risque bien d’assister à la guerre des tranchées entre les Fcbe et l’organe dirigeant qui sera issu de l’assemblée générale qui est annoncée pour bientôt. Toujours est-il que plusieurs indices présagent d’une difficile collaboration entre les Fcbe et le directoire de l’Umpp.
Benoît Mètonou