Les pays d’Afrique en général et la république du Bénin en particulier sont classés parmi les pays les plus pauvres du monde. Plusieurs causes justifient cette malheureuse situation. Je voudrais à travers ce texte souligner la part de responsabilité des émigrés africains vers l’occident ainsi que les raisons liées à nos comportements.
En effet nos parents qui sont allés s’installer durablement en occident ont contribué, ma foi, au sous développement de notre pays et de notre continent.
Lorsque les occidentaux envahissaient l’Afrique, leur objectif principal était d’en tirer le meilleur, juste en tirer le meilleur au profit de leurs pays d’origine. Parallèlement, les nôtres y allaient pour en tirer, pensaient-ils, des profits personnels. Ils y allaient s’installer pour leur survie en mettant leurs compétences à la disposition des Blancs au détriment de leur patrie. Même si certains peuvent justifier leur acte, la question du devoir patriotique se pose.
En privant leur nation de leurs compétences et en allant volontairement proposer leur savoir-faire aux pays du Nord tels la France, la Grande Bretagne, les Etats-Unis,… les émigrés ont réduit nos possibilités de développement.
A l’origine l’Afrique était le continent le plus riche grâce à son sous sol immense. « Les maîtres du monde » d’aujourd’hui débarquaient alors sur nos côtes, s’invitaient sur nos terres pour nous voler nos ressources sans s’y établir. Ils recherchaient et emportaient ce qu’il leur fallait pour développer leurs pays. Ils allaient par exemple abattre nos arbres pour en faire du bois pendant qu’ils laissaient les leurs grandir pour protéger leur nature. Jamais ils n’ont abandonné leurs terres pour les nôtres.
Aujourd’hui encore, ils continuent d’aller chez nous ; principalement pour réduire leurs coûts de production au moment où certains parmi nous continuent d’aller travailler pour eux, payer des impôts pour augmenter leur budget et les enrichir davantage au détriment de nos nations privées ainsi de ressources humaines et financières.
Prenons conscience ; nous pouvons encore reprendre notre place dans le monde.
Pour atteindre ce but je recommande :
1. que nous travaillions plus ; trop de gens chez nous paressent, s’amusent et « dorment ». Travaillons sans relâche avec sincérité pendant les délais impartis, par amour pour notre patrie. Travaillons au lieu de passer de longues heures au téléphone avec des amis ou des membres de nos familles pendant les heures de travail. Travaillons au lieu de passer nos temps à rechercher dans le calendrier les jours fériés prévus dans la semaine ou le mois en cours.
2. que nous investissions chez nous ; je n’interdis à personne d’aller découvrir d’autres cieux mais nos voyages doivent juste nous permettre d’aller voir ce qui existe ailleurs et de nous en inspirer pour développer notre pays. Si toutes ces belles maisons, ces prestigieux hôtels, ces sociétés aux chiffres d’affaires importants appartenant à nos compatriotes avaient été réalisés chez nous, nous aurions plus d’infrastructures, plus de capacités hôtelières pour accueillir des touristes, des emplois auraient été créés et le taux de chômage serait moins élevé. Car ces immeubles ont contribué à l’embellissement de la cité colonisatrice et ces sociétés, à réduire le taux de chômage dans les pays où elles sont installées sans oublier toutes ces taxes servant à renflouer les comptes du « maître ». De plus si tous les cadres béninois formés dans les universités occidentales rentraient après leur formation, le pays disposerait de plus de compétences pour effectuer les réformes nécessaires et indispensables pour l’émergence. Je voudrais remercier au passage Régis FACIA, Claude PADANOU et les autres dont les noms m’échappent pour être rentrés offrir leurs compétences à notre chère nation après leur séjour à l’étranger. Ils ont, grâce à leurs investissements contribué à la réduction du chômage et créé des richesses.
3. que nous améliorions nos capacités personnelles et changions d’habitude ; autrefois nos mères étaient des vendeuses ambulantes faute de marché où s’installer. Pourquoi continuer une telle pratique aujourd’hui ? Combien de kilomètres peut parcourir une vendeuse ambulante ? Combien d’acheteurs peut-elle ainsi atteindre ? Le porte à porte est certes efficace mais ses résultats en termes de gains financiers ne sont pas encourageants. Les marchés sont des lieux de rencontre entre des acheteurs et des vendeurs. Nos dirigeants ont le devoir de construire des marchés pour accueillir toutes celles et tous ceux qui veulent vendre ; à défaut des dirigeants nos compatriotes ayant des excédents de trésorerie peuvent aussi le faire. Ainsi nos marchandes et marchands pourront optimiser leurs ventes. Distribuer ses produits dans des marchés, supermarchés, boutiques permet d’atteindre plus de clients et par conséquent de vendre et de produire plus.
J’ai appris avec fierté qu’un des fournisseurs d’ananas auprès de « CARREFOUR », une grande surface française est un Béninois. Produisons davantage tout ce que nos terres favorisent pour subvenir à nos propres besoins et vendre les excédents à ceux qui n’ont pas la chance d’avoir des terres aussi riches que les nôtres.
4. que nous fassions confiance aux ressources humaines de notre pays ; le taux de chômage sera ainsi réduit. Quand un expatrié crée une entreprise dans notre pays, il confie les premiers postes à ses compatriotes. Quand il la crée dans son pays d’origine, il confie la majorité des postes aux siens. Remarquez alors la stupidité de nos compatriotes qui préfèrent employer les expatriés voire leur confier les plus hautes responsabilités lorsqu’ils ont le choix, même au sein des entreprises qu’ils créent chez nous. Ces compatriotes ne donnent-ils pas raison à Pierre Goudjinou METINHOUE qui avait dit « Désormais, à la vue de l’européen le plus insignifiant, l’Africain noir le plus puissant est obligé de se poser le problème de sa propre sécurité » (1). Remarquez aussi que ces expatriés qui travaillent chez nous sont souvent moins qualifiés que les autochtones. Dans un pays européen, un expert comptable d’origine africaine a été recruté pour être chef comptable sous la direction d’un directeur administratif et financier blanc d’un niveau BAC +3. Dans une banque étrangère installée au Bénin, un Béninois, administrateur de banques, a été nommé secrétaire général, (troisième personnalité de la banque) alors que la deuxième personnalité ayant pour titre directeur général adjoint, de nationalité étrangère, était pilote d’avion admis à la retraite.
5. que nous arrêtions d’émigrer sans projet précis comme de vulgaires aventuriers ; nous n’avons pas grand-chose à leur envier. En effet j’ai observé des taux de chômage élevés dans le pays de de Gaulle ; j’ai vu des mendiants Blancs dans plusieurs gares et rues de Paris ; je vois tous les jours des Français quitter leur pays pour aller exploiter des opportunités en Afrique ; j’ai constaté la lenteur administrative en France (un immigré en France reçoit son titre de séjour au plus tôt 4 mois après son arrivée alors qu’au Bénin un expatrié reçoit sa carte de résident dans la semaine où il en fait la demande); j’ai vu des immondices à Paris ; j’ai vu des bitumes détériorés dans plusieurs villes de l’hexagone; j’ai vu des fonctionnaires français aller en grève pour réclamer des droits bloquant ainsi le fonctionnement des écoles, hôpitaux, transports en commun ; j’ai observé l’insécurité et la grande criminalité dans les villes de la cinquième puissance mondiale. Bref j’ai retrouvé en Occident en général, des maux que nous essayons de fuir en tentant l’exil et l’aventure impréparée. Certes on classe les pays de l’occident parmi les pays développés et ceux d’Afrique parmi les pays sous développés mais je suis persuadé que nous pouvons construire ce qu’ils ont de plus que nous. Il suffit de bien travailler. Oui si nous travaillons davantage en prenant conscience et en étant fiers, si nous exploitons efficacement et dans l’intérêt général, nos richesses naturelles, nous pouvons devenir les maîtres du monde.
6. que nous réduisions nos charges ; je vais probablement choquer certains en affirmant qu’il faut réduire les naissances. Autrefois l’enfant était une richesse mais avoir beaucoup d’enfants sans pouvoir les nourrir, les instruire, les loger, les vêtir et les soigner c’est accroître les difficultés sociales et accentuer le sous développement. Pensons à planifier nos naissances selon nos moyens de subsistance.
Notre cher pays dispose toujours d’énormes richesses à exploiter. Mettons nous au travail avec sincérité et sans relâche.
Nous vaincrons !
(1) Goudjinou Metinhoue « la traite des Noirs à travers la littérature européenne… » p.501
Par David Comlan METINHOUE
Citoyen béninois
david.metinhoue@yahoo.fr