Lettre ouverte aux Responsables de l’Enseignement de l’Atlantique

Mesdames, Messieurs,

Je souris en constatant que, l’épreuve de « communication écrite »  à l’examen blanc départemental BEPC 2009 partage le même souci que moi.
Ainsi, les responsables départementaux de l’atlantique veulent lire sur les copies d’élèves le constat amer de la baisse de niveau en français. Soit. Mais là où le bât blesse, c’est qu’ils s’y prennent de manière louche, mitigée et c’est une fuite de responsabilité. Sinon, comment demander à des candidats au B.E. P.C de confesser des erreurs accumulées pendant quatre années d’études ? que des élèves osent critiquer l’enseignement qu’ils ont reçu; c’est grave ! c’est une façon flagrante de confirmer, d’affirmer vous-mêmes l’échec de l’enseignement au Bénin. Le candidat saurait-il mieux comprendre et énumérer les causes de la baisse de niveau en français ? Voici l’épreuve telle qu’elle est libellée

EPREUVE: COMMUN/CATION ECRiTE

SITUATION D’EVALUATION
La langue est le principal véhicule de communication entre les hommes .Elle exige pour son expressivité, beaucoup de critères que ses locuteurs doivent respecter. Mais le spectacle malheureux auquel nous assistons est que, certaines langues malgré leur caractère officiel, subissent de la part des populations notamment en milieu scolaire»une maltraitance»énorme. L’essentiel  pour ces locuteurs est de  se faire comprendre ; la syntaxe ne préoccupe plus.
Tu constates que le français – langue officielle de ton pays – n’est plus parlé comme il le faut et que sa maîtrise ne préoccupe même plus les élèves.
Tu es invité (e) à produire un texte argumentatif qui montre l’importance de la maîtrise de la langue officielle de ton pays.

Consignes
1 -Tu fais le constat de la baisse des niveaux en français
2- Tu énumères les causes de cette baisse.
3, Tu montres la grave erreur que commettent tes camarades en négligeant le français.

Nous autorisons ainsi, facilement nos élèves à faire notre critique: c’est une nouveauté bien étrangère aux principes éducatifs.
Elle serait acceptable dans un forum. Mais comment peuvent-ils s’exprimer clairement lorsqu’ils n’ont pas le vocabulaire et ne connaissent la syntaxe? Bref, ils ne maîtrisent pas la langue officielle.
Voilà, une fois encore, consacrée leur ignorance en français la seule langue nationale de communication.
C’est pourquoi, Je m’autorise, en tant qu’enseignante et , pour éviter une fuite de responsabilité, à souligner la carence de la pédagogie du français ces derniers temps.
j’ai, déjà le 30 mars 2009, fait le constat amer de la baisse de niveau en français dans une lettre ouverte à tous les responsables de l’enseignement du Bénin. j’ai écrit dans les journaux que les nouveaux programmes d’étude pour une approche par compétence, tels qu’ils sont appliqués en français ne permettent pas de le parler « comme il faut et de l’écrire parce que la méthodologie est carente et tronquée.
Les causes de cette carence sont décriées par nous tous ,néanmoins le mal perdure.Depuis quatre ans, on enseigne le français, langue étrangère sans manuels didactiques appropriés, sans documents officiels précis, sans fiches pédagogiques; en un mot sans formation et disposition adéquates. Avouons franchement qu’une langue dite étrangère ne s’apprend pas à la légère, mais de manière systématique.
Nous avons, dans ce pays, pris l’habitude de l’enseigner par des leçons d’élocution, les règles de grammaire, des exercices pratiques… Disons-nous, la main sur le cœur si nous avons perdu ces habitudes efficaces. Peut-on apprendre le français à partir d’un court texte qu’on adapte à maints exercices de français? Peut-on bien le parler, l’écrire correctement par questionnaire improvisée, sans élocution, sans orthographe et dictée, sans grammaire, sans conjugaison? Sans syntaxe, sans…? Sans…? Dans cette méthodologie manipulée peu maîtrisée, l’enseignant prépare t-il des fiches pédagogiques? En tout cas, il va au cours très dégagé, sans souci d’enseigner systématiquement les notions essentielles en français. Que retiennent alors les apprenants? – Pas grand-chose, quelques rudiments du français. Dans une telle situation, un tel conditionnement, vague, flou les élèves vivent la désaffection pour la langue française parce que l’enseignant ne prépare pas ses cours, se documente peu, enseigne mal. Le résultat est ce que nous déplorons tous: « les élèves ne parlent plus le français» mais une langue similaire cousue d’interférences linguistiques, de fautes; une langue incomprise d’eux-mêmes et des correcteurs.»
Voilà l’approche par « compétence» une approche par ignorance. Et, comme l’élève est toujours à l’image du maître, il parle mal le  français et l’écrit mal aussi. Bref, l’enseignant doit donc prendre bonne note de son implication dans le mauvais déroulement du nouveau programme. Sachons qu’on n’est pas intelligent tout seul, et que c’est à l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle.

Soyons responsables et patriotes
Marie Louise DETCHENOU
Professeur à la Retraite

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