Nicéphore SOGLO ou la passion de la gloire

N. SogloIl y a une poignée de Béninois qui ne sera pas surprise d’apprendre que le Président Nicéphore SOGLO a démissionné de la Renaissance du Bénin, et je peux m’enorgueillir d’être du lot. En effet, depuis le fameux Appel dit de GOHO en 1994, il y a un malentendu fondamental et même un marché de dupes à propos du parti La Renaissance du Bénin.
Il est évident que tous ceux qui avaient fait se saborder leur parti politique pour, croyaient-ils, se fondre dans une nouvelle formation politique à partir de 1994, l’avaient fait dans l’objectif de constituer avec la Renaissance du Bénin originelle, un grand mouvement politique dont le Président Nicéphore SOGLO serait le leader politique incontesté. Dans leur esprit, il n’était nullement question de dissoudre leur ancien parti pour que vive la Renaissance du Bénin fondée en mars 1992 par Madame Rosine VIEYRA SOGLO !  Il s’agissait en effet de créer un grand parti moderne, une véritable machine de guerre aux mains de Nicéphore SOGLO, de constituer un  Etat-major politique structuré qui favoriserait sans fard, d’abord sa réélection en 1996, puis son omniprésence sur la scène politique nationale  à travers ce grand mouvement « sogloïste ». Il découle donc de ces considérations que le véritable leader attendu n’est plus Maman Rosine VIEYRA SOGLO dont l’action politique, malheureusement, ne pouvait pas dépasser les limites étriquées de la direction d’un Groupe parlementaire ; le leader de tous les "Houézèhouè" était désormais Nicéphore Dieudonné SOGLO. Cette donne était d’une évidence biblique depuis son échec en 1996 dont il ne fallait pas chercher la cause bien loin, surtout pas à travers un coûteux audit par des observateurs français, mais dans la gouvernance politique non idoine qu’on imposait alors à la direction centrale de la RB. On avait rasé une vingtaine de partis politiques, mais sur cette ruine, on avait plus rien construit.

L’une des personnes qui comme un névrosé a le plus harcelé NDS pour qu’il continue de suivre la voie royale de la gloire et de la célébrité (famous and glory) en devenant le véritable leader politique de la RB, fut votre humble serviteur. Las de se contenter de flagorner dans un larbinisme infantilisant afin de décrocher le gros lot, celui d’être positionné sur l’une des listes des candidats du Parti aux diverses élections législatives, ce "social scientiste" féru de sociologie politique, n’avait de cesse de dénoncer depuis 1996, le bicéphalisme dysfonctionnel et la dualité suicidaire des objectifs politiques qui écartelaient alors la RB !  Sa rengaine de plus en plus osée et irritante atteignit son apogée au deuxième congrès ordinaire du Parti en janvier 2002. Mais ce fut peine perdue ; NSD ne daigna jamais prendre les rênes de ce parti de plus en plus moribond, mais se contenta d’accepter la plus mauvaise des solutions : être président d’honneur là où Maman RVS était toujours la présidente légale, avec tous les pouvoirs subséquents.  Or, il est évident que depuis 2006 au moins, NDS prend de plus en plus goût à l’action politique. Il ne faisait plus montre de ce dégoût très gaullien pour la vie politique, mais devint au contraire l’un des principaux animateurs du G4. A quel titre, pouvait-on se demander ?  Qui défendait les vraies positions de la RB, la présidente ou le Président d’honneur ? Le clash politique était inévitable lors donc que tout bicéphalisme conduit tôt ou tard à une impasse de ce genre. Malheureusement, ce flou dans les positions du parti (et non pas celles de NDS qui abhorre toujours le régime du changement), ce manque de directives politiques claires, a eu pour conséquence des prises de positions contradictoires au niveau des cadres et dirigeants politiques de la RB.

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Ceux qui connaissent bien NDS (et j’en suis en tant que son ancien porte-parole personnel et chargé de mission aux affaires politiques dans son cabinet du Maire de Cotonou) se doutent bien que ce passionné d’histoire comme tous les grands hommes, ne peut longtemps s’accommoder d’être un prince consort pompeusement habillé du titre flatteur de Leader charismatique. En démissionnant de la RB, il est resté égal à lui-même et surtout à l’image du grand homme d’Etat, le plus séduisant de notre Renouveau démocratique. Il a beaucoup apporté à ce parti par son aura alors qu’il n’a pas du tout besoin de ce "machin" pour rempiler comme maire de la plus grande métropole du Bénin. Vive tous ceux qui sont encore dignes de l’héritage politique du premier Président de la République de l’ère du Renouveau démocratique. 

Par Dénis AMOUSSOU-YEYE, professeur ç l’UAC

« Ce qui trouble les hommes,
ce ne sont pas les faits,
 mais les théories sur les faits. »
Michel FOUCAULT

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