Le mal béninois

Que faire ?

 « Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté, et toute ville ou maison divisée contre elle-même, ne peut subsister » Ces quelques mots, aux allures d’une sévère mise en garde, est de Jésus. (Matthieu 12-25) Il n’est point besoin d’être membre de son église pour ressentir la force et comprendre le bien fondé de ces paroles. Notamment au regard de la situation qui prévaut, au jour d’aujourd’hui, dans notre pays.
En effet, s’il est un mal équitablement partagés par les Béninois, unis dans la même communauté du malheur, c’est bien la division. Ils en ressentent les symptômes au plus profond d’eux-mêmes. Ils en portent les stigmates dans leur vie de tous les jours. Tout ce qu’ils entreprennent, tout ce qu’ils réalisent, s’en trouve affecté.

A volé depuis en éclats le consensus qui rassembla et mobilisa naguère un peuple face à son destin, à travers la Conférence des Forces vives de la nation. Un peuple s’était alors chargé de la mission de se réapproprier l’espoir en anticipant l’avenir. Nous avions alors compris que notre force est dans notre union autour de l’essentiel. Dans un tel contexte, le plus pauvre des huit millions de Béninois avait au moins le sentiment flatteur d’être riche de son pays, le Bénin. Nous n’en avons qu’un, en effet.
Il faut avoir un sacré culot pour s’autoriser de dilapider ce trésor, patiemment constitué, sou à sou, tel que s’est construit le plus beau château de la terre, c’est à dire brique après brique. Par rapport à quoi le Bénin divisé, ne peut être qu’un énorme gâchis. C’est la rançon d’une tragique dilapidation de nos talents.

Publicité

La présente législature de l’Assemblée nationale pourra difficilement se relever de ses dissensions internes. Dans cette Maison aussi honorable que vénérable, on s’est copieusement insulté et les noms d’oiseaux ont volé d’une travée à l’autre. On s’est même colleté comme des chiffonniers, non sans recourir à des arguments frappants. Sous le regard interloqué des caméras des télévisions.

La scène politique n’a jamais été semée d’autant de peaux de banane : des ministres foudroyés au cœur de leur magistère et passés à la trappe ; des cadres, boucs émissaires ou disjoncteurs de circonstance, emportés et engloutis dans les profondeurs insondables d’un système. Et que dire de la saga de ces sans domicile politique fixe ? ( SDPF) Nous avons eu droit à des numéros d’experts pour retourner sa veste ou sa robe. Sans préjuger des effets de ce triste spectacle sur l’esprit de notre jeunesse. On ne peut oublier les propos sacrilège tenus, des mots assassins distillés, sans qu’on ce soit ému ou préoccupé outre mesure des blessures morales causées, des incendies allumés, des traumatismes provoqués.
Aucun de ces faits n’est innocent. Ils sont diversement vécus par les différents acteurs impliqués. Ces faits transpirent des sentiments infects, cristallisent des ressentiments répugnants, suintent des rancunes tenaces, laissent des vestiges qui pourrissent les relations humaines, embrouillent et aveuglent les esprits. Difficile, dans ces conditions, de retrouver, de si tôt, les chemins apaisés et sereins d’une coopération harmonieuse. Un vent malsain, malfaisant semble souffler sur le pays, sur ses institutions, sur les familles, sur l’école, sur les marchés, sur les entreprises. Ce vent n’épargne ni les maisons de Dieu, ni les marchés. Il n’est donc que temps d’arrêter cette lente descente aux enfers.
Revisitons, en ces heures graves, notre boussole nationale, en l’occurrence la Constitution. En son article 2, elle affirme : « La République du Bénin est une et indivisible » En son article 41, elle donne à lire : « Le Président de la République est le chef de l’Etat. Il est l’élu de la nation et incarne l’unité nationale » Nous avons, à travers la Constitution, évoquer un principe, celui de l’unité du pays. Nous avons souligné une mission, celle dévolue au Chef de l’Etat, vivante incarnation de l’unité nationale. Nous ne sommes que plus à l’aise pour proposer ce qui suit.

1- Il y a le besoin pressant et urgent d’une trêve générale, sur tous les fronts en ébullition. La tension doit baisser. Les esprits doivent retrouver la sérénité nécessaire pour aller les uns vers les autres. La confiance doit être restaurée. Une allocution radio télévisée du Chef de l’Etat, appellera solennellement à cette trêve. La main tendue de la trêve doit partir de lui. La Constitution l’enjoint de le faire.

2- Une Commission nationale représentative des forces vives de la nation doit être constituée. Ses travaux établiront la feuille de route consensuelle d’un dialogue national.

Publicité

3- Le Chef de l’Etat appellera à ce dialogue qu’il présidera. Les Béninois ont besoin de parler et de se parler. Tant mieux si le dialogue national que nous appelons de nos vœux ne devait se limiter qu’à ce rituel du s’asseoir ensemble pour échanger. Ce serait un premier pas prometteur pour que le reste nous soit donné de surcroît.

Jérôme Carlos

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité