Yayi prépare un coup contre les syndicalistes
En s’intéressant au monde syndical après la forte mobilisation des travailleurs contre les dérives du gouvernement, le président de la République, Boni Yayi, prépare sûrement des coups contre les responsables syndicaux.
Une guerre sans merci est attendue entre le président Boni Yayi et les responsables syndicaux, si rien n’est fait.
Le chef de l’Etat doit être en train de manœuvrer contre les syndicalistes pour briser les mouvements syndicaux au Bénin, si l’on voit le contexte dans lequel il veut contrôler la gestion des centrales syndicales. Comme à l’accoutumée, le pouvoir en place monte des coups contre ses adversaires, c’est-à-dire ceux qui refusent de chanter ses louanges. Dans les jours à venir, il n’est pas exclu de voir des syndicalistes proches du régime du Changement organiser des pseudo assemblées générales au nom des organisations syndicales pour destituer leurs responsables respectifs. Ce coup d’Etat a été opéré contre la société civile, lors de la désignation de son représentant à la commission politique de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Orden Alladatin a été évincé par le gouvernement à travers une supposée assemblée générale des organisations non gouvernementales à Dassa-Zoumè. Ce qui fait que René Tchibénou, proche du gouvernement, se retrouve au siège de cette structure électorale. Une fois ces manœuvres politiciennes réussies contre les centrales syndicales, le gouvernement cherchera à écarter les vrais représentants des travailleurs des négociations.
Cette stratégie consiste certainement à museler les syndicats, afin de sacrifier les intérêts du monde syndical. Les revendications de la classe ouvrière seront noyées dans les manœuvres politiciennes et les travailleurs seront laissés pour compte. Dans ces conditions, le pouvoir du président Boni Yayi pourra leur dicter ses lois et briser les mouvements syndicaux constitutionnellement reconnus dans le pays. Cette façon de fonctionner est une menace grave sur la démocratie et les libertés publiques au Bénin. A l’ère du Changement, l’interdiction des marches, les violations de la Constitution, la corruption, le clientélisme, les scandales financiers, la gabegie et autres tares de la société se conjuguent quotidiennement sous le président Boni Yayi.
Tensions
A l’allure où vont les choses, le gouvernement risque de se mordre le doigt, s’il tente de s’avancer sur ce terrain. La tension sociale prendra certainement un tournant grave en cas de manœuvres politiciennes contre les responsables syndicaux. Ils sont très expérimentés dans les luttes. Le président Mathieu Kérékou, pendant la période révolutionnaire, en sait quelque chose. On se souvient que c’est grâce à leurs mobilisations contre la dictature à l’époque que la conférence nationale a été convoquée. Aujourd’hui, le Bénin est en démocratie, mais malheureusement menacée par le régime en place. De 1991 à 1996, le président Nicéphore Soglo a connu toutes les difficultés du monde avec les syndicalistes. En conséquence, il a perdu le pouvoir. Dès lors, le président Boni Yayi est sur un terrain glissant. Il doit savoir jouer.
Jules Yaovi Maoussi