"Pour gérer les fonds publics il faut… la maturité et la responsabilité"
Le Programme du Bénin pour le Millennium Challenge Account avance à grand pas vers la réalisation de ses objectifs. Le mardi 04 août dernier, le Coordonnateur National de ce Programme de développement, a procédé à la signature de deux gros contrats qui porte à près de quatre vingt pour cent, le taux de consommation des fonds mis à disposition du Bénin par le gouvernement et le peuple américain pour réduire la pauvreté en créant de la richesse.
A travers cet entretien, Simon Pierre ADOVELANDE nous amène dans les coulisses de ces engagements qui concrétisent la modernisation du port de Cotonou.
Pouvez-vous nous rappeler le contexte et la nature des contrats que vous venez de signer avec la société SOLETANCHE BACHY et le consortium SOGEA SATOM EMCC ?
Nous nous sommes réunis le mardi 04 août, pour procéder à la signature de deux contrats dans le cadre de la mise en œuvre du Programme du Bénin pour le Millennium Challenge Account. Il s’agit de deux gros contrats qui nous font avancer sur le Projet « Accès aux marchés » de MCA-Bénin, c'est-à-dire dans son volet qui concerne la modernisation du port de Cotonou.
Les deux contrats, le premier d’un montant de près de quinze milliards et le second coutant près de vingt trois milliards de nos francs correspondent respectivement aux premier et deuxième numéros des six lots constitués par MCA-Bénin pour les aménagements à faire au Port de Cotonou.
Le lot N°1 est relatif au prolongement de l’épi d’arrêt de sable existant au port. Aujourd’hui, le port de Cotonou a des problèmes d’ensablement qui font que, tous les ans on est obligé de dépenser plus d’un milliard de francs CFA pour faire le dragage du bassin portuaire. L’infrastructure que nous allons construire permettra, sur les 30 à 40 années à venir, de ne plus avoir à dépenser autant d’argent pour faire le dragage. Le Consortium SOGEA/SATOM/EMCC a gagné ce marché et devra réaliser l’infrastructure sur 22 mois.
Quant au lot N°2, il prévoit la construction de deux postes d’accostage des navires. Nous allons construire deux nouveaux postes à quai d’une longueur totale de 600m et de 12,50 m de profondeur (à marrée basse) pour des navires porte conteneurs. A travers l’attribution de ce lot, MCA-Bénin procèdera à l’aménagement des terre-pleins de déchargement et d’entreposage des conteneurs. C’est la société SOLETANCHE BACHY qui a été adjudicataire de ce marché réalisable en 22 mois.
Nous savons que MCA-Bénin à travers le Projet Accès aux Marchés entend moderniser le Port de Cotonou pour propulser l’économie béninoise. Pouvez-nous nous dire en quoi ces deux contrats signés concourent à un tel objectif
D’abord quand vous voyez le montant des infrastructures à réaliser, 15 milliards d’un côté et 23 milliards de l’autre, vous comprenez l’ampleur de ces travaux. Si je prends par exemple le prolongement de l’épi qui empêche l’ensablement du bassin portuaire, nous verrons, à partir de la fin des travaux, que tous les gros navires qui aujourd’hui ne peuvent pas venir au Port de Cotonou commenceront à arriver, compte tenu de l’aisance qui y aura été constatée. Et si en plus, nous augmentons la capacité d’accueil du port par deux nouveaux postes à quai qui vont accueillir de grands navires, des porte-containeurs, avec des équipements ultra modernes de chargement et déchargement de navires, cela veut dire que la cadence des chargements et déchargements va être multipliée par un coefficient beaucoup plus élevé que ce qu’il y a actuellement.
Ce qui fera augmenter le flux du trafic. Il y a également que sur les délais, les coûts d’exploitation de ces quais vont diminuer au niveau de la surcharge portuaire, et du coup, c’est notre économie qui sera boostée. Par ailleurs, pendant la période de la construction de ces infrastructures, c’est déjà de l’argent qui va être injecté dans l’économie nationale parce que ces entreprises vont utiliser de la main d’œuvre béninoise, vont utiliser des matériaux béninois et faire de la sous-traitance avec les entreprises béninoises.
Vous parliez tantôt de six lots prévus dans le cadre des réalisations de MCA-Bénin au port de Cotonou. Pouvez-vous nous décrire les quatre autres lots prévus ?
C’est vrai que l’investissement que nous allons faire au port de Cotonou ne concerne pas que les deux marchés que nous avons signé mardi dernier.
Il y’a le lot N°3 qui va mettre en œuvre le plan de zoning et de circulation au port. Quand vous allez à l’intérieur du port aujourd’hui, c’est extrêmement difficile de circuler. Donc, nous allons reprendre toutes les anciennes voies de circulation, construire une nouvelle voie qui permettra de contourner par des sorties qui se feront désormais le long de la berge au sortir de la bande des deux cents mètres, ce qui permettra une fluidité certaine. A travers ce lot, nous allons revoir tout le système d’éclairage à l’intérieur du port, revoir tout le système de sécurité, le système de lutte contre l’incendie pour que, quand il y a un incendie à l’intérieur du port que cela puisse être maîtrisé.
Le lot N°4 permettra à MCA-Bénin d’acquérir pour le compte du Port de Cotonou, de nouveaux équipements de déchargement de vrac solide dans le but de mieux gérer l’environnement portuaire.
A travers le lot N° 5, MCA-Bénin va acquérir et installer au port de Cotonou, une station de monitoring océanographique permettant la collecte et l’analyse de données sur le vent, les vagues, le niveau d’eau, de courants et le transit littoral dans la zone du port.
Enfin du matériel, sera acquis à travers le lot N°6 dans le but de lutter contre la pollution au port de Cotonou.
Donc c’est autant d’investissements complémentaires mais il y aura également des investissements au niveau de la douane parce qu’il ne servira à rien de faire des infrastructures pour que le système de dédouanement soit aussi lent comme nous le constatons aujourd’hui. Nous avons également prévu des ressources pour moderniser toute la procédure de dédouanement des marchandises, ce qui va permettre une accélération de la sortie des marchandises. C’est tout un ensemble de réalisations qui va être fait au niveau du port de Cotonou.
Monsieur le Coordonnateur National, vous avez évoqué de gros montant qui nous font penser que MCA-Bénin avance vers la consommation des fonds alloués au Bénin dans le cadre de ce Programme. Que dire pour rassurer les béninois qui sont encore sceptiques ?
Par rapport aux béninois, il y a deux choses sur lesquelles je voudrais insister. La première est que beaucoup de gens accusent MCA-Bénin de faire beaucoup d’études. Mais sans les études on ne peut pas avoir les résultats que nous avons aujourd’hui. Et il faut prendre le temps de respecter les procédures, de faire la passation des marchés dans la plus grande transparence pour qu’en bout de piste il n’y ait pas de contestation.
La deuxième chose sur le terrain de consommation des ressources est que les plus gros montants sont réservés aux travaux. Donc il y a des inquiétudes chez ceux qui ne connaissent pas comment le programme fonctionne. Aujourd’hui quand nous signons les contrats, cela augmente les montants de décaissement. D’ici fin octobre 2009, nous aurons engagé sur les 307 millions $ us prés de 80% et nous serons à deux ans de la fin du Programme. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas d’inquiétude sur la consommation des 307 millions $ us. Donc ce que je peux dire aujourd’hui aux béninois, c’est que nous avons reçu 307 millions $ us qui sont rattachés à des activités que nous avons retenues, ce montant sera entièrement consommés. Je dirai même que pour certaines activités nous aurons besoin de ressources complémentaires pour pouvoir les réaliser.
Moi je me réjouis beaucoup aujourd’hui de ce que nous venons de faire parce que signer des contrats de ces montants là dans le contexte qui est le notre, c'est-à-dire celui des pays en voie de développement, ce n’est pas chose aisée, nous l’avons réalisé et je remercie toute l’équipe qui a travaillé avec moi pour le faire parce que je ne suis que le porte-parole d’une équipe. C’est le résultat de toute cette équipe que nous exhibons aujourd’hui et nous sommes fiers de le faire.
Au regard de l’actualité et pour rassurer les béninois, pouvez-vous nous dire un mot sur le processus qui a conduit au choix des entreprises qui ont gagné ces différents marchés ?
D’abord il faut dire que les marchés dont nous parlons seront payés sur les fonds publics et pour gérer les fonds publics, il faut que deux choses soient en permanence présentes à l’esprit de ceux qui gèrent ces fonds là : la maturité et la responsabilité. La maturité de savoir qu’on est intendant et non propriétaire des fonds et la responsabilité qui est liée au respect des procédures. Et c’est ça notre leitmotiv
Parfois ça prend du temps mais il faut prendre le temps nécessaire pour bien faire les choses. Dans le processus qui a conduit à la signature de ces contrats, nous avons commencé depuis juillet 2008 où nous avons lancé les appels d’offre. Il y a eu précédemment une phase de pré qualification à l’issue de laquelle des entreprises ont été retenus en short list. Ces entreprises ont été traitées de la même manière, les mêmes informations leur ont été données au même moment, et des visites de sites ont été faite en même temps. Il faut dire que MCA-Bénin n’est pas seul membre de ce panel de sélection qui a regroupé tous les acteurs impliqués et les résultats sont consultables sur internet. Aujourd’hui nous avons déjà signé plus de six cents contrats à MCA-Bénin mais sans une seule contestation. Nous avons déjà engagé plus de cent milliards de francs CFA et nous n’avons pas eu une seule contestation parce que la maturité et la responsabilité étaient au rendez-vous.
Maintenant qu’il est question de signature de contrats, les béninois se disent que les choses vont vraiment démarrer à MCA-Bénin et voudront savoir à quand la signature des autres contrats concernant les quatre autres lots restant ?
Nous allons signer dans le courant du mois de septembre octobre de cette année 2009, le troisième lot qui fait un peu plus de 40 millions $ us soit environ 18 milliards de francs CFA. Les autres contrats c’est-à-dire le lot4, le lot5 et le lot6 vont être signés d’ici décembre. Dans la même foulée, nous allons passer sur le Projet accès à la Justice où nous aurons à construire huit tribunaux de première instance, la Cour d’Appel d’Abomey et le Centre de Documentation Juridique. Et là nous avons également près de 20 milliards de francs de contrats à signer et tous ces contrats vont être signés avant décembre de cette année 2009.
Je voudrais, pour conclure, rappeler que MCA-Bénin comme je le dis toujours, c’est un programme de cinq ans et on ne peut pas avoir les résultats de la cinquième année à la première ou à la deuxième année, attendons la cinquième année et nous serons tous heureux de voir les infrastructures qui sont prévues.
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