Lettre ouverte au patron du football béninois

Nos sincères félicitations, Monsieur le Président, pour accompagner votre brillante reconduction à la tête de la Fédération béninoise de football (FBF). Le patron de l’organisme dirigeant du sport roi dans notre pays est aussi et en quelque manière un roi. Souhaitons de voir le football, sous votre règne, écrire les plus belles pages de son histoire. La qualification de notre onze national à la phase finale de la CAN 2008 au Ghana est à porter à votre actif. C’est au cours de votre premier mandat. Qu’en sera-t-il pour la phase finale de la CAN 2010 en Angola ? Les phases éliminatoires sont en cours et une qualification de notre pays confirmerait votre exploit de 2008 au Ghana. Exploit, c’est trop dire, puisque nous avons été la lanterne rouge de la compétition.

Chaque fois qu’il est question de l’équipe nationale, nous nous sentons un peu tout au sommet d’un grand arbre qui nous cache malheureusement la forêt dense des maux qui gangrènent notre football. C’est à peine que nous voyons les clubs englués dans la misère la plus noire. C’est à peine que nous discernons les vilains bobos qui enlaidissent l’environnement, l’encadrement, l’organisation et le financement de notre football. Ignorer le mal dont on souffre ne met pas à l’abri de ce mal.
Vu de l’extérieur, tout paraît obscur, et rien ne semble être rationnel dans notre football. Ne pensez-vous pas, Monsieur le Président, qu’il est de votre devoir de rendre notre football plus lisible dans ses ambitions, plus intelligible dans ses résultats, plus fluide dans ses pratiques ? Par exemple, un football sans championnat est comparable à une fête de « Nonvitcha » sans « yêkêyêkê » ni « blolo ba ». Car un championnat digne de ce nom ne fait pas dans la demi mesure. Il est une fête totale ou il n’est pas. C’est le baromètre par lequel un football éprouve sa popularité auprès du grand public, exalte l’attachement des supporters aux différents clubs en compétition.

Publicité

Vous nous avez privés de trop de fêtes. Et nos week-ends qui voient nos stades fermés sont tristes à mourir. Vous rendez-vous compte, Monsieur le Président, que vous nous avez ainsi réduit à n’être plus que des pantouflards du dimanche avachis dans nos fauteuils de téléspectateurs s’abreuvant du spectacle des championnats des autres.

Est-ce à dire que le football béninois est à circonscrire à l’équipe nationale ? Devons-nous parler de onze écureuils perdus dans le désert du football béninois ? Allons, Monsieur le Président, nous ne souhaitons plus vous voir régner sur un désert. Vous n’êtes pas, que nous sachions, un bédouin. Vous êtes un Yoruba bon teint nourri au lait toujours abondant de la ville capitale aux trois noms Adjatchê, Hogbonou, Porto-Novo. C’est dire que vous êtes à la confluence de plusieurs courants de cultures et de vies. L’inspiration ne devrait donc pas vous manquer pour imaginer, innover, inventer créer.
Pour ce faire, Monsieur le Président, vous devez constamment garder à l’esprit les circonstances de votre réélection qui confine à un plébiscite. Vous êtes, au vrai, le produit d’un large consensus. Vous avez donc une réputation de rassembleur à asseoir. Ce sera tout à votre honneur. Les enfants ne se battent pas au chevet de leur père ou mère agonisants. Car notre football est malade, mal en point. Il est moribond. Vous êtes commis, par votre réélection, à une mission de renaissance, pour ne pas dire de résurrection. Vous ne pouvez le faire tout seul. Rassemblez, sans trêve ni repos. Réconciliez sans réserve ni calculs. Car il se fait tard. Nous refusons d’être des travailleurs de la onzième heure prostrés et sans ressort, au chevet de notre football malade.

Considérez donc que vous êtes en mission commandée. Ceux qui ont su joindre leurs suffrages pour vous porter à la tête de la Fédération ont des raisons précises d’avoir agi ainsi. Sortez de votre esprit que vous êtes un superman qui connaît bien la maison. Et au cas où vous penseriez un seul instant que vous avez qualité et pouvoir à être le gourou de notre football, détrompez-vous. Vous bénéficierez de la confiance de vos pairs tant que vous resterez tel qu’ils vous apprécient : un homme de contacts, de relations et de réseaux. Si la nature a voulu ainsi faire de vous une araignée qui sait bien tisser sa toile, c’est pour que vous mettiez vos qualités et capacités au service du rayonnement de notre football, bien au-delà du périmètre national.

Vous aurez constaté, Monsieur le Président, que nous ne nous sommes pas préoccupé de programme dans cette lettre ouverte. Surtout en cette veille de la grande aventure de la professionnalisation de notre football. Seule la joie de votre réélection nous a guidé, sollicitant plus notre cœur que notre raison. Parce que conforté par ce mot de Joseph Joubert : (Citation) « La raison peut nous avertir de ce qu’il faut éviter ; le cœur seul dit ce qu’il faut faire. »(Fin de citation) Que Dieu vous éclaire et éclaire votre chemin. Bon succès.

Publicité

Jérôme Carlos

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité