Présidentielle 2011

La bataille de Porto-Novo a commencé

L’élection présidentielle de 2011 ne sera pas une partie de plaisir entre les différents candidats. Si le ministre Fagnon a donné le ton avec ses propos tenus il y a quelques mois à Dassa, qui présagent de la passion qui va régner en 2011, la semaine dernière, le ramadan et la célébration de la journée de la paix lance l’âpre bataille qui s’annonce dans la capitale du Bénin, Porto-Novo.

Le ton est donné. Porto-Novo, la capitale du Bénin sera âprement discutée entre les différents candidats. Notamment, le chef de l’Etat actuel, Boni Yayi et le candidat du Parti du renouveau démocratique (Prd), Me Adrien Houngbédji. Deux événements majeurs nous offrent l’occasion de le constater. D’abord, la célébration de l’Aid El Fitr ou le ramadan. En effet, le président de la République, Boni Yayi, a jugé bon d’aller fêter aux côtés de ses anciens coreligionnaires de Porto-Novo. Fait a priori normal. Mais, pour tout observateur averti de la vie politique du Bénin depuis 2006, il est aisé de savoir que le chef de l’Etat ne poserait aucun acte de cette portée-là sans au préalable analyser les dividendes politiques. Et apparemment, c’est bien le cas. En marquant de sa présence physique la fête du ramadan, Boni Yayi a voulu démontrer qu’il est aux côtés de ses « frères ». Or, pendant le mois de jeûne, il avait déjà envoyé des dons à cette communauté. Il fallait donc aller récolter les manifestations de gratitude, les prières et bénédictions des musulmans. D’où sa présence dans la cité des Aïnonvi. Pour parfaire l’opération de charme, Boni Yayi a décrété le lendemain du ramadan férié. Pouvait-on mieux exprimer les intentions courtisanes d’un candidat qui chaque jour qui se lève ne demande qu’à se voir auréoler d’un second mandat à la tête du pays? Plus que quiconque, il sait que Porto-Novo est un bastion du Prd réputé imprenable. Plus que quiconque également, il sait que qui veut aller loin, ménage sa monture. Il faut donc s’y prendre très tôt afin de pouvoir rogner l’électorat du parti arc-en-ciel. Ce dernier, ayant aussi compris l’enjeu, n’a pas attendu d’être surpris. Les militants Prd poussent déjà des caquètements pour éloigner toute personne voulant empiéter sur leur précarré.

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Le Prd veille au grain

Le soldat de service a nom, Moukaram Océni, maire de la capitale. Ce dernier, alors qu’il était convié à la remise du flambeau de la paix dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la paix sur ses terres, a tout bonnement décliné l’offre. Les motifs évoqués sont entre le fait que le gouvernement même ne pose pas des actes allant dans le sens de la sauvegarde de la paix ou encore que le conseil municipal a mieux à faire que de participer à une telle manifestation. Toute chose qui n’est pas dénuée d’intérêt pour le parti dont il est issu, le Prd. Par un tel acte, les Tchoco-tchoco entendent délimiter ainsi leur fief. Il s’agit d’avertir toute personne aux allures de conquistador de savoir qu’elle est en terrain conquis. Le message est d’ailleurs adressé à qui de droit. Ces derniers ne se sont pas non plus arrêtés à mi-chemin.   Le Prd d’une manière ou d’une autre a obtenu le soutien de ses alliés des G et F.  À travers une lettre adressée au Pnud, qui financé l’événement, les G et F ont estimé que prendre part à un pareil événement serait tout simplement une caution aux actes  anti pacifistes du chef de l’Etat et de son gouvernement. A titre de preuve, ils ont rappelé certaines violations des lois de la République et bien d’autres actes qui ne favorisent pas la sauvegarde de la paix dans le pays. Un tel appui, n’a d’autres buts que de montrer aux Porto-noviens que le refus de leur maire, élu Prd, est juste et noble. Par conséquent, ils doivent continuer faire confiance au Prd et à ses leaders. 

Le cinquantenaire de l’indépendance du Bénin, l’autre rendez-vous brûlant en 2010. Ville retenue pour les festivités, Porto-Novo. Selon des observateurs, ce sera une fois de plus l’occasion aux uns et aux autres de se mesurer sur le terrain. Le Prd, à la tête de la municipalité, devra tout œuvrer pour attribuer la bonne organisation et la réussite de l’événement à son parti. Dans le même temps, le régime au pouvoir, qui doit financer les manifestations, vu leur caractère national, ne lésinera pas sur les moyens pour s’attirer la sympathie des populations porto-noviennes. Il y a donc en perspective, de croustillantes étapes de la bataille de Porto-Novo, pour ces deux parties qui entendent pour l’une, affirmer son hégémonie politique au sein de la capitale et, pour l’autre,  la conquérir, sur le chemin de la Marina en 2011.

Benoît Mètonou

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