Appel de Cotonou contre les faux médicaments

Le folklore de Chirac et des chefs d’Etat africains

L’appel de Cotonou contre les faux médicaments a été lancé, lundi dernier. Même si dans la forme, c’est une bonne vision, il apparaît tout de même comme une pure comédie de l’ancien président français, Jacques Chirac, et des chefs d’Etat africains qui étaient à ses côtés au palais des congrès de Cotonou.

Lutter contre les faux médicaments n’est pas un mal en soi. Les dégâts créés par ces produits illicites sur la santé de l’homme ne sont plus à démontrer. L’appel de Cotonou contre les faux médicaments est apparemment une bonne initiative de la fondation  « Chirac ». Mais à l’analyser de près, il en ressort clairement que cela ressemble a du folklore  de l’ancien président français, Jacques Chirac, et des chefs d’Etat africains présents à la cérémonie de lancement. Aujourd’hui, l’heure n’est plus aux discours. Il faut agir et poser des actes concrets. De ce fait, la lutte contre les faux médicaments doit faire l’objet d’une stratégie consistant à aller attaquer le mal à la racine. C’est cela le combat le plus difficile.  Le président Chirac, les chefs d’Etat africains et la communauté internationale savent très bien  là où se fabriquent les faux médicaments qu’ils  se plaisent à dénoncer. Ces entreprises qui produisent ces déchets sont basées dans les pays occidentaux. Elles ont de grands chiffres d’affaires et inondent les pays du tiers-monde des produits toxiques avec la complicité des autorités à divers niveaux.  Dans ces conditions, pour mener véritablement un combat contre les faux médicaments, il faut prendre des mesures pour fermer les usines qui les fabriquent. Est-ce possible ? Apparemment non, quand on sait le rôle et l’influence de ces multinationales dans le jeu politique en Afrique, en Europe et partout dans le monde. Dans certains milieux, on les appelle les décideurs. Et, l’ancien président français en sait quelque chose. C’est pourquoi, il n’a certainement pas pris le risque de les affronter au moment où il était au pouvoir. Que peut alors un Chirac qui n’est plus dans le cercle fermé des dirigeants du monde contre ces entreprises de production de faux médicaments qui envahissent surtout l’Afrique et le reste du monde ? Rien.

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Pauvreté

En dehors de cela, la lutte contre ces produits doit faire l’objet de véritables contrôles aux frontières, aéroports et ports. La corruption ayant atteint tous ces milieux, c’est  plus facile de retrouver ces produits dans les marchés, parfois dans les pharmacies. A l’heure actuelle, que peuvent les autorités contre l’importation et la circulation des médicaments illicites ? Pas grand-chose ! D’ailleurs, conscients de l’existence du mal, les dirigeants africains en font un fond de commerce. Par exemple au marché Dantokpa à Cotonou, les vendeurs de ces produits nocifs à la santé paient des taxes. Alors, le président Boni Yayi peut-il lutter contre ce commerce illicite ? Dès lors, tout porte à croire que les responsables à divers niveaux ont décidé de sacrifier la vie des populations à cause de leurs intérêts.

La lutte contre les faux médicaments doit aussi passer par le combat contre la pauvreté. La plupart de ceux qui vont s’approvisionner sur le marché noir,  n’ont pas les moyens d’aller dans les officines. Alors le médicament, un produit précieux, se vend au vu et au su de tous au bord des voies. Cela fait rire plus d’un quand on voit le président Boni Yayi et ses collègues de la sous-région prononcer des discours contre la consommation des faux médicaments en ignorant qu’ils ont une grande part de responsabilité dans l’évolution du mal. En effet, il n’est plus un secret pour personne que la mauvaise gouvernance, érigée en système de direction en Afrique, depuis les indépendances, est à la base de cette malheureuse situation. Ils doivent comprendre qu’ils doivent changer leur mode de gestion des affaires publiques pour réduire l’extrême pauvreté de leur peuple qui, pour se soigner, est obligé de recourir au poison. Ce n’est qu’un rêve, car en Afrique, le pouvoir est le moyen le plus sûr de s’enrichir. C’est pourquoi, quand ils arrivent au sommet de la pyramide, ils s’y accrochent éternellement.
Sans trop polémiquer, il n’est pas sévère de dire que l’appel de Cotonou contre les faux médicaments est une pure comédie.

Jules Yaovi Maoussi

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