Au nom de la discrimination commercialement positive

Un oiseau dans le réacteur d'AIR FRANCE

Décidément! Après avoir subi, jusqu'à la veille du départ, l'épreuve du visa, on pourrait s'imaginer qu'on est enfin devenu un passager comme un autre. Ce serait l'idéal; mais tel ne fut pas le cas, ce vendredi 16 octobre à COTONOU où le vol AF 813 a été victime d'une avarie de machine, suite à l'ingestion d'un oiseau par l'un de ses réacteurs, probablement à l'atterrissage… Le plus curieux, c'est la capacité d'intervention des équipes techniques d'AIR FRANCE qui ont pu permettre au vol AF 813, initialement prévu au départ de cotonou ce vendredi 16 octobre à 23h05, avec une arrivée le samedi à 6h10 à Paris Roissy Charles de Gaulle, de poursuivre sa rotation, dès 17h20 ce même samedi 17 oct, mais, cette fois, sans les passagers dont la plupart, livrés à eux mêmes, n'ont pu être logés par la compagnie dans les hôtels de la place comme les franco français.

Cherchez l'erreur! En fait il ne s'agit pas d'une erreur d'aiguillage mais d'une discrimination proprement commerciale des bougnouls qui ont dû se plier en quatre pour aller prendre un autre vol Air FRANCE prévu à 23H05 à LOME, le lendemain samedi 17, afin d'être présents à leurs rendez vous respectifs à Paris.

Pour des gens qui n'ont plus fait la traversée de nos fameuses frontières, bien jalousement gardées malgré le principe de la libre circulation des personnes dans l'espace CEDEAO, cet épisode inattendu de l'oiseau dans le réacteur de l'appareil qui venait de se poser, quelques heures plus tôt à l'aéroport de cotonou, apporte, une fois de plus, la preuve qu'un africain qui a payé une petite fortune pour s'offrir son voyage, lui aussi sur les ailes de la première compagnie en qualité de service chez les indigènes, ne compte que pour du beurre.

Il est vrai, ce n'était pas une banale panne, en soi. C'est ce qu'on appelle couramment le péril aviaire, dans le jargon de l'aéronautique, qui survient lorsqu'un oiseau percute le pare-brise d'un aéronef ou est aspiré par les réacteurs, pouvant entraîner des pannes sérieuses de moteurs ou des accidents pouvant aller jusqu'à l'incendie dudit réacteur.

Conséquence, l'avion est souvent contraint de se poser, quelques minutes plus tard, sur un aéroport de dégagement s'il a déjà pris son envol et ne peut pas prendre le risque de revenir, en toute sécurité, sur l'aéroport de départ, avec sa surcharge de carburant. Ces types de collisions avec des avions civils génèrent chaque année dans le monde, des coûts estimés à plus du milliard de dollars. En 2000, ils avoisinaient 1,2 milliard de dollars.

Rappelez vous, Le 15 janvier 2009, un Airbus A320 d'US Airways avec 155 personnes à bord amerrissait dans les eaux froides de l' Hudson à NewYork. Un veritable miracle et la cause ce fut vraisemblablement un oiseau de taille inhabituelle ou plusieurs oiseaux; fort heureusement aucun mort à déplorer.

De nombreuses causes de ce type, peuvent justifier des mesures de précaution de toutes natures, sans toute fois que les personnes qui en patissent toujours commercialement soient ces mêmes africains à l'égard desquels les avantages qu'on peut devoir à la clientèle dans un aéroport ou les indemnisations dues aux voyageurs en cas d’inexécution des obligations à la charge du transporteurs fassent l'objet d'une mesurette, à la tête du sous client, comme s'il en existait.

S'il est un domaine où la discrimination positive existe depuis longtemps, sans toutefois faire débat, c'est bien le commerce.. Comprenez alors qu'il s'agit plutôt pour la compagnie AIR FRANCE, qui semble mieux incarner la négrophobie qui est un fait des rapports inégalitaires dont nous avons hérités des blancs et avec lesquels nous avons appris à vivre depuis si longtemps, de réalités qui seraient modulables selon le contexte et les individus; ce qu'elle applique bien à sa guise.

Lorsque vous êtes moins regardant dans vos droits et que vous demandez un billet pour aller en BELGIQUE, au départ de Cotonou, aujourd'hui, on vous vend systématiquement, en plus, le train (TGV), avec en prime les tracasseries policières en France que vous ne visitez pourtant pas et la grosse galère des bagages qu'on vous lâche toujours négligemment sur les quais, à votre arrivée à destinnation, si vous ne vous les coltinez pas dans des conditions épouvantables de montée et de descente dans les gares.

Le transport aérien international de personnes répond à des règles.

Ce sont des droits applicables à tous, qu'il ne faudrait pas confondre avec les règles pour les animaux ou les bagages transportés. Aucune d'entre elles ne doit être discriminatoire, malheureusement il manque assez de voix chez nous pour s’élever contre ce état de chose.

Dans une situation où la concurrence en Afrique est de plus en plus réduite à sa plus simple expression, nous ne nous étonnons plus qu'il n'existe plus aucune enchère pour ces destinations sur le site d'AIR FRANCE, ni la moindre offre propotionnelle, si elle ne s'adresse pas qu'aux personnes aux pouvoirs d'achat plus faibles des pays du sud, quoi de plus normal sur des lignes où les coefficients de remplissage demeurent encore conséquents!

Pensez vous que c'est dans la résignation qu'on trouvera les solutions? Nous devrions arrêter de nous singulariser, en adoptant des comportements plus dignes, dans ce monde où le retard qu'on nous attribue en matière de développement ne doit pas nous exposer continuellement à des complexes qui nous empêcheraient de voir où sont nos droits et nos intérêts afin d'arriver à nous battre sur les mêmes terrains que tous, c'est la moindre des choses.

Même si les autres compagnies opérant sur la même destination n'offrent pas plus d'égards à la clientèle, que la compagnie du pays des Droits de l'Homme, il y a lieu de commencer à s'inquiéter sérieusement, face à tous ces traitements dégradants infligés aux passagers de l'autre zone ou des lignes africaines qui souscrivent pourtant le même contrat, dès qu'ils ont acquitté leur titre de transport.

Si AIR FRANCE pouvait s’en émouvoir en prenant délibérément le pari de faire la lumière sur ses motivations réelles, dans le traitement qu'elle a fait de cette affaire, les passagers qui ont payé leurs nuits et leurs transports jusqu'à Lomé, puis jusqu'à l'aéroport de la même ville, pourraient être convaincus qu'ils n'ont pas été que des didons de la farce, comme l'avaient déjà été bien d'autres communautés dont on ose brader allègrement les droits.

Le vol Air France 218 devait emmener 169 passagers en provenance des Etats-Unis à destination de Mumbai, un samedi soir, mais a été contraint de faire demi-tour sur Paris, quatre heures après le décollage à cause d'un problème technique. Les passagers de nationalité indienne affirment qu'alors que les autres passagers étrangers en transit ont été logés dans des hôtels, eux n'ont eu d'autre choix que de dormir dans l'aéroport. Ils affirment également n'avoir reçu qu'un sandwich et une bouteille d'eau pendant leurs 28 heures passées à Roissy.

Pensez vous cela possible avec le monsieur tout le monde français?

Dans de telles situations, ce sont des associations spécialisées qui doivent éduquer les usagers et servir d’interface, pour élever la contestation pour leur compte, le cas échéant. La rentabilité ne doit pas priver l’humain de la place que lui confèrent les droits et règlements, même si l’humain dont on parle c'est un Africain qui, sans être vraiment compatissant, n'est qu'un pauvre contemplateur du blanc

Désiré Christian HOUSSOU

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