Quand l’Afrique présente l’addition de 65 Milliards de dollars aux gros pollueurs…
le prochain sommet sur le climat de Copenhague présente déjà des aspects d’un test pyrotechnique. Le feu (au boulier chinois, au haut-de-forme de l'oncle Sam et à l'Ecu européen) viendra cette fois-ci de l’Afrique qui après tant d’années de division, de cacophonie et de couardise se rebiffe enfin. L’Afrique a fait savoir qu’elle y exigerait des réparations et des dédommagements – position fermement soutenue par l'UA -. Mais avant, elle a évaluée la facture des réparations du dérèglement et réchauffement climatique, et leurs effets néfastes sur le continent, à travers la réalisation d'une trentaine de projets continentaux. C’est la substance donc des préoccupations légitimes africaines déclarées lors d’un forum de préparation du sommet regroupant plusieurs Chef d’Etat (six) et de personnalités continentales et internationales, ce 11/10/09 à Ouagadougou.
le cercle moins vertueux des pays industrialisés retiens son souffle…
Les pays africains, malgré le fait qu’ils n’émettent qu’environ 20 pour cent des gaz à effet de serre, sont disposé à lutter efficacement contre les phénomènes et désastres écologiques. Non seulement ils sont les premières victimes en termes d'inondations et de sécheresse ; en plus ils souffrent de l’intransigeance des pays émergents et de la myopie de vieux pays industrialisés. Avec tous les impacts négatifs qu’il draine, le réchauffement climatique est une question qui divise la communautaire politique et financière internationale.
Les pays émergents ont toujours marqué leur réticence à s'engager à fond dans la lutte contre le changement climatique tant ils estiment que cela constitue un moyen pour les vieux pays industrialisés de limiter leur expansion et de freiner leur progression ; ainsi que dans le financement des moyens et voies pour sa résorption ; ce qu'ils attribuent essentiellement aux vieux pays industrialisés. De leur côté, les vieux pays industrialisés estiment beaucoup moins polluer de nos jours grâce aux systèmes de veille écologique mise en place un peu partout dans leur sphère. Aussi, les vieux pays industrialisés plaident-ils pour une coresponsabilité financière entre les différents acteurs pollueurs de la scène économique internationale.
Quant à l’Afrique, longtemps marginalisée, toujours avec une soif intacte et non occultée de développement, elle n’envisage plus faire le double frais de la limitation de sa propension à l’industrialisation et le pillage éhonté de ses ressources minières et matières premières – qui continu grâce à l’affermissement de mécanismes suranné et des artifices de dépréciation des termes des échanges Nord/Sud -.
Pollueurs payeurs !
Aujourd’hui, l’Afrique ose dénoncer les vrais coupables et responsables des crises écologiques et environnementale dont souffre la planète. Et elle affiche et affirme clairement, à l’unisson, ses intentions au sommet dans le concert des Nations, au grand dam des pays émergents et des vieux pays industrialisés. Ainsi, les dégâts environnementaux ; les risques écologiques majeurs et le réchauffement climatique doivent être réparé par ceux là même, les principaux acteurs qui les ont causé ou qui en sont à l’origine.
Si les enjeux écologiques et environnementaux sont maîtrisé – ou tendent à l'être – dans la quasi-totalité des vieux pays industrialisés grâce à la relative attention des pouvoirs publics, au travail et à la vigilance des ONG. Force est de constater que dans les pays émergents les soucis et considérations ne sont pas les mêmes. C’est plus la logique d’une course effrénée à l’industrialisation et au cynisme écologique qui prévaut.
Aussi, d’un autre côté, le déficit industriel que traîne l’Afrique depuis des décennies ; ce déficit, ne l’a pas préservé des effets néfastes du dérèglement climatique ni des catastrophes écologiques ou environnementales de toute nature. L’Afrique est frappée pareille, même plus à certains égards. Pourquoi ? Parce qu’elle a importé – absolument , à son corps défendant, et du fait de la connivence de l’oppression de ses élites et gouvernants – les infrastructures de la dévastation de ses sol, sous-sol, fleuve, lac, océan… Les dégâts causés à l’environnement, au climat et à l’humanité, par les vieux pays industrialisés ne se sont pas limité à leur seul territoire – métropole – ; leurs dépendances, départements et colonies aussi ont du subir de plein fouet les affres d’un tel prosaïsme écologique, environnemental et d’exploration économique. Les problèmes écologiques, environnementaux et sanitaire dont souffrent aujourd’hui les pays africains ont forcement des origines lointaines et peu glorieuses pour les vieux pays industrialisés – au pouvoir absolu et airain sur les petites colonies sans défense, meurtries, violentées, pillées dans une absolue et étreinte domination colonisatrice, et misent sous coupe réglée depuis la pseudo autonomisation jusqu’à la récente et opaque indépendance -. Cet état de fait se poursuit encore aujourd’hui, et a un bel avenir tant que les dispositions préventives et répressives majeures ne seront pas prise. Est-ce que la France, la grande Bretagne et les USA ont conscience des risques que font quotidiennement courir aux populations africaines leur supers agents économiques que sont les fleurons de leur industrie, les multinationales pétrolières, diamantifères, nucléaires, extractives et autres matières premières, etc… en Afrique ? Non. Pas vraiment ! Pour qui a déjà vu dans quelle condition est transporté l’uranium – soutiré au peuple nigérien – par voie terrestre du Niger jusqu’au port autonome de Cotonou au Bénin où il est embarqué par voie maritime pour la France, doit se poser la sérieuse question de la révision des accords financier, sécuritaire et sanitaire dans l’exploitation de certains business à haut risque. Forcement, l’écosystème et l’environnement écologique africains en pâtissent. Et la taxe carbone, qui consiste à financer une action "verte" dans un pays du Sud pour "racheter" une pollution au Nord ne semble pas trop intéresser ses gros pollueurs et fossoyeurs des économies africaines.
Quel avenir industriel pour l’Afrique
Quel est l’intérêt pour l’Afrique de se soumettre à cette extrême rigueur de limiter sa propension en matière d’industrialisation, si les grands pollueurs d’hier et d’aujourd’hui n’affichent pas une meilleure volonté économique, financière et technologique pour contribuer au règlement du réchauffement climatique ?
L’environnement en Afrique souffre de plusieurs maux qui freinent le développement du continent. A ces maux viennent s’ajouter la spirale de l'énergie chère et le dérèglement climatique. Nul doute que cette spirale menace profondément les équilibres écologique, économique, politique, social et alimentaire des pays africains déjà précarisés par des facteurs extérieurs et la mal gouvernance ; la rareté et (ou) l’abondance liée à une très forte pluviométrie, de l’eau. Face à une conjoncture économique internationale marquée par une flambée sans précédent des cours des hydrocarbures et des produits de base ; et face à une mondialisation galopante et de plus en plus amorale où la marginalisation, la précarité et les fractures sociales s’amplifient et s’approfondissent, le continent africain doit-il se soumettre à des restrictions concernant son développement pour son propre essor ? Qu’est donc devenu le fameux adage : « pollueur, payeur » ? Principe auquel essayent de se dérober les pays industrialisés aujourd’hui. Et pour quelle dépollution, doivent t-ils payer maintenant les vieux pays riches après plus de 300 à 400 ans d’industrialisation sauvage et de pollutions et d’érosions tous azimuts ? Et les pays émergents pourquoi refusent-ils de payer la facture qu’ils ont lourdement contribué à aggraver ? parce que s’estiment-ils , peut-être à juste titre, n’avoir pas autant pollué que les vieilles nations industrialisées. Mais peut-on accepter la perpétuation de pratiques dangereuses, destructrices pour la survie de l’humanité et la pérennité de nos richesses et ressources collectives, sous prétexte que l’équilibre n’est pas respecté ou le degré de nuisance ou de destruction de l’écosystème, en matière de pollution, n’est pas égalé ou atteint par un tel ?
Une prise de conscience certaine
Le problème de développement dans nos pays africains est un tout indissociable, une œuvre cohérente et globale qui s’inscrit dans la durée et dont toutes les composantes – recherche, industrie, environnement, écologie, tourisme, écotourisme, sont solidaires et interdépendantes et où toutes les dimensions économique, politique, fiscale, sociale, énergétique, santé publique et sanitaire évoluent de manière concomitante. La crise écologique, la crise du pouvoir d’achat et la crise alimentaire ; toutes ses crises ayant pratiquement les mêmes fondements et les mêmes causes, apparaissent comme pour durer éternellement en Afrique et peut-être dans le monde entier ; tant les moyens financier et technique pour en venir à bout n’existent pas ou prou en Afrique.
Les africains sont plus que jamais conscients que l’Homme – tel qu’il soit, quel que soit sa couleur de peau, son origine et son lieu de résidence -, sa promotion et son épanouissement constituent la finalité de toute œuvre de civilisation. La volonté, en Afrique, existe de réduire partout sur le continent les émissions de gaz à effet de serres essentiellement dues à la consommation d’énergies fossiles et biomasse. Mais il faut que cette volonté soit accompagnée de l’assistance technologique nécessaire et des aides financières adéquates pour l’acquisition et l’utilisation de technologies propres pour énergies renouvelables propres permettant également de réduire la pauvreté.
Les responsables des pays industrialisés et ceux des pays émergents doivent sérieusement réfléchir à mieux aider les pays africains et tous les pays pauvres du monde pour mieux lutter contre le dérèglement et le réchauffement climatique sans toutefois occulter leur désir de développement et d’industrialisation ni bafouer leur droit d’utiliser la potentialité de leurs ressources, sans causer un déséquilibre écologique majeur .
Par conséquent, le financement équitable de la limitation et de la réparation des dégâts causés, entre pollueurs patentés ainsi que l’instauration d'une instance de financement et d’une police environnementale mondiale serait plus efficace que les discours oiseux et "caporalistes″ tenus depuis Rio. Le monde est certainement lié au même destin mais les hommes le vive différemment, ce destin, selon l’endroit où ils se trouvent. Quand l’Afrique est sous les eaux pluviales et ses enfants affamés rendent quotidiennement leur dernier soupir ; ses élites désemparés reste totalement désarmés, et sa jeunesse désoeuvrée dressée contre les flots à la rencontre du mirage occidental. Forcement, cela se passe d’un jugement cynique ou d’un procès d’intention.
Non, il ne faut pas parler de grosses exigences financières à l’Afrique ni lui réclamer quoi que ce soit de pécuniaire en matière de dérèglement climatique. Il faut juste lui rende dignement un peu de ce qu’on lui a injustement et brutalement pris, enlevé des décennies durant afin qu'elle tâche de relever ce défi écologique. Et soixante-cinq (65) milliards de dollars – c’est le montant évalué par les experts africains , et nécessaire aux projets africains des réparations -. C’est vraiment trop peu, comparés aux seuls dégâts des inondations connues au Bénin, Lomé, Dakar, etc., rien que cette année 2009. Et il y en a beaucoup du côté de Bruxelles, Paris, Londres, Berlin, Bern, Madrid, Rome, Washington, Toronto, Tokyo, Beijing, Séoul, New Delhi, Brasilia, Buenos-aires, Mexico etc., qui trouveront sûrement et honnêtement cela : légitime, audacieux et correct de la part de l’Afrique qui a décidé d'agir.
Par Guillaume ADOUVI
12 octobre 2009 – www.sikainfo.com
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