Liberté de presse au Bénin

Le gouvernement interpellé (lire le rapport de l'Upmb)

Reporters sans Frontières vient de publier le rapport sur le respect de la liberté de presse dans tous les pays du monde. Le Bénin se retrouve à la 72ème place. Un rang qui doit faire réfléchir les autorités publiques de ce pays qui, depuis leur avènement aux affaires voir dégringoler le Bénin dans le classement.

Pour la troisième fois consécutive, le Bénin a régressé dans le classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse. 70ème  en 2008, il occupe aujourd’hui la 72ème place au grand dam des acteurs de la presse. Les raisons d’un tel recul sont à deux niveaux. Primo, le manque de professionnalisme de certains journalistes. En effet, la publication de certaines informations non prouvées, amène des personnes indexées dans l’article à avoir recours à la justice. Toute chose qui constitue un mauvais point au tableau du Bénin dans ce domaine. Il s’impose alors que les acteurs des médias fassent montre de beaucoup plus de professionnalisme dans le traitement de l’information sans toutefois tomber dans un journalisme mercantiliste. Secundo, la responsabilité de l’Etat. On ne saurait dire que le pouvoir actuel milite pour le respect de la liberté de la presse. En témoigne la dégringolade entamée depuis son avènement à la tête du pays. Rien également n’est fait pour restaurer  la palme que détenait le Bénin en la matière en Afrique et dans le monde. Les raisons ne sont pas à chercher loin. Il y a en bonne place les contrats « avilissants » qui lient certains organes de presse au gouvernement et qui chantent  à longueur de parutions les louanges des gouvernants. Un autre point, la caporalisation des médias publics par le gouvernement et ses partisans.

Nul n’ignore toutes les peines qu’éprouve l’opposition à accéder à la télévision nationale où les débats contradictoires ne sont que de vieux souvenirs. Cet état de choses a immanquablement pesé dans la balance. Mais apparemment, le gouvernement du Dr Boni Yayi ne s’en soucie guère. Si non comment comprendre que depuis trois ans que le Bénin est en chute libre, aucune réflexion n’est menée pour corriger le tir. Ce ne serait pas exagéré de conclure que le gouvernement se fout du rang que peut occuper le Bénin en matière de respect de la liberté de presse. Quand on se targue d’être le laboratoire de la démocratie en Afrique, on ne perd pas de vue que « la presse est le baromètre de la démocratie ». Or c’est le contraire qu’on constate avec le gouvernement du changement.

B. M

Communiqué de presse de l’Upmb à propos de la Régression du Bénin dans le dernier classement de Reporters sans Frontières

L’Union des Professionnels des Médias du Bénin (Upmb) a reçu avec grand regret le dernier rapport de « Reporters sans Frontières » sur l’état de la liberté de presse dans le monde qui, dans son classement, constate que le Bénin a encore reculé, passant de la 70e place en 2008 à la 72e place en 2009. Rappelons que notre pays était 24e en 2006 et 53e en 2007. Les critères de Reporters sans frontières vont des agressions, emprisonnements et menaces aux données générales sur les médias dans chaque pays, en passant par les menaces indirectes, pressions, le non accès à l’information, l’autocensure, la main mise du gouvernement sur les médias publics, les pressions administratives et économiques, etc. Il est évident que cette 72e place n’honore point le Bénin dont la démocratie s’est toujours voulue un exemple au plan africain, l’état des médias étant un des baromètres de la démocratie. Ceci est la preuve que les maux qui minent la presse béninoise et qui ont souvent été dénoncés par les acteurs des médias et la société civile demeurent et s’empirent. Les autorités publiques, notamment celles gouvernementales sont une fois encore interpellées et sont mises face à leur devoir de promotion de la paix, de la démocratie et du développement du pays à travers la promotion de médias véritablement libres et professionnels. Tout en rappelant les professionnels des médias et patrons de presse eux-mêmes à leur conscience professionnelle afin qu’ils évaluent leur part de responsabilité dans ce classement, l’Upmb les invite à la mobilisation générale pour la sauvegarde des libertés chèrement conquises et à une professionnalisation progressive de la corporation.

Fait à Cotonou le 21 octobre 2009

Le Président de l’Upmb
Brice Houssou

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