Nicéphore René Avognon/ Président de Transparence et intégrité au Bénin

« Au Bénin, nous sommes à la lisière de la misère »

Professeur certifié d’Histoire et Géographie, Nic2phore René Avognon est depuis quelques semaines président de Transparence et Intégrité au Bénin (Ti-Bénin) qui est né sur les cendres de Transparency international Bénin. Il aborde dans cet entretien les raisons de leur désaffiliation du secrétariat de Berlin, des actions que la nouvelle Ti-Bénin entend mener pour inculquer la bonne gouvernance dans les esprits des Béninois. Il a également donné son avis sur les interminables communales débutées depuis mai 2008 et le sort qu’il faut réserver à l’affaire Cen-sad.

Monsieur le président de Transparence et Intégrité au Bénin, présentez-vous à nos lecteurs.

Je m’appelle René Nicéphore Avognon. Je suis professeur certifié d’histoire et de géographie. J’ai beaucoup travaillé avec Amnesty international dont je suis en ce moment le vice-président du comité intérimaire qui est chargé de revoir les textes fondamentaux en vue du prochain congrès et en même temps je suis le porte-parole de cette organisation au Bénin. En suite,toujours dans la vie associative, ça fait près de quatre ans que je suis à Tranparency international, et au cours des élections extraordinaires du 28 septembre 2009, j’ai été élu président de Transparence et Intégrité au Bénin (TI Bénin).

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Justement on est tenté de dire TI-Bénin est mort, vive TI-Bénin. Pouvez-vous nous dire les raisons profondes de ce changement de dénomination et de votre désaffiliation avec le secrétariat de Berlin?

Ti-Bénin est mort, vive Ti-Bénin, vive Transparence et intégrité au Bénin. Au commencement était l’action du Mgr Isidore de Souza, paix à son âme, qui a été le tout premier président de transparency international. Nous étions alors sorti de la conférence nationale. Vous savez, il a été tellement pris dans ses occupations, il était sollicité un peu partout en Afrique parce que nous avons eu cette chance d’avoir réussir notre conférence nationale.  Alors  Mgr de Souza ne voulant pas faire de cumule a fait appel à quelqu’un proche de lui pour prendre la direction de transparency international Bénin. C’était le professeur Roger Gbégnonvi qui a conduit Transparency international de main de maître. Etant un tout jeune mouvement et la toute première session en Afrique, nous n’avions pas les moyens et il y a une  institution qui s’est présentée pour nous aider. C’est l’Usaid. Elle a pris des engagements pour appuyer, pour collaborer avec Transparency international Bénin matériellement. Mais avec le temps, le comportement de l’Usaid n’a été du tout correct. Puisqu’elle a commencé par faire machine en arrière. Et au fil des événements jusqu’à l’épreuve des faits, Transparency Bénin a constaté que cette grande institution des Etats-Unis, qui travaille aussi pour la bonne gouvernance est manipulée par les agents locaux qui y travaillent. C’est ainsi que les affaires ont commencé par s’embrouiller entre Transparency Bénin et l’Usaid. Alors, l’Usaid à tout simplement envoyé un beau jour à Gbégnonvi pour vérifier sa gestion, l’inspection générale des fiances. Ce qui est irrecevable pour une institution internationale qui ne dépend pas du gouvernement.  D’un autre côté, il y a le secrétariat international de Transparency Berlin, nous l’avons su plus tard, qui utilise le nom de Transparency Bénin, nos compétences, nos qualifications pour aller collecter des fonds en notre nom. Comment nous avons su cela? Il y a une dame de la mission européenne qui est arrivée au Bénin dans le but de vérifier, de clarifier la gestion des fonds que l’Union européenne a mis à notre disposition. Mais nous n’avons jamais reçu un Kopeck de l’Union européenne. En ce temps,  le secrétariat international de Transparency de Berlin harcelait déjà le professeur Roger Gbégnonvi. « Voilà, si la mission européenne arrive, tu vas répondre ceci, tu vas répondre cela, vous avez reçu ceci, vous avez reçu cela ». Le comble du ridicule. Cet harcèlement montre déjà la conscience qu’a Transparency de Berlin par rapport à notre travail. Et à partir de ce moment, nous avons rejeté toutes les injonctions de Transparency Berlin. Alors, qu’est-ce qui reste à faire au moment où le pot aux roses est découvert ? Nous avons dis non, nous ne voulons pas travailler avec des gens qui ne sont pas     transparents et qui affichent une certaine transparence parce que nous à Transparency Bénin, nous sommes des gens transparents, nous sommes des gens libres, nous sommes des gens fiers. Et c’est tout simplement à cause de cela qu’au cours d’une assemblée générale en 2008 après plusieurs réflexions, on sait dit il est temps que nous nous  montrions véritablement Transparents et que nous quittions Transparency international. Ces gens-là nous ont aussi lancé des injonctions, si vous partez, n’utilisez plus notre dénomination. . Alors, le président Ahanhanzo Glèlè qui est déjà président, a sursauté. Il s’est dit, nous sommes dans une zone francophone, il est le Sherpa, il est le président de la commission permanant de la francophonie. Il n’est pas concevable pour nous membres de Transparency international Bénin, francophones que nous sommes,  puisqu’ils nous ont dit, n’utiliser plus le mot Transparency international. Alors qu’ils l’empruntent aux anglophones eux même. Nous avons dit, cela ne nous gène pas. Désormais on ne s’appellera plus Transparency international, nous sommes Transparence et intégrité au Bénin. La correspondance en français. Il y a d’autres sessions dans d’autres pays qui ont pris une dénomination locale, ce qui ne les éloigne pas de leur travail. Ils travaillent toujours pour la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Voilà ce que je peux dire rapidement concernant les turpitudes dans lesquels le secrétariat international de Transparency Berlin a plongé Transparency international Bénin. Maintenant on est plus Transparency international Bénin.

Qu’est-ce qui va réellement changer désormais?

Ce qui va réellement changer ? C’est ce que nous essayons de changer déjà. Puisque nous travaillons pour la bonne gouvernance, nous travaillons pour la lutte contre la corruption, nous travaillons pour la véritable éthique au plan de la politique, au plan social, au plan économique. Nous allons œuvrer pour que la bonne gouvernance que les autres n’ont pas, ils puissent l’acquérir. Nous sommes sereins. Nous avons un chronogramme assez riche au niveau de l’éducation, au plan estudiantin, au plan scolaire, au niveau de toute la population, nous avons un programme  pour éveiller la conscience des uns et des autres sur la bonne gouvernance. On va à travers des actions concrètes inculquer le respect du bien public aux Béninois.

Quelques autres actions concrètes.

Oui nous avons un chronogramme d’actions. Et notre action va se baser sur l’éducation à la bonne gouvernance. Il y a quelques années, il y a eu l’éducation aux droits humains. C’est les Nations-unies qui ont décrété  la décennie des nations unies aux droits humains. Nous aussi à Transparence et Intégrité au Bénin nous allons tenir rapidement une assemblée générale et nous allons décréter une décennie ou alors un plan d’action sur cinq ans pour la promotion de la bonne gouvernance qui va couvrir pratiquement tous le pays. Parce que la bonne gouvernance dont on parle, ce n’est pas seulement au niveau des finances. La bonne gouvernance, c’est au niveau de la morale, c’est au niveau de l’éthique, c’est au niveau de la conduite, c’est au niveau du langage, c’est au niveau de l’éducation, c’est au niveau de tout. Et cela fera une bonne initiative d’adopter la bonne gouvernance au plan de l’éducation. Voilà ce qu’on va faire et nous sommes à l’écoute de notre pays. Nous sommes à l’écoute de tous ce qui peut déchirer le tissu social, le tissu économique de notre pays, nous sommes à l’écoute de tous cela. Nous travaillons avec des Ong sœurs. Transparence internationale est dans un réseau. On ne peut pas travailler seul. Aujourd’hui, l’avenir même de l’Afrique passe par l’intégration. Transparence et intégrité au Bénin a respecté cette règle d’intégration pour aller de l’avant. Intégration c’est-à-dire œuvrer avec les autres organisations de la société civile qui qui se respectent bien et qui veulent travailler avec nous.

Noble ambition mais seulement, avez-vous les moyens de votre politique ?

Les moyens, nous en avons parce que vous voyez, l’Usaid qui nous appuyait est parti mais nous avons déjà un autre partenaire qui est assez large compte tenu de l’ambition du programme que nous avons et qui est prêt tout de suite. Il n’y a pas que  ce partenaire. Nous avons nos relations personnelles au niveau de très grandes institutions financières qui travaillent pour la bonne gouvernance. N’oublier pas que en 2005, au sommet de Glenn Eagles en Ecosse, il y a eu au niveau des G8, cette belle initiative de l’effacement de la dette des pays pauvres très endettés. Les points d’achoppement, il y a la bonne gouvernance. Quand les G8 parlent de la bonne gouvernance, sachez tout simplement que c’est le fond monétaire, c’est la banque mondiale qui parle avec à travers eux. Ensuite il y a le respect des droits de l’Homme. Ça c’est fondamental. Maintenant, qu’elle est la stratégie que chaque pays développe pour la réduction de la pauvreté ? Nous sommes dans ce sillage. Nous travaillons dans ce sillage et à partir du moment où notre vision est claire, nous avons des portes ouvertes  par rapport à ces grandes institutions auprès desquelles  Transparence et intégrité au Bénin est très crédible.

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Vous avez parlé de lutte contre la pauvreté, les droits de l’homme. Quel est aujourd’hui le regard de Ti Bénin sur cette lutte au Bénin?

Vous voyez, la stratégie pour la réduction de la pauvreté est une stratégie locale que chaque pays adopte. La stratégie du Sénégal n’est pas la stratégie du Bénin. Il y a le plan d’action que le ministère du développement a élaboré pour la réduction de la pauvreté. Je voudrais passer une expression du professeur Honorat Aguessy qui disait, « il faut maîtriser d’abord les mécanismes qui fabriquent la pauvreté avant de penser lutter contre la pauvreté ». Personnellement je suis prenant de cette démarche assez bien. La lutte contre la pauvreté, nous appuyons déjà ce qui se fait avec les micro finances mais en restant strictement dans le pacte international dans le domaine des droits économiques socio et culturels. Nous restons sur ce terrain. Nous ne pouvez pas rester en haut pour savoir que tel individu, telle femme a besoin de trois boules d’akassa pour nourrir ses enfants. Il faut descendre vers  cette femme pour appréhender ses besoins. Partir de la pauvreté pour venir aux droits de l’homme. Alors, qu’est-ce que Ti Bénin pense concrètement faire dans ce domaine. C’est d’encourager ce qui se fait déjà et voir ce qu’il faut faire pour innover. Nous sommes dans la dynamique du président Mohamed Younouss du prix Nobel de la paix, le président de la banque des pauvres. Ici nous n’avons pas la banque des pauvres mais il y a un programme d’action gouvernemental qui œuvre pour la réduction de la pauvreté en direction des femmes. Il est vrai qu’au niveau de Mohamed Younouss, il y a déjà des faillites au niveau des micros crédits parce que les gens ne remboursent pas. Et il apparaît également ici au Bénin que les femmes ne sont pas en train de rembourser. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut que la bonne gouvernance soit laissée pour compte. Il faut reprendre le tir, il faut corriger, il faut réorienter autrement. Pour les micros crédits aux plus pauvres c’est important. On est dans la société, on est dans la vie, nous voyons ce qui se passe. Nous ne voulons pas tirer inutilement sur ce qui se passe sur le plan du commerce. Si ce n’est pas bon, il faut reprendre, il faut activer. Si les gens viennent nous voire pour dire qu’est-ce que vous pensez à Ti Bénin pour corriger le tir, nous allons leur dire voilà notre stratégie pour vous aider. Il faut que les gens viennent nous voir. Nous avons notre plan d’action pour cela. Nous sommes dans la ligne du professeur Prix Nobel de la paix, Mohamed Younouss. Nous sommes dans la ligne de ce qui se fait au Bénin les micro crédits même si il y a une distorsion par endroit, nous avons des propositions à faire pour relancer ce projet. Si les micros crédits ne sont pas inventés, il faut les inventer.

Au-delà de tous cela, votre regard sur la gestion sur le plan politique économique et social du Bénin.

Nous constatons ce que tout le monde constate. Au plan politique, il y a trop, je ne dirai pas de critique gratuite à l’endroit du gouvernement. Ceux qui disent qu’il faut changer ceci, qu’il faut changer cela, ils ont certainement leur raison. Mais je pense que on ne demande pas de changer au plan éducationnel, de changer la politique de l’éducation. On ne demande pas de changer la vitesse. Il faut changer la direction des rails pour que cela aille bien. Il y a des actions positives qui sont menées au plan de la politique. Il y a des actions qu’on critique c’est-à-dire il y a des actions qui vont plus vites que finalement il y a des gens qui sont laissés à la gare.  Ils ne sont pas dans le train de l’évolution même de la dynamique de la politique. Quand il y a une frange de la population qui est laissée, je pense qu’il faut revenir  voir pourquoi vous n’êtes pas dans le train, pourquoi vous n’êtes pas montés, pourquoi vous ne voulez pas aller avec le train. Il faut absolument appréhender les aspirations de ceux qui sont laissés à la gare.  Au moment où j’ai fait l’Unb, j’ai eu de bons professeurs, tous disaient   « Si vous voulez savoir ce qui se passe dans votre société, ne lisez pas seulement dans les bouquins mais allez au marché ».  Nous allons au marché, nous avons une équipe de travail et nous constatons vraiment qu’il y a le pacte international relatif au droit au droit économique  souffre beaucoup. Le constat est que nous sommes à la lisière de la misère. Suite aux nombreuses actions que nous menons, nous constatons que difficilement, il y a des gens qui font deux repas par jour. Les gens ne mangent pas à leur faim. Au plan social voilà ce que je peux dire. Mais il y a un constat de la banque mondiale. C’est une enquête diagnostic que la banque mondiale à organiser en 2005. Une enquête qui révèle qu’au Bénin, les charges pèsent plus lourdes que les salaires. Les charges des citoyens dépassent les salaires que vous soyez employé au public comme au privé, que vous soyez dans le formel. Que vous soyez opérateur économique ou autre, les gens payent trop d’impôt et ça ne leur permet pas de vivre convenablement. Il faut revoir tout ça. Sur le plan d’un code de conduite, chacun essaie de se donner son code de conduite. Mais le gouvernement est là pour impulser un code de conduite. On est déjà en train de parler de l’introduction de l’instruction civique. Mais il faut former des gens capables d’enseigner l’instruction civique.

Ti-Bénin, c’est la transparence, dites-vous. Ti-Bénin nouvelle version, est-elle prête à faire la transparence autour des scandales qui ont éclaté sous le changement dont l’affaire Cen-sad.

La transparence se fait déjà par les actions qui sont menées par l’Etat. L’Etat qui est à l’écoute des organisations de la société civile. C’est vous la presse qui avez dénoncé le scandale de la Cen-sad. Et pour ne pas faire piètre figure, l’Etat a pris le devant des choses. L’affaire Cen-sad, on en a tellement parlé que cela a commencé par s’user comme une vielle corde.

Ne pensez-vous pas que cela semble être une tentative d’étouffement de l’affaire ?

Je ne pense pas. Il y a une société civile qui veille à ce que cette affaire ne soit pas étouffée.
Parce qu’on ne peut pas laisser impunis un tel scandale dans un pays où les gens ne font pas deux repas par jour. On ne peut pas cautionner ce scandale. Et ne pas cautionner ce scandale fait partie du credo de transparence et intégrité Bénin. Il faut aller jusqu’au bout. Il faut œuvrer pour que la justice de notre pays ne soit pas une justice laxiste.

Un mot sur les communales de mai 2008 qui continuent jusqu’à présent.

Il y a un dysfonctionnement que tout le monde à observer parce que ce n’est pas croyable qu’on continue jusqu’à aujourd’hui d’installer des élus. Cela devrait se faire depuis. Je crois qu’il faut revoir le fonctionnement de la structure qui est chargé de faire ce travail.

C’est le prolongement de ces interminables communales que Lalo a failli basculer dans la violence la semaine dernière parce que le préfet a nommé un Chef d’arrondissement. Ce qui est normalement contraire aux prescriptions de la loi. Votre avis.

C’est-à-dire que tous les responsables qui ont, à quelque niveau  que ce soit dans la gestion des affaires de l’Etat, doivent travailler dans la discipline. Et au-delà de la discipline doivent prendre en compte les droits civiques, les droits politiques, les droits sociaux. Quand vous ignorez ces droits, vous pensez que le pouvoir vous appartient. Le pouvoir n’appartient pas aux responsables qui sont élus à la tête de nos institutions délocalisées. Le pouvoir, c’est le pouvoir d’Etat. Le pouvoir c’est un service. Et quand on vous confère les prérogatives de ce pouvoir, vous devez faire le travail jusqu’au bout sans parti pris, sans état d’esprit. C’est parce qu’il y a beaucoup d’état d’esprit qu’il y a la confiscation du pouvoir d’Etat par certains individus qui créent ces dérapages que nous voyons aujourd’hui. Le pouvoir, c’est le pouvoir d’Etat et c’est le problème qui se pose un peu partout dans notre pays au niveau des structures décentralisées et au niveau même de l’Afrique. Le pouvoir d’Etat se pose comme l’a expliqué l’historien congolais Elikiam Mbokolo, « ce qui tue l’Afrique, c’est le pouvoir d’Etat ».

Vous êtes un enseignant. On est dans la période de la rentrée scolaire. Aujourd’hui quelle appréciation faite-vous de la qualité de l’enseignement qui est donné dans nos établissements ? Quel regard porté vous sur les nouveaux programmes d’enseignement qui continuent par être décriés par certains ?

Je suis éducateur. Je préfère le mot éducateur qu’au enseignent. Parce que l’éducation comme vous le savez, suppose la transmission d’un certain nombre de valeurs. L’enseignement c’est au plan de la connaissance. J’enseigne le programme d’approche par compétence. Et je sais si certains éléments sont intégrés, je pense que notre programme d’enseignement peut être universalisé. Je constate l’enseigne de l’approche par compétent par  tâtonnement. Si non globalement, c’est un bon programme. Je dis que c’est un bon programme parce j’enseigne ce programme dans mes classes. Je dis c’est bien parce que aujourd’hui, les enfants, les élèves ont certain nombre de réaction devant certains sujets. Des réactions que nous nous n’avons pas quand on était élève. Vous allez me dire aujourd’hui, il y a l’Internet, aujourd’hui il y a une grande ouverture, il y a la mondialisation ce que nous nous avions pas connu en notre temps. C’est déjà cela. Il faut éduquer ces élèves à aller sur internet. Pas aller voir les pornographies sur l’Internet, il faut que l’enseignant, l’éducateur prenne le pas sur ce qui est négatif. Je vous donne un exemple. Au temps de la décolonisation, je dis qu’il y a des erreurs qu’il faut corriger. Il faut avoir le courage de le dire, la décolonisation en Afrique comme étude de cas, on met le Vietnam, on met le Laos. La décolonisation en Afrique dans le programme par compétence et ça on enseigne en terminal. Aucun professeur ne parle de cela. C’est pour vous dire qu’il y a des imperfections dans  les programmes par compétences et il faut les corriger parce que cela a été fait dans une précipitation. Quand on va en formation, il y a des partisans radicaux de l’application des programmes de l’approche par compétence, ça c’est claire. Il y a des opposants radicaux qui disent que l’éducation, ce n’est pas une course de vitesse. Il faut revoir les rails.  Dans le programme de l’école française, on enseigne le rôle des Africains dans la guerre mondiale alors que chez nous, c’est en première que ça commence et seulement à partir de 1938, à la veille de la deuxième guerre mondiale. Il faut prendre en compte les avis des un et des autres pour améliorer ce programme.     

En tant qu’historien, quel regard portez-vous sur ce qui se passe aujourd’hui en Guinée Conakry ?

C’est à déplorer d’autant plus que le stade du 28 septembre est  un symbole de la liberté. Car, c’est en ses lieux qu’en 1958, que le Général de Gaulle, en réponse au Non des Guinéens « Nous préférons la liberté dans la dignité qu’à l’esclavage dans la richesse » a dit « Vous voulez l’indépendance, prenez-là ». C’était la première fois qu’un « nègre » tenait tête au colonisateur. Ce que l’historien doit retenir c’est que dix ans plus tôt, en 1948, au Palas de Chaillot les Nations-Unis ont proclamé et adopté la Convention universelle des droits de l’homme, qui stipule que les peuples ont la liberté de choisir la forme de gouvernement sous lequel ils veulent vivre. Sékou Touré a dit non que le peuple guinéen ne voulait plus vivre longtemps sous la colonisation française. La Guinée voulait son autonomie économique politique et sociale, ce qui lui a été dominé. C’est depuis lors que la misère du peuple guinéen a commencé jusqu’à aujourd’hui où le capitaine Dadis Camara est venu au pouvoir. Je pense que tous les pays doivent se mettre ensemble pour traduire la Guinée devant la Cour pénale internationale. Parce que Kofi Anan, ancien secrétaire des Nations-Unis a pu faire adopter que le viol en temps de guerre soit considéré comme un crime contre l’humanité.

Réalisation : Benoît Mètonou

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