Niger, le Coup d’Etat Constitutionnel permanent

Ni la CEDEAO, ni la FRANCE ne sont "droits dans leurs bottes"
Le parti unique qui organisait les élections depuis le 4 août, au Niger, obtient une nouvelle victoire écrasante aux législatives du 20 octobre, boycottées par l'opposition, (…)

(…) qui peine à se faire entendre depuis, dans un pays en proie aux dérives autoritaires et dictatoriales du chef, et dénoncées du bout des lèvres par la communauté internationale.
Ces dérives ont pour nom: rejet dans l’illégalité des grèves et manifestations, entrave à la liberté de réunion des militants, mise en accusation de 128 députés, plainte contre 8 directeurs de publication, emprisonnement de 50 opposants membres de la CFDR (Coordination des Forces pour la Démocratie et la République), regroupant les 7 centrales syndicales, la majorité des partis politiques, y compris des ONG.

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Sur113 députés qui composeront le parlement, 67 semblent déjà acquis au parti du pouvoir en place, pour une durée de 5 ans. Plusieurs candidats malheureux accusent le MNSD de "fraudes massives", mais n'ont pas saisi la Cour dans la mesure où cette élection est bien la conséquence d’une manœuvre politique et le résultat d’un processus de destruction des institutions démocratiques entamés dès la fin de l’année 2008 par le Président Tandja pour conserver le pouvoir.

Grace à ce coup d'Etat dont les effets ont commencé depuis le 04 Août 2009, cinq autres formations, toutes proches du pouvoir, seront représentées au Parlement: le Rassemblement social démocrate (RSD, 15 députés), le Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP, 7 élus), le parti Alkalami, le Parti nigérien des masses pour le travail (PMT) et le Parti nigérien pour l'auto-gestion (PNA) avec un siège chacun. Le RSD a plus que doublé son score (7 élus dans le parlement dissout) et le RDP du défunt président Ibrahim Baré Maïnassara en a conquis un siège supplémentaire.

Le scrutin a surtout vu une percée des candidats indépendants qui vont, pour la toute première fois, siéger dans à l'hémicyle avec 12 élus.

Mais que valent de telles élections au regard des institutions régionales, continentales et internationales, dans la mesure où tous les contre pouvoirs, à l'échelon national, ont été anéantis et arbitrairement placés sous la botte de TANDJA?

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La contestation était toujours restée très forte à l’intérieur du pays, où la Coordination des forces pour la démocratie et la République regroupant des partis politiques, des Ong et des syndicats avait appelé dès septembre au «boycott massif» des Législatives.

le Niger a été suspendu automatiquement de la Cedeao. Conséquence : les députés nigériens pourraient ne pas participer au Parlement ouest-africain dont le siège est à Abuja et qui était jusque là présidé par le nigérien Mahmane Ousmane.

Jeudi, l'Union Européenne (UE) avait, de son côté, réitéré qu'elle suspendra sa coopération si les autorités du Niger ne restauraient pas l'ordre constitutionnel bouleversé depuis le référendum le 4 août ayant a permis à M. Tandja de prolonger de trois ans son mandat qui expire en décembre, malgré des condamnations tant au Niger qu'à l'étranger.

l'Assemblée parlementaire de la francophonie a annoncé, elle aussi dès vendredi, qu'elle ne reconnaîtra pas la nouvelle Assemblée nigérienne et qu'elle suspendra probablement la section nigérienne de l'APF.

L'Union africaine (UA) composée des mêmes chefs d'Etat s'en préoccupe, sans pour autant réserver une véritable surprise à l'un des leurs, dans le cadre de la session annuelle du Parlement panafricain qui s'ouvre à Johannesburg lundi prochain, à l'occasion du sommet des chefs d'Etat du Conseil paix et sécurité (CPS) de l'Union africaine. Au sein de cette instance parlementaire continentale, somme toute très symbolique, siègent cinq députés de chaque Etat africain, dont ceux du NIGER dont on aimerait connaître le sort.

Dans un communiqué publié le 19 octobre, l’association française Survie, qui œuvre pour une «réforme de la politique de la France en Afrique et des relations Nord-Sud», dit soutenir les revendications de la coordination.

Nul n'ignore que pour la France, c'est l'embarras total. "Il y a contradiction permanente entre les droits de l'Homme et la politique étrangère d'un Etat", disait Bernard Kouchner, en déc 2008, dans le quotidien Le Parisien-Aujourd'hui en France, à l'occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Au nom de la démocratie et du respect des droits des citoyens qui fondent le droit d'ingérence des nations développées, une telle ambigüté, aujourd'hui, serait un blanc seing pour toutes les dérives qui n'ont pas fini d'embraser le continent.

Les premiers empereurs de l'Afrique contemporaine avaient bien reçu la bénédiction de la France à un siècle où le monde avait déjà ouvert les yeux:!

Que leur réservent la FRANCE et AREVA?

Désiré Christian HOUSSOU

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