Pour la création d’un musée de l’éducation et d’un musée Grevin africains

Le 14 décembre 1999 j’ai participé, au Musée historique de Grèce, en ma qualité de Conseiller régional de l’Unesco pour la culture en  Afrique de l’Ouest, j’ai participé donc, sur invitation du ministre de la culture du Sénégal, à une journée d’études sur les problèmes de l’Iile de Gorée.

Suite à cela, j’ai adressé mes observations et recommandations sur les travaux de cette journée, à monsieur Daniel Drocourt, Architecte Dplg et consultant de l’Unesco pour Gorée, dans un courrier Dkr/99/Clt/547 du 28 décembre 1999.
Ce courrier comportait deux grandes parties, une première consacrée aux problèmes de méthodologie, et une seconde rappelant  les thèmes abordés lors de la journée d’études. C’est dans cette seconde partie  que j’ai proposée la création d’un musée de l’éducation, à Gorée. Voici exactement ce que j’ai proposé. Citation :
« Je persiste et je signe ; l’une des meilleures destinations pour l’ancienne école William Ponty réhabilité, c’est d’en faire un musée de l’éducation pour l’Afrique noire francophone.
Elle fut la grande école qui, avant la seconde guerre mondiale, forma tous les hauts cadres de l’administration coloniale, instituteurs, médecins africains, commis d’administration.
A cause de l’absence de toute université, (les africains ne pouvaient pas passer le baccalauréat en Afrique, à l’époque) elle était l’unique grande école des fédérations de territoires qu’étaient l’Aof, l’Aef et Madagascar.
Elle forma beaucoup de « pères de l’indépendance africaine » dont notamment les présidents Modibo Kéita et Félix Houphouët Boigny. Elle forma auparavant des célébrités comme Blaise Diagne, premier député africain au parlement Français, monsieur Lamine Gueye, grand leader politique sénégalais. Pour ne citer que ceux là !
Dans ce musée on doit exposer tous les volumes et éditions des manuels scolaires « Mamadou et Bineta » ainsi que  « Moussa et Gigla » qui sont à la base de la formation de générations de cadres africains.
On pourrait aussi y trouver une section ou seraient  rassemblées, immortalisées dans le cire, les têtes des célébrités formées dans l’école, comme au musée Grévin à Paris.
Je suis convaincu qu’un tel projet, bien « ficelé », aurait l’agrément et bénéficieraient du financement de la majorité des Etats africains francophones.
A défaut de faire de l’école un musée de l’éducation, on pourrait y installer un centre socio-culturel polyvalent. Mais il faut bannir de sa destination l’idée d’en faire un dortoir pour fonctionnaires retraités »
Un après la journée d’études du 14 décembre 1999, se réunissait le comité national pour la sauvegarde de Gorée, tenu le mardi 2 janvier 2001.
Suite à cette réunion, j’ai adressé au ministre de la culture  et de la communication du Sénégal, une nouvelle  copie de ma lettre à monsieur Drocourt, dont il était ampliataire, pour  un nouvel examen. Et dans ma transmission Dkr/01/Clt/004 du 04 janvier 2001, j’ ai réitéré ma  recommandation concernant la création d’un musée de l’éducation à Gorée en ces termes ;
« L’ancienne école William Ponty réhabilité pourrait parfaitement  devenir un grand musée de l’éducation pour l’Afrique francophone. Une section de ce musée rassemblera, statufiées dans le cire, les célébrités de l’Afrique contemporaine dont beaucoup ont été formées dans l’école, une sorte de musée Grévin Africain »
 
J’ai pris la précaution d’envoyer copie de ma lettre du 28 décembre 1999 au délégué permanent du Bénin auprès de l’Unesco et au ministre de la culture du Bénin de l’époque, en formulant le vœu que mon pays prenne l’initiative de ce projet pour le soumettre au prochain sommet de l’Oua qui suivrait ma correspondance.
Malheureusement, l’initiative n’est pas venue du côté ou je l’attendais. En effet, quelle n’a pas été ma surprise de lire dans l’hebdomadaire  J.A./l’intelligent, numéro 2105 du 15 au 21 mai 2001, dans la rubrique Confidentiel, à la page 16, dans un petit article intitulé :France-Wade et Mohammed V1 au musée Grévin, ce qui suit :
« Au cours de sa prochaine visite officielle en France, le 20 juin, le président Abdoulaye Wade assistera, au musée Grévin, à la mis en place d’une statue de cire à son effigie, œuvre d’in artiste allemand…Par ailleurs l’idée lancée l’an dernier par Ousmane Blondin Diop, le « ministre délégué » du Sénégal auprès de l’Unesco, de créer un « musée Grévin Africain » à Dakar, à les faveurs de Wade qui envisage d’associer au projet ses pairs africains. » !!!
J’ai aussitôt saisi le sous directeur général de l’Unesco, chargé  du département Priorité Afrique, notre compatriote Nouréni Tidjani Serpos, pour mon courrier Dkr/01/Clt/109 du 21mai 2001, pour attirer son attention, je cite :
« Je me fais le devoir d’attirer votre attention sur une tentative d’usurpation d’idée de projet que je suis en train de constater. »
C’est l’adjoint au directeur général, chargé de la culture, monsieur Nounir Bouchenaki, qui me répond par le mémo Clt/Ch/Ops/Afr/Sen su 12 juin 2001. Cette réponse mérite d’être intégralement citée :
« Je vous remercie pour les informations contenues dans notre mémo cité en objet et dont j’ai pris bonne note.
Le gouvernement sénégalais a soumis une demande s’assistance financière dans le cadre du programme de participation au cours de ce biennium pour la création de ce musée, mais nous n’avons pu l’évaluer favorablement du fait qu’elle ne relevait pas des priorités de l’organisation telles que définies dans le 30c/5.
Nous nous réjouissons que votre idée ait été reprise à si haut  niveau par les autorités sénégalaises qui en envisagent la mise en œuvre et vous en félicitons.
Je vous remercie de votre compréhension. »
 La réponse de monsieur Mounir Bouchenaki est claire : elle confirme qu le Sénégal a repris effectivement l(idée de création d’un musée Grévin Africain dans son programme de participation pour le Biennium 2000-2001 !!!
Dois je en vouloir à monsieur Ousmane Blondin Diop (un homme charmant et fort sympathique par ailleurs !) d’avoir été plus prompt que son collègue du Bénin dans l’exploitation de ma proposition  adressée à l’Unesco ? Je ne le pense pas, mais j’ai cependant envoyé au président directeur de l’hebdomadaire J.A/ l’intelligent, monsieur Béchir Ben Yahmed, une réclamation-protestaion en date du 29 mai 2001 dans  laquelle j’ai rétabli la vérité quant à l paternité du projet de création d’un musée Grévin Africain, protestation que j’ai conclu en ces termes ;
« Je compte sur vous, monsieur le président directeur, pour publier dans votre prochaine livraison, cette sorte de droit de réponse afin que :
1- la vérité soit rétablie quant à la paternité de l’idée de créer un « un musée Grévin Africain »
2- l’idée de projet concernant la création d’un musée de l’éducation pour l’Afrique francophone à Gorée, soit connu dans toute l’Afrique pour bénéficier du soutien de nos Etats »
Je prie  mes lecteurs d’excuser ce long développement, mais il me paraissait important de replacer, dont j’ai lancé l’idée dans la cadre du bureau de Dakar de l’Unesco, dans son contexte historique.
Or donc j’ai proposé, en décembre 1999 (il y a de cela 10 ans !) la création d’un musée de l’éducation de l’Afrique francophone, dans l’île de Gorée au Sénégal, et plus précisément au sein de l’école William Ponty réhabilitée. Et j’ai suggéré qu’une section de ce musée rassemble  et expose les statues en cire des nombreux responsables africains qui ont dirigé nos Etats au cours des premières années de nos indépendances, tout comme le musée Grévin à Paris expose les statuts en cire des grandes célébrités  mondiales.
Pourquoi cette proposition ? Pour deux raisons :
-Primo, pour perpétuer, pérenniser le souvenir de l’école William Ponty. En effet, elle a joué un grand rôle dans la formation des premiers cadres de l’Afrique coloniale francophone (A.O.F.-A.E.F.-Madagascar). Jusqu’à la  seconde guerre mondiale (1939-1945) elle était l’horizon indépassable pour la formation de l’élite intellectuelle dans les colonies françaises d’Afrique.Il faudra attendre les années 1950 pour que la France décide, sous la pression des évènements (l’Afrique était déjà entrée en ébullition !) de créer un enseignement supérieur en Afrique Noire avec l’ouverture, au début des années 1950.
– D’un Institut d’Etudes Supérieurs à Dakar, du temps du Gouverneur général Bechard, institut transformé en universités en 1958 ( la 18ème université française, la 17ème étant celle d’Alger) avec le recteur Capelle.
-D’un institut d’études supérieures à Brazzaville, dirigé par le professeur Marchand
– Secundo, pour honorer les hommes qui ont  conduit les premiers pas de nos pays sur la voie de l’indépendance, de la liberté recouvrée. Duel que soit ce que nous pouvons leur reprocher ( et nous pouvons leur reprocher beaucoup de choses !) ils méritent notre reconnaissance. Chez nous, au Bénin, les présidents Maga, Ahomadégbé et Zinsou, pour ne citer que ceux là, comptent parmi ces hommes.
C’est pourquoi j’ai proposé l’idée d’un double projet de Musée de l’Education de l’Afrique Francophone et de Musée Grévin  Africain ; mais elle n’a pas abouti.

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C’est pourquoi je propose à notre gouvernement de reprendre ce double projet, pour en assurer la réalisation, dans le cadre d’un vrai changement. Le ministre de la culture pourrait mettre sur pied un groupe de travail ou une commission ad hoc pour reprendre l’idée, lui donner de la consistance pour la transformer en un vrai projet argumenter. Il reviendra ensuite au ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine, de le transmettre à  l’instance compétente de l’Union Africaine (U.A) pour son étude et son adoption par le Sommet de nos Chefs d’Etat.

Fait à Cotonou, le 22 Octobre 2009

J.R. Ahoyo

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