Rentrée scolaire sur fond de menaces et de promesses

L’appel de ‘‘l’Union fait la nation’’: Message aux acteurs de l’école béninoise

Chers compatriotes, Béninoises et Béninois, Chers compatriotes, acteurs de l’école béninoise, Demain, une nouvelle année scolaire s’ouvre. Malheureusement, comme l’an passé, elle s’ouvre avec de grandes interrogations au sein des usagers de l’école. Interrogations de nos jeunes apprenants, quant à leur avenir aussi bien dans les conditions de formation que de l’après formation ; interrogations des enseignants, aussi bien  sur leurs conditions de vie de plus en plus précaires, que sur leurs conditions de travail chaque jour, toujours plus dégradée ; interrogations des parents sur la qualité de l’école qui leur revient de plus en plus chère, malgré le battage médiatique orchestrée sur de prétendues mesures de « gratuité de l’école » et « d’amélioration des conditions de vie des enseignants ».

Le régime Boni Yayi est si bien conscient de telles inquiétudes que, pour conjurer les prémisses d’une année scolaire perturbée, il a grossièrement tenté de contourner les organisations syndicales d’enseignants, en orchestrant de ces rencontres massives et folkloriques qu’on lui connaît désormais, sans oublier de faire le montage de « rencontres régionales ». Mais il a échoué. C’est donc contraint et forcé par le caractère têtu de la réalité, qu’il a du renouer contact avec ces organisations syndicales.
Tout cela constitue le meilleur symbole d’une politique gouvernementale fondée sur l’improvisation, les effets d’annonce, les coups tordus et une absence totale de rigueur dans l’analyse des problèmes et des solutions à leur apporter. Les maux dont souffre cruellement l’école béninoise d’hier et d’aujourd’hui, auraient pu trouver des solutions plus hardies, si le gouvernement et son chef ne faisaient pas preuve d’incompétence notoire et ne se complaisaient pas dans une politique hasardeuse, précaire, incohérente, insipide et dont le levier principal ne se résumait pas à la démagogie et à la ruse. Sinon, comment comprendre, qu’un gouvernement, à répétition, et dans tous les secteurs, prend toujours des engagements solennels et publics, conjure le peuple à lui faire confiance, puis ne se résout à respecter lesdits engagements que contraints, le dos au mur ? Ce mode de fonctionnement reste très unique dans le monde et très spécifique au régime dit du « changement ». Heureusement, aujourd’hui, contrairement aux années antérieures, le peuple connait mieux le régime auquel, il a à faire : les scénarios de diversion et les techniques du dilatoire ne trompent plus personne.

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Le gouvernement et son Chef ne prennent pas la question de l’école béninoise au sérieux. Ils oublient que l’école est d’abord une institution. Elle ne saurait être gérée par coups tordus successifs, avec des préoccupations électorales comme aiguillon principal. Les acteurs de l’école ne sauraient accepter que cette institution soit désorganisée, politisée à outrance, manipulée à volonté, pour, à terme, être détruite. Il n’est pas admissible que la responsabilité régalienne de l’Etat soit galvaudée par un Chef de gouvernement, qui n’a pas encore démontré, depuis plus de trois ans qu’on attend, le moindre sens de l’Etat. Le Peuple béninois ne veut pas tout, tout de suite. Les acteurs de l’école ne veulent pas tout, tout de suite. Ce que chaque béninois souhaite, c’est des responsables crédibles, qui respectent volontairement leur parole, des responsables crédibles qui réfléchissent avant d’agir ou de s’engager, des responsables qui pensent et conçoivent avec les acteurs concernés, une vision, un itinéraire, un plan qui rassurent et qui fondent une espérance. Le peuple ne veut pas de magiciens, créateurs d’illusions par excellence, spécialiste des acrobaties et des prestidigitations aux effets précaires.

Chers élèves et les étudiants, 

Vous voulez une école dynamique, cadre d’expression de l’idéal républicain d’égalité pour tous, qui vous prépare à intégrer une société en pleine mutation. Nombre d’entre vous, n’arrivent pas à fréquenter l’école, le collège ou la faculté, parce que pris dans les tenailles de la faim. Certains d’entre vous restent dans leurs maisons ou villages après le bac, parce que ne sachant pas où loger ou comment payer un loyer à Cotonou ou à Parakou. Les inégalités sociales s’expriment sur le terrain de l’école, d’une manière d’autant plus dramatique que, plus tes parents sont pauvres, moins tu as des chances de réussir, puisque le gouvernement dit du « changement » ne comprend pas qu’il faut des mesures spécifiques pour les foyers pauvres ou indigents, alors que ces foyers regroupent au Bénin l’écrasante majorité de la population. Le gouvernement dit du « changement » préfère des annonces « en milliards » qui ne changent rien de fondamental dans la vie des plus souffrants.
Quant à vous enseignantes et enseignants de tous ordres, à travers vos organisations syndicales, vous avez clairement annoncé les couleurs. On peut en déduire le sens de vos  légitimes combats. Vous ne voulez plus continuer d’être les essuie-pieds de la Nation. Vous ne voulez plus être victimes des promesses démagogiques. Vous voulez réduire la précarité de vos conditions de vie et de travail, à travers une véritable politique de revalorisation progressive de votre profession. Vous voulez aussi et enfin, jouir de plus de sécurité et de justice, par exemple, en étant préservés des mesures arbitraires et politiciennes d’affection ou de nomination, mesures qui ont pris une ampleur particulière ces dernier mois et semaines.
Il vous appartient et il nous appartient d’expliquer ces choses à notre peuple, au quotidien, afin que ne trouve point de terrain fertile, la cynique tactique gouvernementale qui consiste à exposer à la vindicte populaire les acteurs de l’école (notamment les syndicalistes) qui osent exprimer vos légitimes revendications.
En tout état de cause, l’Union fait la Nation, professe l’urgence de nouvelles perspectives à donner à notre peuple, à l’antipode de la politique de médiocrité généralisée et de mise à mal de tous les équilibres essentiels dans notre pays – moraux, sociaux, économiques et politiques -. Il nous faut une autre politique et d’autres acteurs politiques, qui ont plus de compétences et qui peuvent mieux conduire notre barque nationale, avec assurance, avec un sens aigu de l’écoute et du dialogue, au-delà du vacarme de la propagande, dans un monde de plus en plus complexe, qui exige plus de compétences techniques dans toutes les matières de la vie d’un pays.
En attendant, nous demandons au gouvernement, de respecter sa propre parole et ses engagements, si tant est qu’il a le moindre souci pour l’avenir de notre jeunesse et de notre pays.
Les travailleurs en général et particulièrement, le monde enseignant, les élèves et les étudiants, les parents d’élèves et d’étudiants ne doivent pas payer pour les fautes du gouvernement, qui a souvent fait des options aventuristes, immatures, incohérentes et incompétentes au lieu d’une politique réfléchie et durable. Les conclusions de la dernière mission du Fonds Monétaire International au Bénin, constituent un cinglant désaveux, non pas pour les légitimes revendications des travailleurs, mais pour l’incompétence du gouvernement à les satisfaire, avec rigueur et cohérence. 
Reprenons donc la route des écoles, des collèges et plus tard des universités, avec la foi et la conviction que les dictatures et les impostures passent, mais que la Nation reste.
Reprenons donc la route des écoles, des collèges et plus tard des universités, avec  une vigilance de combat plus accrue contre les scénarios de diversion et les techniques du dilatoire qu’utilisent  Yayi Boni et ses sbires, dont les seules préoccupations aujourd’hui, consistent à amadouer et à mystifier le peuple pour lui arracher un second mandat afin de continuer à vampiriser le pays et ses ressources.

Restons unis pour sauver la Nation et son
système éducatif !
Restons vigilants pour empêcher la destruction de l’idéal républicain d’une école au service du peuple
Restons sereins pour qu’à chaque instant, nous puissions distinguer les intérêts de notre peuple et les défendre avec rigueur, vigueur et esprit de suite !
Restons mobilisés pour sauver notre Démocratie et instaurer une gestion plus rigoureuse et plus équitable de nos richesses nationales !
Au-delà de tout cela, nous vous souhaitons une bonne rentrée et surtout beaucoup, beaucoup de courage. L’Union fait la Nation restera solidaire de vos légitimes combats d’aujourd’hui et de demain.

Je vous remercie.
Cotonou, le 30 Septembre 2009

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