La chute du Mur de Berlin

En 1999, on a à peine remarqué le dizième anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Pourquoi alors cet engouement général et cette réelle liesse populaire pour ce vingtième anniversaire ? En vérité, nous sommes en face pendant tout ce mois de novembre 2009, d’un de ces paradoxes que seule la prise en compte d’un faisceau de facteurs, géopolitiques, historiques, socio-anthropologiques et psychologique, permet d’expliquer. En 1999, on ne voyait dans l’écroulement du Mur de Berlin et donc du communisme et dans la désintégration de l’Union Soviétique, que les conséquences désastreuses des mauvais choix stratégiques d’un apprenti-sorcier qui par malheur pour la superpuissance qu’était alors l’Union Soviétique, est arrivé au faîte du pouvoir par un malheureux concours de circonstances. Ce fils de paysans incultes n’avait pas seulement et délibérément contribué à l’écroulement du communisme qui ne pouvait plus d’ailleurs tenir longtemps par son despotisme face aux mirages de la mondialisation libérale, mais il avait aussi systématiquement sapé les bases de l’Union Soviétique par sa perestroïka : une catastrophe historique que le démembrement de l’immense Empire des Tsars que Lénine et les bolcheviks avaient su transformer en Union des Républiques Socialistes et Soviétiques. Or, presque toutes les guerres du monde ont pour départ la volonté opiniâtre de tous les dirigeants de maintenir sinon agrandir l’intégrité territoriale de leur pays. Vae victis ! L’Histoire ne réserve que mépris pour ceux qui sont ses vaincus et Mikhaïl GORBATCHEV a beaucoup de chance de s’être sorti sain et sauf de sa « catastroïka ». Parce que, en même temps, les Etats-Unis se frottaient les mains. A la place des anciens pays du Bloc communiste, la république impériale porte-drapeau du capitalisme triomphant, va tenter de s’installer ; le bloc agressif de l’OTAN dont l’existence ne se justifie plus lors donc que le Pacte de Varsovie  avait disparu, était devenu un instrument de domination de la superpuissance américaine, qui avec un cynisme à peine croyable voulait même phagocyter les anciennes républiques de l’ex-URSS ! Les pacifistes du monde entier, surtout ces jeunes européens qui avec leur vigueur toute juvénile avaient les premiers donné des coups de pioche rageurs pour entailler le Mur de Berlin, n’avaient plus leurs yeux que pour pleurer. Heureusement, l’Amérique conservatrice,  devant l’immensité des territoires à dominer dans le monde, surtout dans l’Orient musulman de plus en plus radicalement anti-impérialiste et terroriste, s’épuisa vite. Elle laissa la place à l’Union Européenne, la grande victorieuse de la fin de l’Europe de l’Est dont elle annexa presque tous les pays, devenant ainsi une deuxième superpuissance à la place de l’Union Soviétique. Bien plus, elle s’opposa résolument à cette provocation stupide en direction de la Russie lorsque les Etats-Unis voulaient étendre l’OTAN à l’Ukraine et à la Georgie, soi-disant pour les protéger contre leur ancienne puissance coloniale ! Echec et mat. C’est dans ces circonstances que Barack OBAMA vint et le prix Nobel de la paix que l’Union Européenne lui a fait décerner, n’est que la récompense de sa renonciation à la politique agressive et impérialiste de son prédécesseur Georges W. BUSH.
C’est donc la grande Europe qui jubile pour son triomphe : celui d’avoir été le seul bénéficiaire de l’écroulement du Bloc communiste et de la désintégration de l’Union Soviétique.  Elle n’a donc aucun intérêt à ce que la Russie  affaiblisse ; d’autant plus qu’un nouveau deal la lie désormais à elle : tenir en respect les anciennes républiques de l’ex-Union Soviétique dont certaines sont  des nations en majorité musulmanes et qui peuvent à tout moment être tentées par l’intégrisme et le terrorisme. Aussi les sautes d’humeur des dirigeants actuels de l’Ukraine et de la Georgie alléchés par les sirènes en millions de dollars des Etats-Unis pour intégrer l’OTAN, irritent-ils au plus haut les deux locomotives de l’Union Européenne : la France et l’Allemagne.
C’est donc l’Union Européenne, deuxième superpuissance mondiale, qui fête son jubilé : le vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Il est symptomatique que le Président de la Fédération de Russie soit présent à ces festivités,mais pas le Président des Etats-Unis. Barack OBAMA n’est quand même pas Mikhaïl GORBATCHEV, le vaincu de l’Histoire entendue d’abord comme  une résultante de forces Géostratégiques et non comme les mirages de la « liberté », notion centrale aux rêves mirifiques d’une jeunesse généreuse et en mal d’idéal, mais qui n’a jamais rien signifié en action stratégique où l’enjeu, c’est de gagner dans un jeu à somme nulle.

Nous ne nous consolerons jamais de l’éclatement de l’Union Soviétique, nous élèves et étudiants anti-impérialistes et patriotes à souhait dont les jeunes années ont été nourries par le bolchevisme maoïste, La Chine post-maoïste n’est certes pas l’idéal de développement que nous souhaitons pour l’Afrique, mais ce serait une catastrophe historique irréparable si elle éclatait.

Par Dénis AMOUSSOU-YEYE, professeur à l’UAC

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