Le gouvernement fait fi des propositions de l’Union fait la Nation
(Il autorise le démarrage du Rena pour le 23 novembre prochain)
Réuni en Conseil extraordinaire des ministres le 17 novembre dernier, le gouvernement a autorisé la Cps à démarrer le recensement électoral national approfondi (Rena) dans le cadre de la réalisation de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). La prise de cette décision juste au lendemain des dénonciations des partis de l’opposition quant à une Lépi tronquée, est surprenante à bien d’égards et montre que le gouvernement est peu enclin à tenir compte des propositions de concertation de ces derniers.
Le dernier Conseil des ministres en date s’est penché entre autres sujets sur la question du recensement national approfondi (Rena) qui doit servir de base pour réaliser la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Ainsi il a été décidé que lesdites opérations qui doivent durer six mois commencent dès le lundi 23 novembre prochain. Une décision qui, dans une certaine mesure, démontre que le gouvernement du Dr Boni Yayi est prêt à jouer sa partition dans le processus de réalisation de la Lépi. Cependant, certaines réalités jettent un épais doute sur cette bonne foi.
Premièrement, le gouvernement a pris sa décision le jour même où les partis politiques de l’opposition, réunis au sein de la coalition l’Union fait la Nation (UN) criaient haro sur la manière dont le processus est conduit. Toute de suite, on ne peut s’empêcher de se demander si cela était le fait d’une heureuse coïncidence ou bien si c’est la sortie de ces derniers qui a poussé le gouvernement à prendre ladite décision. Seul le gouvernement détient la réponse.
Deuxièmement, les membres de la coalition « UN » ont exprimé leur entière disponibilité à aller à une concertation afin que la Lépi qui sera réalisée soit effectivement une Lépi consensuelle et fiable. Mais à cette proposition, point de réponse. Et la prise d’une telle décision laisse croire que le gouvernement préfère laisser le processus dans les conditions que dénoncent aujourd’hui les G et F. Plusieurs questions se posent : pourquoi ne pas retarder une telle décision pour aller à une table de concertation et vérifier l’exactitude des réprimandes de l’opposition afin de décider de commun accord la démarche à suivre ? Pourquoi le gouvernement n’interpelle-t-il pas le président de la Commission politique de supervision de la Lépi, l’honorable Epiphane Quenum, qui serait auteur d’une gestion opaque du processus, de violation de la loi 2009-10 et sur qui pèsent des soupçons d’accointance avec la mouvance présidentielle. En quoi le gouvernement gagnerait-il à laisser les choses se poursuivre de manière à mépriser l’avis d’autres Béninois autant concernés par des résultats fiables aux lendemains des élections ? Car, à l’étape actuelle du processus, il est encore possible que les choses rentrent dans l’ordre. Mais une fois que le Rena aura été établi dans les conditions qui sont dénoncées par l’opposition, cela risque d’être compliqué.
23 novembre, une date utopique
La décision du gouvernement d’autoriser le démarrage du Rena pour lundi prochain se ressent comme une utopie. Car, depuis cinq mois qu’elle est installée, la Commission politique de supervision (Cps) n’a encore bénéficié d’aucun financement de la part du gouvernement. Une sorte de lettre de cadrage aurait d’ailleurs été imposé à la Cps, réduisant considérablement ses ambitions budgétaires. Ce qui fait que son budget ne serait pas encore adopté à l’heure actuelle. Au vu de cette situation, bien de Béninois voudraient savoir comment Epiphane Quenum et son équipe vont-ils faire réaliser le Rena par la Mirena (Mission indépendante pour le recensement électoral national approfondi). Actuellement, les opposants contestent la manière dont les agents cartographes ont été recrutés. Lesquels agents avant d’aller sur le terrain devront se munir d’un certain nombre de matériels que nos sources estiment insuffisantes voire inexistantes.
C’est le cas des badges d’identifications qui ne sont pas encore confectionnés. C’est également la même situation au niveau des bottes que les agents doivent chausser. Aucune n’aurait encore été achetée. Les ordinateurs portatifs qui doivent servir au recueillement et au traitement des données sont en nombre insuffisant. Idem pour les appareils Gps. Du coup, on se demande ce çà quoi joue le gouvernement. Est-il conséquent avec lui-même ?! S’est interrogé un observateur.
Benoît Mètonou
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