Affaire Adovèlandé/ Shelter Afrique-Ofid

L’heure des preuves a sonné

Alors que l’année 2009 égrenait ses derniers jours,  Simon Pierre Adovèlandé, président du Conseil d’administration du Groupe Bethsaleel Building s’est vu mis sous mandat de dépôt. A l’origine, une affaire de prêt contracté par le Groupe Bethsaleel Building (Gbb) auprès de Shelter Afrique et Ofid. Depuis lors,  la polémique entretenue par les avocats des deux camps suite à leurs différentes sorties médiatiques, ne suffit pas à éclairer la lanterne des Béninois qui veulent désormais avoir les preuves palpables des affirmations des uns et des infirmations des autres. Jusqu’au 25 décembre 2009, aucune tierce n’était informée de ce qui est désormais appelé affaire Adovèlandé/Shelter Afrique et qui est à la base de l’arrestation  de Simon Pierre Adovèlandé. Malgré la forte présence dans les médias de l’avocat de Shelter Afrique et une sortie du collège de défenseurs du mis en cause, il importe de rappeler leurs versions respectives.

Les faits

Le 25 décembre dernier, les Béninois apprennent l’arrestation de Simon Pierre Adovèlandé. Le motif ? C’est bien des jours plus tard qu’on apprendra qu’il s’agit de détournement de fonds du Groupe Bethsaleel Building (Gbb) à qui Shelter Afrique et l’Ofid ont accordé un prêt dans un projet de construction de villas. Pour éclairer les Béninois sur cette affaire que certains ont tôt fait de frapper de l’étiquette « politique », Me Sadikou Alao, avocat conseil des bailleurs est monté au créneau. Il affirme que l’affaire datait de plusieurs années et qu’il avait épuisé toutes les voies de conciliation avec le mis en cause qu’il a plusieurs fois averti des conséquences fâcheuses que pourrait avoir le dossier sur son image. Des nombreuses apparitions de Me Alao dans les médias, on retient Simon Pierre Adovèlandé est poursuivi pour banqueroute et de s’être attribué des villas sans délier sa bourse.
Face à ces chefs d’accusation, le collège d’avocats qui défend Simon Pierre Adovèlandé n’est pas allé par quatre chemins pour les rejeter. Pour eux, leur client ne saurait être accusé puisqu’il n’est pas le directeur général de la société mais le président du Conseil d’administration. Il dénonce d’ailleurs le fait que l’affaire soit portée en pénal alors que les clauses ne stipulent pas que les différends soient réglés de cette manière. Me Cyrille Djikui et ses pairs ont également dénoncé le yoyo observé au niveau des chefs d’accusation et du montant détourné imputé à leur client.

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Finalement, on ne sait pas de quel côté se trouve réellement la vérité. Cependant, il subsiste certaines interrogations nées de nos investigations que les deux parties doivent pourvoir clarifier avec des preuves tangibles et matérielles.

Vivement des preuves !

Dans l’imbroglio de l’affaire Adovèlandé/Shelter Afrique-Ofid, les affirmations et autres déclarations ne sont pas arrivées à clarifier la situation au sein des Béninois. Elles ont plutôt semé davantage de confusion. C’est pourquoi, il importe que tant l’avocat des bailleurs que ceux de Simon Pierre Adovèlandé, étayent désormais avec des documents certaines de leurs affirmations.

A titre indicatif, d’après nos investigations, il ressort que les deux villas qu’on impute à Simon Pierre Adovèlandé, sont antérieures au prêt intervenu entre le Gbb et les bailleurs. Sur cette question, il serait intéressant que Me Alao puisse indiquer aux Béninois la date de signature de l’accord, mieux du premier décaissement intervenu entre les deux structures. Puisque des informations en notre possession, indiquent que le Groupe Bethsaleel Building a démarré ses activités depuis 2002 et leur accord avec les bailleurs date de 2004. Il y a donc matière à clarifier. Au niveau également des sommes en jeu, le flou persiste. On voudrait bien savoir le montant qui a été octroyé par Shelter Afrique et Ofid, le niveau de paiement auquel est parvenu Gbb et ce qui reste concrètement à rembourser. Il est également important qu’on dise aux Béninois si Gbb n’avait rien payé. Les uns et les autres ne s’accordent pas non plus sur la valeur de l’accord de Nairobi. La publication de ce document avec les signataires contribuerait aussi à édifier les populations. En ce qui concerne la garantie apportée par l’Etat à Gbb, le collège d’avocats de Simon Pierre Adovèlandé avait réfuté cette  thèse lors de sa conférence de presse. Dans ce débat où le gouvernement est d’ailleurs accusé de tirer les ficelles, il est précieux qu’il puisse brandir le document par lequel il a apporté cet appui au Gbb.

Cela non seulement permettrait de voir clair dans le rôle qu’il a joué dans la signature de l’accord de prêt entre Gbb et Shelter Afrique mais et surtout de savoir qu’il ne prête pas flanc à l’écartement d’un potentiel challenger à la présidentielle de 2011 à laquelle l’actuel président Boni Yayi est, à raison ou à tort annoncé. Dans la foulée, Simon Pierre Adovèlandé est accusé d’avoir produit un chèque en bois d’un montant de 100 millions à propos duquel le banquier a relevé un défaut de non-conformité de signature. Alors, est-il possible que le banquier rejette de facto un chèque d’un pareil montant par cet argument ?

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Car, habituellement en de pareilles circonstances, la pratique bancaire est d’appeler le propriétaire du compte afin de s’enquérir auprès de lui de l’authenticité du chèque. Mieux, le statut de celui qui a introduit le chèque et le montant en jeu, militent en défaveur de la procédure de rejet. Et, aussi bien la banque que les avocats de Simon Adovèlandé se doivent d’apporter des éclaircissements. En attendant de revenir sur d’autres points à éclaircir ainsi que d’autres aspects de cette affaire, les différentes parties gagneraient en crédibilité à produire des preuves pour illustrer leurs affirmations.

Benoît Mètonou

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