Après l’arrestation du Coordonnateur national

Yayi veut auditer le Mca-Bénin

Le gouvernement a décidé d’auditer la gestion du Coordonnateur national de Mca-Bénin, Simon Pierre Adovèlandé, actuellement incarcéré à la prison civile de Cotonou. La  décision aurait été suscitée par l’une des recommandations de la dernière session du Conseil d’administration de ce programme. Des informations persistantes annoncent pour bientôt la descente d’une commission d’enquête au sein du programme du Millénium Challenge Account pour le Bénin. La mise en exécution de cette décision à laquelle s’attellerait activement déjà le gouvernement de Boni Yayi serait confortée par une recommandation du Conseil d’administration de ce programme, à sa dernière session. Le gouvernement tiendrait ainsi à vérifier la gestion du Coordonnateur national, Simon Pierre Adovèlandé depuis qu’il a pris les rennes de ce programme jusqu’à son arrestation, le 25 décembre 2009 dernier. Au niveau de l’équipe de coordination nationale, la sérénité est pourtant de mise. L’étonnement aussi. Puisque s’indignent-ils, cette décision ne serait nulle part mentionnée dans les textes et documents fondamentaux du programme. Le Mca-Bénnin, lui-même a déjà prévu tous les mécanismes de contrôle de gestion du programme, notamment deux grands audits annuels qu’effectue un cabinet international, dénommé «Ernst et Young » reconnu au plan mondial pour ses compétences en la matière.  Mais, l’équipe de coordination nationale entend se plier à cette volonté du gouvernement et s’y prépare déjà activement.
Chistian Tchanou .

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la preuve de l’acharnement?

Depuis l’arrestation de Simon Pierre Adovèlandé, les esprits avertis n’ont cessé de soupçonner une entreprise d’anéantissement d’un potentiel candidat à la présidentielle 2011. Et les faits ne risquent pas de les tromper. Il y a quelques mois déjà, le Gouvernement béninois avait tenté des incursions dans la mise en œuvre du programme du Mca-Bénin. D’abord, il avait enjoint au Coordonnateur national de veiller à faire lancer ou réceptionner les travaux à réaliser sur le terrain par les membres du Gouvernement. Le pouvoir tenait à  être présent sur le terrain des réalisations du Mca-Bénin. A quelle fin ? Certainement propagandiste et populiste. Mais très tôt, la mayonnaise n’ayant pas pris, la trouvaille du chef de l’Etat a été de modifier la composition du Conseil d’Administration du programme. Là encore, la marge de manœuvre ne suffit pas pour que le pouvoir s’affiche dans les médias comme le champion des réalisations du Mca-Bénin. Il faut que Simon Pierre Adovèlandé quitte la coordination du programme. Et comme il est de coutume depuis quelques temps, l’instrumentalisation de la lutte contre la corruption et de la Justice apparaît comme la clé pour avoir Adovèlandé. Les archives montrent qu’il a été président du Conseil d’administration du Groupe Bethsaleel Building Sa, une société de promotion immobilière qui, malheureusement traînerait des casseroles dans sa gestion.

Le prétexte est tout trouvé. Enfin, Simon Pierre Adovèlandé peut être éloigné du Mca-Bénin. Le 25 décembre 2009, il se retrouve au gnouf. Il s’en suit une campagne médiatique pour préparer l’opinion à avaler sa culpabilité forcée. Mais aussi pour faire douter la partie américaine qui finance le Mca-Bénin de sa crédibilité. A présent, le pouvoir de Yayi voudrait auditer la gestion du programme. Pour aboutir à quoi ? Certainement à un scénario Padme bis ! Adovèlandé peut être sûr qu’il ne retrouvera pas la coordination du Mca-Bénin. C’est ainsi que le voudrait le pouvoir.
Georges Akpo

Le Personnel de Mca-Bénin toujours sous le choc

Ils sont sérieusement affectés par l’arrestation de leur chef. Et le ne le cachent plus. Cadres, experts, travailleurs et responsables à divers niveaux du programme du Millénium challenge account pour  le Bénin sont toujours en état de choc. Ils semblent avoir encore de la peine à comprendre ce qui est arrivé à Simon Pierre Adovèlandé.

Stress envahissant. Moral abattu. Indignations générales. Émoi. Emotions… Ainsi se dresse l’état d’âme dans lequel vit désormais  le personnel  du programme du Millénium challenge account Bénin. Et ce, depuis l’arrestation du Coordonnateur national, Simon Pierre Adovèlandé. Déjà au premier point d’accueil, l’agent de sécurité affiche un air plutôt triste. Même s’il n’a rien perdu de sa vigilance dans le contrôle des usagers, son regard est moins rigide qu’avant. A quelques pas, la première porte d’entrée laisse découvrir le même état de choc. La belle standardiste du coin   n’accueille plus le visiteur avec sa vivacité d’antan. Son sourire habituel s’estompe progressivement au profit d’ un regard empreint d’angoisse.  Les occupants des premiers bureaux affichent des images similaires. Très peu bavards. Plutôt enclins à fouiner dans les dossiers et dans l’ordinateur. «Le travail se poursuit après tout, car nous avons une obligation de résultat » lâche, cependant l’un d’entre eux d’une voix faible.

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Bref, Le  climat de travail est bien froid en cette matinée de mardi 26 janvier 2010, dans l’un des halls des locaux du siège national  de Mca-Bénin sis à l’immeuble Kougblénou, non loin de la gare centrale de l’Ocbn, à Cotonou. Et il est ainsi  depuis le 25 décembre 2009. Date où a été arrêté Simon Pierre Adovèlandé.  « Tout sauf ça » ruminent beaucoup  de travailleurs,    affirmant en être sérieusement affectés depuis lors. Un Mca-Bénin  sans cette personnalité d’un genre particulier, ne peut que souffrir, selon  un autre agent qui fait le témoignage de son côté leader. « Il était vraiment un grand homme et a su développer  et imprimer un leadership dans toute l’équipe qui forçait l’admiration de tous ici».

Si le mécanisme interne au Mca-Bénnin  n’a changé en rien dans la poursuite du programme,  les hommes qui le mettent en oeuvrent sont psychologiquement atteints depuis bientôt un mois. A tel point, que la médecine interne est de plus en plus sollicitée pour traiter  presqu’au quotidien des cas de migraine, de maux de têtes et autres affections psychopathologiques. De moindre degré bien sûr. « Depuis que ce service est installé au sein du programme, il n’a été jamais aussi envahi » constate un agent de sécurité. La panique  gagne aussi du terrain au sein du personnel. De simples conducteurs de véhicules aux directeurs de projets, tout le monde est sur le qui-vive. L’atmosphère morose créée par l’arrestation du coordonnateur national s’ajoute ainsi à la crainte d’être interpellé à la moindre indélicatesse.  La motivation ici n’est plus la même qu’auparavant. Une affaire dont personne ne connaît l’issue. L’absence de Simon Pierre Adovèlondé est presque vécue comme un deuil au sein  de l’équipe de coordination nationale de Mca-Bénin.

La Bible,  son seul compagnon

Du  fond de sa cellule à la prison civile de Cotonou,  Simon Pierre Adovèlandé gère sa solitude dans la prière et la méditation. Coupé de toute communication téléphonique, ses rares visiteurs rapportent qu’il n’a désormais qu’un seul compagnon : sa Bible. Il la lit à longueur de journée pour remontre le moral et retrouver le réconfort, dit-on. Pénible vie pour un homme, qui jadis,  était presque connecté au monde entier, dans ses charges de coordonnateur d’un programme si impressionnant comme Mca-Bénin. Mais pour cette personnalité qu’on dit très pieuses  et très engagée dans sa vie religieuse,  cette nouvelle aventure est une nouvelle expérience de la vie, de l’avis de son entourage. Pour avoir accès à lui, dans les lieux d’incarcération, toute autre personne à l’exception de sa femme et de ses enfants, devrait être dûment autorisée par un juge qui lui délivrera un « permis de communiquer ». Une pièce que n’a pas, le premier venu, selon des sources judiciaires. La procédure pour l’obtenir serait assez compliquée.

Pour le moment, Simon Pierre Adovèlandé devra continuer à regarder dans le vide. Hélas ! Il devra attendre peut-être encore longtemps pour connaître un jugement. Favorable ou défavorable ?  Seul le tribunal en charge  du dossier   a le dernier mot. Pour rappel, son arrestation, fait suite   la plainte de l’avocat Sadikou Alao, qui l’accuse de porter la responsabilité, en sa qualité de président du Conseil d’administration du Groupe Bethsaleel Building, du non remboursement des fonds alloués à un projet non exécuté à ce jour. Il s’agit notamment d’un projet de construction de logements sociaux dans la commune d’Abomey-Calavi.
Christian Tchanou.

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