Naissance d’un nouveau front rebelle à la mouvance présidentielle

Abus de l’opposition ou chantage à Yayi? 

Depuis quelques temps, on note que certains députés de la mouvance présidentielle émettent des votes allant dans le sens de celui de l’opposition. Avec l’imminence du remaniement ministériel, on se demande si ce sont des prises de position de conviction ou si ce n’est que du chantage. En politique, on dit généralement que la fin justifie les moyens. On est tenté de dire que c’est un peu ce à quoi on assiste depuis quelques temps au parlement. En effet, après le G13 qui s’est totalement démarqué de la mouvance présidentielle depuis deux ans déjà, et trois des composantes du G4 par la suite, c’est au tour d’un autre groupe d’hommes politiques précisément des députés, de tourner dos au président Boni Yayi. Ceux-ci se sont notamment illustrés de fort belle manière lors de la plénière de vote du budget. Alors que tout le monde s’attendait comme à l’accoutumée qu’ils accompagnent les desiderata du chef de l’Etat, ils ont plutôt accordé leurs voix à celles des députés de l’opposition pour rejeter la loi de finance exercice 2010. Comme il fallait s’y attendre, leurs amis politiques leur ont crié haro dessus. Pour nombre d’entre eux, ils sont des traîtres. Le but de leur vote serait  de chercher à se faire entendre par le chef de l’Etat de qui, ils attendent leur part du gâteau national. Les intéressés, ont de leur côté, balayé du revers de la main les allégations de leurs co-partisans. Ils expliquent leur vote par le fait que le projet du budget 2010 comportait réellement des lacunes. Leur fidélité au prince n’a donc pas bougé d’un iota.

Cependant, connaissant les hommes politiques béninois, on se demande si ces votes dits objectifs, ne répondent pas à des calculs politiciens. En effet, nul n’ignore que non seulement on est à la veille d’un remaniement ministériel mais aussi à la veille d’échéances électorales. Par conséquent, toutes les cartes sont jouables pour se faire compter. Ainsi, pour pouvoir obtenir un poste au gouvernement, certains éléments de la mouvance au pouvoir n’hésiteront pas à abuser de l’opposition en se tapissant dans ses rangs pour faire chanter le président. Un fait qui renforce cette idée est la signature par certains d’entre eux de la demande d’une session extraordinaire pour l’examen de loi relative à l’abrogation de la Lépi, pourtant « chère » au Président Yayi. Du coup, l’opposition pourrait se faire l’illusion d’avoir de nouveaux adhérents alors qu’ils n’avaient que pour seul objectif leurs intérêts.

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Les nouveaux équilibristes de la scène politique béninoise devraient cependant essayer de ne pas perdre de vue la redistribution des données qui s’opère actuellement dans le pays. En l’occurrence les grands ensembles politiques qui tendent à naître ou à se consolider. Cela pourrait ne pas être un terreau fertile pour leur œuvre.

Benoît Mètonou

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