Apaisement de la tension socio-politique nationale

Le Nep propose un forum national vérité et réconciliation

Le Nouvel élan pour la patrie (Nep/Mixalodo) de Paul Gnimagnon se préoccupe de l’actualité socio-politique nationale. En raison de la tension actuelle, il propose un forum national dénommé ‘’Vérité-Réconciliation’’ pour une sortie de crise. (Lire sa lettre ouverte)     Cotonou, le 19 février 2010
Lettre ouverte Aux Présidents
– Thomas Boni YAYI
– Mathieu KEREKOU
– Emile Derlin ZINSOU
– Nicéphore Dieudonné SOGLO
 – de l’Assemblée Nationale
– de la Cour Constitutionnelle
– de la Haute Cour de Justice
– de la Cour Suprême  
– du Conseil Economique et Social
– de la Haute Autorité de l’Audiovisuelle et de la Communication.

Aux
– Médiateur de la République
– Haut Commissaire à la gouvernance concertée

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Aux
Professeurs
– Maurice Ahanhanzo-Glèlè
– Albert Tévoédjrè
– Théodore Holo
A
– Maître Robert Dossou
– Toute l’Intelligentsia Béninoise  

Aux
– Chefs des  partis politiques
– Secrétaires généraux des syndicats
– Clergés et Représentants des Congrégations religieuses

A tous nos compatriotes

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Objet : Proposition de l’organisation d’un Forum National Vérité et Réconciliation


 Le temps passe vite et je voudrais m’imposer de m’acquitter d’ un  devoir civique, celui  de m’adresser à vous tous, d’abord  en tant que  citoyen,  mais ensuite en tant que Président  du Parti Politique et ce, à l’occasion du 20ème anniversaire de la Conférence des Forces  Vives  de la Nation de Février 1990.
En effet, il y a vingt ans que le peuple béninois tout entier a décidé d’inaugurer  sous votre impulsion  et votre éclairage une Révolution pacifique inédite; la naissance d’une Nouvelle République  ou la renaissance morale et politique de notre pays pour un renouveau  économique et socio-culturel. ..
Dans les actes de ladite Conférence et plus particulièrement dans le rapport général présenté sous la plume du Professeur Albert TEVOEDJRE et  adopté   à l’unanimité, on peut retrouver à la fois le fondement de ce forum et le contenu de la nouvelle pensée politique, de la nouvelle philosophie politique, qui doit désormais ,servir de base à toute action politique, à toute gouvernance quel que soit l’ homme  à qui le peuple confierait la responsabilité de diriger les affaires publiques dans notre pays.
Je voudrais citer quelques phrases qui sont des idées centrales de cette nouvelle pensée politique, pour en rappeler à la mémoire collective. Nous lisons donc dans le rapport général ce qui suit:

«Nos dirigeants doivent avoir un comportement différent face à l’argent»
« L’argent ne  peut plus être notre maître»
«Nous ne devons  plus rester assassins de nos propres valeurs»
«Nous devons nous réhabiliter et nous respecter»

Il est également mis l’accent sur la tolérance, le droit à la différence, le consensus pour forger, entretenir la concorde nationale au-delà des diversités ethniques, politiques et socio-culturelles.
Prenant en compte les débats qui ont eu lieu, toute la journée du 22 février 1990, et qui ont porté sur la dénonciation de la corruption, du tribalisme, du régionalisme, de l’arbitraire, de la violation des droits de l’homme, de la confiscation des libertés’ publiques, du marasme économique, de la gabegie et de la  politique du copinage,  il est également souligné qu’il faut mettre  en œuvre un programme national de redressement économique.

Au cours du grand débat national était déjà prononcé le terme changement, faut-il le souligner.
En nous demandant en 1990 quelles visions avons-nous de notre destin  collectif, le rapport général dit ceci: «Si tu peux voir détruit, l’ouvrage de ta vie et, sans perdre un instant, te remettre à rebâtir, tu seras un homme mon fils».

Je me trouve non indiqué pour faire le  bilan des 20 ans de ce grand forum. Je ne pense pas, et c’est ma conviction profonde, que mes aînés éprouveraient un plaisir à assister en spectateur passif à la destruction de l’ouvrage de leur vie, c’est-à-dire à la destruction de ce qu’ils ont contribué à bâtir avec tant de peines, tant de sacrifices,  même s’ils ont la force de se remettre à bâtir sans perdre un instant, Je reste d’ailleurs convaincu que pour la plupart, ils n’en n’ont plus la force.. En outre, il faut éviter l’éternel recommencement ou éviter de donner du travail inutile à la génération encore active ou montante.

Les leaders politiques et autres aspirants à la Marina se trouvent ainsi interpellés car, ils ne doivent pas seulement se limiter à la course effrénée au pouvoir tout comme si sans le pouvoir ils ne sont plus rien dans leur vie. Ils doivent se démarquer du «ôtes-toi pour que je m’y mette» ; autrement, ils n’amélioreront pas à leur tour la gouvernance.

L’heure est si grave qu’il importe que chacun de nous se pose des questions :

– Sommes-nous fiers de l’état de la démocratie 20 ans après lorsque  le consensus national est rejeté et que la séparation des pouvoirs n’est que source de conflits du fait de la volonté d’un homme ?

– Sommes-nous fiers des législatures postérieures à la première, lorsque l’hémicycle connaît de nos jours des «députés django»  selon l’expression  de la rue et des «députés-marchandises» à coûts négociables sur le marché ?

– Sommes-nous fiers lorsque les admis aux concours de recrutement dans certains secteurs de la fonction publique ne sont rien d’autres que des natifs d’une région, des parents de Directeurs Généraux, de Ministres et de certaines catégories de fonctionnaires ?

– Sommes-nous fiers lorsque le tissu social et l’unité nationale s’effilochent tel un tissu de coton ?

– Sommes-nous fiers de la recrudescence de la corruption et de l’insécurité ?

– Sommes-nous fiers de  la morosité économique toujours attribuée à la crise mondiale ?

– Est-ce le nouveau leadership politique dont nous avons semé les graines à l’Hôtel Plm Alédjo en février 1990 ?

Il  est évident que nous ne devons pas nous satisfaire de quelques acquis même  s’ils ne sont pas négligeables car, les graines ensemencées en février 1990 ont
commencé à être déterrées depuis longtemps par les perdrix et envahies par les  mauvaises herbes de sorte que les fruits ne tiennent plus la promesse des fleurs.

La République s’effondre du fait de  l’effondrement des valeurs démocratiques  et républicaines. Le Bénin va à la cassure et la situation nous impose, vous impose chers aînés, de vous prononcer, Votre silence, s’il perdure sera interprété comme une acceptation, comme une censure positive  de la mauvaise gouvernance et donc comme une complicité. Vous auriez ainsi démontré qu’à cette place, vous n’auriez pas fait mieux. Vous aurez donc  contribué à ériger la mauvaise gouvernance en un modèle que  copieront le président de la République de 2011 et ses successeurs.

La situation politique  nationale nous impose de marquer une pause  afin de rappeler et de repréciser  les grands repères du Renouveau
démocratique mais aussi, d’aller à un approfondissement  de la conférence des Forces Vives de la Nation  de Février 1990. Car ,si  celle-ci a eu le mérite d’inaugurer et de poser les bases politiques et  morales  du changement en matière de gouvernance, il faut aussi reconnaître qu’elle  est restée à mi-chemin; elle ne  pouvait d’ailleurs  rester  qu’ à mi-chemin non seulement  parce que  son contenu et ses  limites politiques étaient fixés mais aussi  du fait  de nos réalités  politiques. C’est le lieu de témoigner notre reconnaissance  aux principaux acteurs dont certains sont destinataires de la présente lettre. Leur sagesse, leurs expériences, leur savoir faire, leur doigté ont, permis d’éviter de «gratter tout ce qui irritait», ce qui a épargné la dérive au peuple Béninois et au Bénin.

En d’autres circonstances ou sous d’autres cieux, une telle  conférence  n’aurait pas manqué de donner la parole aux victimes de l’autocratie. Elle ne se serait pas substituée aux nombreuses victimes, elle n aurait pas parlé en  leurs noms. Celles-ci se seraient vidées et les frustrations accumulées des années durant auraient été révélées; les victimes n’auraient pas été étouffées. Il n’y aurait pas eu maldonne au sujet de la «réparation» de leur dignité  morale et matérielle et les promotions et autres privilèges accordés aux auteurs et complices des actes criminels.

Cela aurait été une 1eçon qui aurait empêché à coup sûr la reproduction de nos jours des mêmes actes sous d’autres formes.

Aujourd’hui, de nouvelles frustrations s’ajoutent aux anciennes non dissipées et il n’est pas surprenant d’entendre les victimes crier «ni pardon ni oubli».
La nécessaire réconciliation frappe à la porte:
 -Réconciliation entre les nationalités ;
– Réconciliation entre les régions;
– Réconciliation entre les victimes de l’autocratie et les auteurs et complices des actes criminels;
– Réconci1iation entre les congrégations religieuses, entre Ies chefferies traditionnelles divisées.
Il ne s’agit pas de mon point de vue d’un simulacre dont la finalité sera de distribuer des postes ministériels et  autres postes de responsabilité. Il s’agira d’une réconciliation  entière au regard de l’ampleur  inquiétante que prend la division  Nord-Sud afin que chacun  se sente à l’aise partout , et qu’aucune velléité sécessionniste ne  traverse plus jamais les esprits. Il s’agira  pour les divers acteurs de se pardonner du fond du cœur, un pardon sincère qui n’est possible qu’après qu’ on  se soit dit la vérité  et que l’auteur et le complice des actes incriminés reconnaissent et acceptent librement leurs fautes

Je propose  donc un Forum National Vérité et réconciliation. Le contenu  est de l’évidence et ce faisant, ce sera un grand  service rendu au peuple, aux dirigeants actuels et aux générations futures. Le cercle vicieux  des règlements de compte, de la vengeance générateurs de guerre civile sera épargné.  
.Je suis mal placé pour proposer l’échéance car, j’ai la ferme  conviction qu’ il s’agit d’une tâche d’Etat  de grande portée patriotique que seul un gouvernement  cohérent, composé d’hommes courageux ,de grande valeur morale, animés d’une générosité de bon aloi et d’un niveau élevé d’esprit de sacrifice,peut aborder et réussir dans l’intérêt bien compris de la nation béninoise tout entière.
L’organisation de ce forum est l’une des priorités du programme d’action  du gouvernement. du N.EP-MIXALODO.

Le Président de la République de 2011, s’il aime vraiment ce pays et ce peuple doit l’inscrire dans son agenda dès son investiture.
En conséquence, Ie gouvernement du Président Thomas Boni Yayi  est disqualifié pour prendre en charge l’organisation d’un tel forum parce qu’ il est incapable de comprendre la quintessence de  l’objet en cause, vu son  sectarisme, sa voracité pour le pouvoir et son régionalisme hors pair.
 Tel un fils, qui alerta son père qui s’était rassuré d’avoir mis de l’ordre dans la maison, mais à l’insu de qui, l’autre fils espiègle  commençait à tout défaire,  je viens  vous alerter  pour que vous  réagissiez vite face à la destruction de l’ouvrage  de votre vie.
Autrement, même si nous avons un nouvel homme en 2011, il risque de nous embarquer dans Ie même navire avec la même gouvernance pour notre ruine collective
Cette fois-ci, l’œil de la conscience ne sera pas celui de Caen ; l’oeil de la conscience  sera celui des feux Monseigneur Isidore de SOUZA, Hubert Maga, Sourou Migan Apithy,.Justin Tomêty Ahomadégbé, Salomon Biokou,….etc. et toutes les victimes des dérives du gouvernement du changement dont vous ne pourrez immobiliser les âmes; si le sacrifice commencé reste inachevé, celles-ci risquent de se venger,de nous envoyer les catastrophes de tout genre et nous n’aurons pas vaincu la  fatalité.  Je voudrais rappeler enfin l’état du Bénin en cinquante ans d’indépendance et vingt ans après la Conférence Nationale, et je nous pose la question suivante:  «qu’est-ce qui nous arrive ? Qu’est-ce qui arrive aux Béninois et au Bénin ?» .

.Je vous remercie. ..
Le Président Paul GNIMAGNON 

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