Comment Yayi a enterré le dossier
Enclenché en 2008 après un rapport d’audit, le processus de reddition de comptes à la Sbee est un véritable canular. Les fossoyeurs de la société n’ont jamais été écoutés par un juge et roulent allègrement carrosse. La volonté maintes fois proclamée du Chef de l’Etat de ressusciter la Sbee s’éclipse de façon suspecte au fil des jours, laissant les clients seuls face aux caprices de cette société. Y avait-il de la part du Chef de l’Etat et de son gouvernement une volonté affichée de punir les fossoyeurs de la Sbee ? Au fil des mois et des années, on se rend compte que le dossier Sbee n’est plus une préoccupation pour le gouvernement. On a de plus en plus l’impression qu’il s’agit d’un plan concocté pour l’enterrement en douce du dossier. En effet, en passant en revue la façon dont ce dossier a été conduit par le gouvernement, on se demande s’il n’y a pas anguille sous roche. Les audits, nous avait-on dit, auraient relevé une lourde prévarication et identifié dix huit cadres et membres de gouvernement responsables de la descente aux enfers d’une des plus prestigieuses sociétés de notre pays. Parmi les dix huit, il y a les deux derniers Directeurs Généraux de la société avant l’éclatement du scandale, en l’occurrence Célestine Adjanohoun et Luc Da Matha Sant’anna. Curieusement, au moment où l’affaire éclatait en 2008 ces deux Dg étaient déjà élus députés sur la liste Fcbe conçue et promue par le Chef de l’Etat lui-même. Beaucoup se demandent aujourd’hui si ce n’est pas un plan du président Boni Yayi pour les mettre à l’abri avant de faire éclater l’affaire puisque des rumeurs folles annonçaient bien avant les audits que ces Dg avaient commis des impairs. Le fait que les deux sont mis simultanément sur la liste Fcbe préjugeait du fait que ce n’est pas un positionnement innocent. On sait qu’une fois qu’ils sont élus députés, il sera très difficile de lever leur immunité pour les envoyer devant les juridictions. Ces préjugés partagés par bon nombre de Béninois deviennent de plus en plus une vérité évidente aujourd’hui. Et pour cause, le gouvernement n’a même pas daigné enclencher cette procédure aussi longue soit elle avant de rencontrer des écueils. Depuis près de trois ans, rien n’a été fait dans ce sens. Plus grave, les seize autres personnes citées dans cette affaire et qui ne sont sous immunité n’ont jamais été convoqués et écoutés par un juge. En son temps, le gouvernement servait fréquemment aux populations que l’affaire est confiée à la justice. L’alibi était bien trouvé. Le gouvernement voulait se dédouaner. Sinon s’il voulait la condamnation des personnes citées, il l’aurait obtenu connaissant l’influence du parquet dans la poursuite ou non d’une information judiciaire. D’ailleurs le gouvernement en a donné l’exemple dans les dossiers du maire de Dangbo Clément Gnonlonfoun et dans celui de Simon Pierre Adovèlandé tous deux déposés en prison en quelques jours après une implication des procureurs de la république.
Dans le même temps, trois ans n’ont pas suffi pour obtenir les condamnations dans ce dossier de la Sbee qui n’a pas encore livré tous ses mystères. On continue de servir à certains curieux qui se préoccupent de l’affaire « laissez la justice faire son travail ». Jusqu’à quand alors ? A la fin du mandat de Boni Yayi peut-être. Pendant ce temps les clients de la société vont continuer à payer les factures aux montants exorbitants et subir les conséquences des coupures intempestives de l’énergie électrique. Ils boiront ainsi le calice jusqu’à la lie.
M. Z.
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