Notre dame d’Akpakpa ou la marraine des milieux mafieux ?
(Elle érige un boulevard pour l’échec du régime)
Plus qu’une égérie, elle fait marcher une bonne majorité des principaux collaborateurs du Président de la République dont elle réussit à obtenir beaucoup de faveurs tendant à transgresser l’essentiel des engagements pris par Boni Yayi en matière de bonne gouvernance, l’essence même du contrat entre celui-ci et le peuple. A l’heure du bilan, Boni Yayi aura visiblement du mal à justifier auprès du peuple béninois (sa bonne foi ou) des résultats qu’il aurait obtenus en matière de lutte contre la corruption et pour la bonne gouvernance. Et pour cause ! Non seulement il aura en face l’évidence du non aboutissement à de véritables sanctions des principaux dossiers de mal gouvernance révélés par les innombrables audits qu’il a lui-même commandités dès son accession au pouvoir, mais il aura surtout sur la conscience de nouvelles affaires non moins scabreuses au cœur desquelles se trouvent malheureusement des personnes très proches de lui. Il s’agit entre autres d’une dame, peu connue du grand public mais très influente dans les milieux d’affaires dont elle porte et défend les intérêts parfois très mafieux auprès des milieux de prise de décision même les moins soupçonnés.
Récidiviste ?
Déjà plusieurs fois dénoncée par les responsables de certaines organisations de la société civile engagée dans la lutte contre la corruption en République du Bénin dont le tonitruant président de l’Ong Alcrer Martin Assogba et son pair de l’Olc et du Fonac, Jean-Baptiste Elias « Notre dame d’Akpakpa» procède par recommandation d’hommes d’affaires, de fournisseurs, de prestataires et autres partenaires aux institutions et structures de l’Etat dont elle contrôle les responsables, exigeant de gros marchés avec des procédures peu contraignantes, au mépris des règlementations et sous la menace de faire perdre à celui qui résisterait son poste. Les pressions et les influences de « Notre dame d’Akpakpa ne sont que sur les responsables d’institutions et des structures de l’Etat. Elle les exerce également sur les opérateurs économiques, hommes d’affaires et autres clients de l’Etat à qui ses services profitent. Certains d’entre ceux-ci disent ne guère faire profit avec elle car elle exigerait tellement d’eux en termes de pots de vins que finalement, surtout avec les peines qu’avait éprouvées le trésor public à honorer les créances, grand-chose ne leur serait pas resté comme bénéfice. Particulièrement, ceux qui sont passés par elle pour obtenir des marchés dans le cadre des travaux relatifs au sommet de la Cen-Sad sont ceux qui se plaignent le plus du caractère exorbitant des pots de vins qu’elle continuerait de leur exiger en dépit des complications intervenues dans le dossier.
Approchés, plusieurs hauts responsables victimes ou complices de ses agissements confessent leur gêne à en parler. Ils tentent de justifier cette gêne en même que la difficulté qu’ils éprouvent à résister aux immixtions et pressions de « Notre dame d’Akpakpa » dans la gestion des affaires publiques dont ils sont délégataires par la spécificité de ses rapports avec le Président de la République. Lesquels rapports constitueraient pour l’intéressée le principal instrument de chantage et de trafic d’influence.
Bien que gênés par l’allure indécente ou mafieuse des immixtions de cette dame et tout aussi conscients des implications que cela pourrait avoir sur le comportement des électeurs béninois à l’occasion des élections présidentielles de mars 2011, ni le Chef de l’Etat, ni la troupe de ses partisans ne semblent encore rien faire pour l’arrêter dans ses dérives. Sinon comment comprendre et justifier les allégeances dont elle continue apparemment d’être gratifié aussi bien par le Président de la République lui-même, certains de ses ministres des députés de sa mouvance que par des directeurs de sociétés d’Etat, des conseillers techniques ou spéciaux du palais et des cadres de l’Administration publique ? Toute chose qui contraste avec les valeurs de bonne gouvernance sur lesquelles le peuple attend Boni Yayi. La question selon certaines indiscrétions préoccupe en ce moment les acteurs politiques qui s’organisent pour une alternance en 2011. Ce groupe d’acteurs politiques rangés dans une opposition au régime du changement détiendrait divers documents, témoignages et autres pièces constitutives sur les pratiques de « Notre dame d’Akpakpa » et compte les verser dans la mise en œuvre de ses stratégies visant à débarquer Boni Yayi au terme des élections présidentielles de 2011.
« Notre dame du palais», version Yayi ?
Ce phénomène n’est pas nouveau en République du Bénin. Car c’est un secret de polichinelle que de se souvenir qu’au soir du régime du Général Mathieu Kérékou, il y eu un phénomène de trafic d’influence porté par une personne que nous appelions « Notre dame du palais ». Comparé à celui que « nous observons aujourd’hui avec Boni Yayi, déplorent certains citoyens, le phénomène de Notre dame du palais parait encore plus acceptable car l’intéressée à l’époque occupait une fonction plus ou moins officielle, chargée de mission du président de la République ».
Ce constat des citoyens béninois nous amène à nous demander ce qui pourrait vraiment changer, s’il s’établit que Boni Yayi et son régime ont érigé à travers cette dame, « Notre dame d’Akpakpa » et de façon moins élégante que sous un régime précédent que nous trouvions « mafieux», leur version de « Notre dame du palais ».
Janvier Zocli