Coup d’Etat au Niger

Autant en emportent les armes !

Exit Mamadou Tandja et sa mission à parachever ! A moins d’un retournement spectaculaire de situation qui favorise son retour aux affaires, éventualité peu probable au regard du développement qu’a connu l’exécution de ce coup d’Etat, Mamadou Tandja qui se croyait indispensable au Niger peut ronger ses freins. Sa page vient d’être tournée d’une manière à laquelle il ne s’attendait certainement pas. Pas surprenant et il peut même s’estimer heureux d’être encore en vie. Car, au Niger, la démocratie du plus fort était devenue, depuis quelque temps, la meilleure. Or, avertit Alpha Blondy, lorsqu’il en va ainsi, c’est une rafale de mitraillette qui balaie le président : un regrettable accident…  Le commandant Adamou Harouna est passé par là au Niger avec ses hommes. Vivement qu’il prenne, lui, la juste mesure de sa mission et qu’il se borne à l’accomplir pour passer ensuite à autre chose.
Mamadou Tandja était devenu le prototype du démocrate africain, fieffé manipulateur de la Constitution pour pérenniser sa présence à la tête de son pays, comme si personne à part lui ne pouvait diriger le Niger. La démocratie tropicalisée avec ses succédanés de corruption, d’élections convenues, de mise à l’écart d’adversaires crédibles, était le lot du Niger. Personne, en fait, ne se doutait de ce qui attendait le Niger. Après le passage en force de Tandja via le tripatouillage de la Constitution, pour se maintenir au pouvoir. La seule inconnue, c’était de savoir quand cela arriverait, surtout que la médiation des organisations sous-régionales comme la CEDEAO ne semblait pas faire plier l’ex homme fort de Niamey. La communauté internationale, pour avoir assisté en spectatrice quasi joyeuse aux viols répétés de la Constitution, ne condamnant que du bout des lèvres et/ou ne prenant que des sanctions loin d’attendrir Mamadou Tandja, sera infondée à condamner ce qui vient de se passer.
Dès lors, le seul recours qui restait aux Nigériens semblait résider dans les manifestations de rues, lesquelles auraient pu finir en bain de sang, vu la détermination de Mamadou Tandja à se maintenir aux affaires vaille que vaille. Il ne restait alors, comme solution, que l’Armée pour renvoyer les indispensables au vestiaire. Et, il en sera probablement toujours ainsi chaque fois que des dirigeants africains, qui ne présentent pourtant pas de bilans particulièrement élogieux, qui deviennent ivres de pouvoir, doigteront les lois pour s’imposer au peuple, chaque fois qu’ils se mettront en marge des règles établies. Chaque fois aussi qu’ils n’incarneront plus les aspirations du peuple, qu’ils le trahiront. Car, s’il est vrai que sous nos tropiques, la rue ne semble pas encore avoir acquis la force de mobilisation qui fasse plier les régimes et les renverser, il est tout aussi vrai que l’Armée reste souvent le dernier rempart, chaque fois qu’elle décide de prendre ses responsabilités. Chaque fois qu’elle décide de prévenir le pire face à des dirigeants à qui le pouvoir est manifestement monté à la tête.
Autant en emporteront toujours les armes, si l’incurie gagne les dirigeants, si la démocratie est galvaudée, qu’on l’instrumentalise pour servir des causes égoïstes.

Ce coup d’Etat au Niger appelle sans doute aussi à se demander si l’heure ne sonne pas pour que les peuples africains prennent le temps de faire des bilans sérieux de leur pratique de la démocratie, de voir s’ils sont vraiment dans les rangs en ce qui concerne sa pratique. S’il vaut la peine de continuer à se voiler la face, à se mentir et à faire tourner nos Etats en rond. S’il ne faut pas modeler officiellement une démocratie qui nous convienne ou inventer un autre régime qui réponde le mieux aux aspirations de nos pays…

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Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source : http:/commentvalebenin.over-blog.com)

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