L’Ocbn bradée en catimini
Les scandales n’en finissent plus sous le régime dit du changement. Le dernier en date est le bradage incognito de l’Organisation commune Bénin-Niger (Ocbn) des chemins de fer et de transport ferroviaire. Cette concession faite sur le dos des travailleurs qui s’échinent à redorer le blason de la société, rappelle à s’y méprendre l’affaire Sonacop pour laquelle le régime actuel a pourtant envoyé en prison Séfou Fagbohoun. L’ Ocbn n’appartient plus aux Etats béninois et nigérien. Cette société qui date de 1959 est désormais aux mains de la société Pic Network Limited. C’est la conclusion qu’on est forcé de tirer suite à la lecture d’une lettre en date du 10 février dernier que le ministre délégué auprès du président de la République chargé des transports et des travaux publics a adressée au Directeur général de l’Ocbn. Le contenu est sans équivoque et ne laisse planer aucun doute sur la question. Dans cette lettre, le ministre Nicaise Fagnon fait clairement savoir au directeur général de l’Ocbn qu’il devra mettre à la disposition du promoteur de Pic Network Limited, tous les documents et informations nécessaires afin qu’il procède à des audits techniques, financiers et des ressources humaines ainsi que du diagnostic du réseau et du matériel ferroviaires. L’ordre est également intimé au Dg/Ocbn de fournir au promoteur de Pic Network Limited les contrats concernant les activités ferroviaires et de transport opérées par sa société. Dans la suite de la lettre, le ministre se montre plus péremptoire et indique que la direction générale de l’Ocbn ne devra plus prendre des engagements, ne devra plus signer de contrats ou avenants, ne devra plus recruter du personnel sans s’en référer préalablement à l’autorité de tutelle et sans avis consultatif de la Société Pic Network Limited. Dès lors que faut-il comprendre si ce n’est que la société Pic Network est désormais le concessionnaire du réseau ferroviaire de l’Ocbn. Si la direction actuelle doit consulter une société externe avant de prendre des décisions de souveraineté, il faut entendre par là que cette direction n’existe que de nom. On ne peut d’ailleurs plus douter de l’effectivité de ce bradage puisque la lettre du ministre Nicaise Fagnon fait état de ce qu’il a reçu une correspondance du ministre d’Etat chargé de la prospective qui « retrace les principales conclusions des négociations entre le Pic Network Limited et le gouvernement de notre pays, de même que la validation desdites conclusions avec la partie nigérienne… ». On comprend donc que les négociations ont été menées par le ministre d’Etat Pascal Koupaki. A tout ceci, il faut ajouter la convention de concession de gestion et d’exploitation des chemins de fer et des transports entre d’une part la République du Bénin et la République du Niger (Autorité concédante) et d’autre part la Société Pic Network Limited (Concessionnaire). Cette convention, faut-il le souligner regorge aussi de clauses qui démontrent que l’Ocbn a été donnée gratuitement au concessionnaire.
Quel bénéfice pour le Bénin ?
Dans cette affaire, c’est le peuple béninois et les cheminots qui en sortent grands perdants. Nul n’ignore que depuis plusieurs mois, l’Etat a injecté plusieurs milliards de francs Cfa pour faire revivre ladite société. Au total 6 milliards 542 millions ont été investis pour que l’Ocbn revive : 1 milliard a servi à acheter les machines qui ont permis la reprise du trafic ferroviaire au Bénin, 5 milliards pour de nouvelles machines à venir et 542 millions pour remettre le réseau ferroviaire en place. Il faut noter qu’à peine remise à flot, la société des cheminots a déjà engrangé près de cinq contrats dont le montant dépasse les 10 milliards de francs Cfa. Tout ceci pousse à s’interroger. D’abord, si le gouvernement avait le projet secret de vendre ou d’offrir sur un plateau d’or l’Ocbn, pourquoi y voir injecté l’argent du contribuable ? Pourquoi n’avoir rien dit aux travailleurs qui consentent d’énormes efforts pour que la société retrouve ses lettres de noblesses ? Puisque l’engagement pris par l’Etat de solder les arriérés de salaires, n’a pas été respecté.
Redevance de concession
In extenso, voici ce que prévoit la convention en ce qui concerne la redevance de concession en son article 28.1 : « En contrepartie de la mise en concession des activités ferroviaires et du droit d’exploitation accordé au concessionnaire, le concessionnaire paie une redevance annuelle de 2% du chiffre d’affaires. Elle est payable au plus tard le 31 janvier de l’année suivant l’exercice clos ».
Affaire à suivre …
Georges Akpo
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