(Silence sur les sujets brûlants de l’actualité nationale)
Le transfuge du G13, Rachidi Gbadamassi, connu pour ses promptes réactions sur les sujets d’actualité politique nationale en faveur du pouvoir en place, est pratiquement invisible sur le terrain depuis quelques temps. Son silence amène plus d’un à se demander s’il se prépare à lâcher le président Boni Yayi en raison des schémas qui se dessinent sur le terrain. Le député Rachidi ne parle plus. Les bons démocrates veulent qu’il continue de se prononcer sur les sujets d’actualité politique nationale, même si ses prises de position sont pour la plupart controversées et très peu convaincantes. Beaucoup de Béninois s’attendaient à ce qu’il donne son point de vue sur la convention nationale de l’Union fait la Nation. C’est un grand sujet qui préoccupe les milieux politiques. Pour preuve, des partis, associations ou mouvements proches du régime du Changement ont fait des sorties pour critiquer cet événement. Ce qui est de bonne guerre. En dehors de cela, Rachidi Gbadamassi a disparu dans le débat sur la Liste électorale permanente informatisée. C’est une question nationale. Il y a même une session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour abroger la loi sur la Lépi. Le régime du Changement se bat pour faire échec à l’initiative de l’opposition. Les uns et les autres multiplient des sorties médiatiques et des réunions secrètes pour atteindre leur objectif. Mais, Rachidi Gbadamassi est resté silencieux sur ce dossier, au moment où le pouvoir en place a besoin de lui pour vilipender la « vieille classe politique ». La crise socio-économique caractérisée par des mouvements intempestifs de grève dans l’administration n’a pas suscité la réaction de l’homme, alors que le gouvernement a besoin de ses services pour au moins adresser un message d’apaisement aux syndicalistes. Or, par le passé, l’ancien prisonnier de Natitingou n’hésitait pas à sortir de son gong pour se prononcer sur des sujets moins importants. Le pardon de Me Adrien Houngbédji au président Nicéphore Soglo, les tractations à l’Assemblée nationale, les critiques acerbes contre le G13 et autres étaient ses plats de résistance. A cet effet, il était pratiquement le bras armé du Changement contre l’opposition.
Rachidi Gbadamassi est-il déjà déçu par sa nouvelle famille politique ? Cette question se pose à voir les circonstances et les commentaires qui ont fait suite à son revirement dans la mouvance. Peut-il rejoindre le président Boni Yayi sans une contre-partie ? Il déclare partout qu’il est retourné du côté du pouvoir par conviction sans convaincre la plupart des Béninois. Dès lors, a-t-il pu obtenir toutes les promesses qu’on lui a faites ? Difficile de le dire. Mais, le pouvoir en place est champion dans le non-respect de ses engagements politiques. L’alliance Wloguèdè en 2006 et le G13 après l’élection du président Mathurin Nago à la tête du Parlement béninois continuent de se mordre le doigt. Et, il n’est pas exclu que Rachidi Gbadamassi en fasse les frais aujourd’hui. Dans ces conditions, ce dernier n’a d’autres choix que de laisser le pouvoir dans la gueule de ses adversaires. C’est aussi une forme de protestation.
On peut aussi voir autrement la situation du transfuge du G13. En bon calculateur, il aime aller du côté de la victoire à l’approche des élections. Dans ses observations, voit-il déjà l’échec du président Boni Yayi aux prochaines consultations électorales ? En tout cas, sur le terrain, l’opposition développe toutes les stratégies possibles pour conquérir le pouvoir en 2011. L’Union fait la Nation et les partisans du président Abdoulaye Bio Tchané quadrillent le terrain. Les mécontentements du peuple et la crise économique contribuent à la baisse de la popularité du chef de l’Etat. M. Gbadamassi veut peut-être s’assurer du camp de la victoire, avant de se repositionner. Pour le faire, les arguments ne lui manquent jamais.
D’une manière ou d’une autre, l’ancien militant du G13 a baissé l’échine dans la défense des intérêts du régime du Changement. Par son silence, c’est lui seul qui sait ce qu’il veut.
Jules Yaovi Maoussi
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