CONFERENCE NATIONALE: 20 ans APRES, COQUILLE VIDE ou EMPAILLAGE ! !

Tout le peuple béninois revit depuis déjà quatre semaines les mémoires des vingt ans de la Conférence nationale des forces vives. La Radio de l’ORTB, la chaîne des grands évènements a revisité les mémoires de l’histoire pour nous servir les temps forts de notre histoire, une redécouverte du génie politique du peuple béninois.                Qu’ils sont vraiment forts ces extraits de textes de voix qui nous sont servis pour redonner de la valeur aux souvenirs d’une part, et pour donner une leçon d’histoire aux enfants de moins de vingt ans d’autre part.

               En son temps j’ai suivi religieusement sur les antennes de l’ORTB toutes les retransmissions de la Conférence nationale, depuis ma table de travail de tapissier, où je réalisais la commande d’œuvres d’art pour l’Agence nationale de la BCEAO. J’ai suivi, écouté avec beaucoup d’intérêt et avec beaucoup de réserve aussi. Vingt ans sont passés et nous sommes encore là pour apporter nos jugements personnels, relatifs, bien sûr, mais responsables surtout. Qu’on ne nous traite surtout d’aucun mot avilissant ou mitoyen.

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               Lorsqu’il s’agit de la chose politique on a l’habitude de toujours chercher à voiler la vérité, la réalité et contenter Paulette ou Jacques, Kouadjo ou Affiavi. Et pourquoi donc ? Lorsque vous écoutez les extraits diffusés sur les antennes de la Radio nationale, vous avez la chair de pouls. Vous écoutez l’auteur, vous l’identifiez aujourd’hui, vous vous reportez vingt ans en arrière, et vous tombez à la renverse de votre lieu d’écoute. Pourquoi ? Parce qu’il y a une contradiction monstrueuse entre les vingt ans d’actes et de comportements posés. Vous tombez à la renverse à votre point d’écoute si vous n’aviez eu aucune accointance impropre dans les coulisses de tous les pouvoirs qui se sont succédés jusqu’à ce jour au BENIN.

              Alors, vous vous posez la question : que nous reste-t-il  de la Conférence nationale de février 1990 au BENIN ? Il n’y a plus rien de cette conférence. Pire, nous sommes allés en arrière en ce qui concerne les conditions de vie des larges masses laborieuses. Le prix du paquet de ciment est multiplié par trois. La bouteille de bière      ‘’ La Béninoise ‘’ est passée de 165 Fcfa à 550 F. Depuis le régime du Président Nicéphore Dieu –Donné SOGLO, le prix de vente du kilogramme de coton n’a guère dépassé la barre de 200 F. Le prix des médicaments augmente de 10 à 20 F presque tous les quatre mois. Le  tarif de transport Cotonou – Calavi est passé de 150 à 400 F. La situation de nos denrées alimentaires est connue de tous. Quelle augmentation ont connu les salaires dans les entreprises  et dans les administrations d’Etat pendant les vingt années d’application de la Conférence? Avions-nous vraiment vaincu la fatalité ?

             Combien gagnait un député à l’Assemblée Nationale Révolutionnaire sous le régime Marxiste – Léniniste au temps du PRPB ? Combien gagne un député en 2010 à l’ère béninoise du renouveau démocratique que nous applaudissons tous et qui est désormais applaudie et subventionnée par les puissances dominatrices étrangères d’hier aujourd’hui partenaires au développement ? Quelle fut la fortune incriminée du Grand camarade de lutte, le Président Mathieu KEREKOU de 1972 à février 1990 ? De la transition en passant par les dix ans de président démocratiquement élu, à combien se chiffrerait désormais sa fortune amassée démocratiquement et admise par les grandes chancelleries, vigiles des régimes politiques en Afrique et dans le monde ?

               Suffirait – il d’avoir une caution adulée de l’extérieur à un régime politique au Benin pour déclarer que cette option politique, cette idéologie occidentale améliore les conditions de vie dans les diverses couches sociales de la population béninoise ?

                A l’évidence, nous constatons que presque tous les ténors ou participants à la Conférence nationale sont devenus les grands  dignitaires du renouveau démocratique. Ils se sont accaparés du pouvoir d’Etat de diverses manières à divers niveaux. Ils sont devenus les nouveaux riches, les grands nouveaux bourgeois de la nouvelle société béninoise. Ils font les textes de loi à leur mesure. Ils en appliquent selon leurs bons vouloirs et leurs intérêts calculés. On vous dira que nous sommes dans un pays de droit. Ils saisissent les médias pour nous dire leurs plus beaux discours d’intention. Ils font applaudirent les populations désireuses et disponibles de les écouter et de faire leurs jeux. On vous dira que nous sommes en démocratie puisque vous exprimez  « librement »  vos opinions. C’est l’un des grands pièges de la démocratie. « Le chien aboie, la caravane passe ». S’agissant de la presse, et au sujet de ses actes incriminés, un ministre de la culture royalement vautré dans un fauteuil en rotin nous ( une délégation d’artistes en audience ) a servi cette boutade dans les murs du MCAT.

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              On nous parle de droit de l’homme. Alors qu’au fond, en vérité, ils ne vous garantissent aucun droit. C’est encore parmi eux qu’on vous prive de vos droits. Les pauvres n’ont jamais pu piétiner le droit. Ils le connaissent à peine dans ses formules exportées, européennes, occidentales. Le droit est-il synonyme de justice ? Il nous faut un droit qui établit la répartition  équitable du bien public, qui réduise les inégalités sociales. Que chaque citoyen puisse manger à sa faim, boire de l’eau potable. Que tout enfant ait droit à l’école. Que les soins de santé soient accessibles à toute personne malade. Que la maladie ne tue surtout plus les pauvres faute de moyens, par manque de médecin, d’hôpital.

             Vingt ans après où en sommes nous ? Où en est le peuple ? Je veux dire les larges masses laborieuses. Les vraies forces vives de la nation (celles qui n’étaient pas au PLM ALEDJO au nom desquelles nous avions parlé, mangé, bu et applaudi) trompées assistent impuissantes à la démolition  tactique de nos valeurs de civilisation  par nous-mêmes. Plus grave, nous participons et applaudissons  notre  propre  appauvrissement les yeux ouverts. Nous approfondissons, et élargissons nous-mêmes les fossés de notre propre misère par l’achat vulgaire de nos consciences. Tout heureux, nous nous levons et crions tout haut, ‘’ Nous sommes en démocratie ; le Benin, pays de paix et de liberté‘’.

             Hormis les satisfécits  décernés de l’extérieur pour la bonne gouvernance par ci et par là, il ya lieu de s’interroger sur les intentions réelles de nos gouvernants et nos maîtres métropolitains. Ont-ils à cœur  le vrai développement qui produit des richesses pour les populations de nos villages ? Ou bien, ils viennent se faire des salaires, des primes, nous tiennent seulement des discours, s’enrichissent indéfiniment, à satiété ? Car c’est à cela que nous assistons en citoyens  paisibles et patriotes, respectueux des principes établis au nom de la république.

            Ce sont toujours les mêmes depuis plus de trente années et rien n’a changé. Rien n’a fondamentalement changé au sein de la grande majorité des béninoises et béninois. Reconnaissons-le honnêtement ! Ce sont toujours eux ou leurs enfants, parents, alliés ou amis.

             L’esprit de la Conférence nationale est vidé de sa quintessence.

             Le délégué du quartier ne vous convoque plus aux réunions populaires du quartier. Mais cette fois-ci, on vient vous voir à votre domicile ou atelier et on vous donne de l’argent pour aller dire à d’autres des choses auxquelles vous ne croyez pas. Vous pouvez aussi marcher. Quelle prostitution de l’esprit !  L’achat abusif des consciences. C’est la nouvelle règle de la démocratie au BENIN. Un régime peut passer tout son mandat à faire campagne. Et aucune des institutions démocratiques ne trouve à dire sur ces pratiques. Le plus grave reste que ces pratiques sont entretenues sans scrupule, au vu et su de tous, par les élus du peuple : les chefs d’Etat, les ministres et leurs cabinets, les députés, les responsables de partis politiques.  Le patriotisme, la nation n’existent plus nulle part dans les cœurs et dans les esprits de grand nombre de citoyennes et de citoyens au BENIN.

            Le tribalisme, le népotisme, le favoritisme, la corruption, le copinage, l’impunité notoire,  à grande échelle sont les nouveaux principes de la compétence de nomination aux postes technocratiques. La bourgeoisie sauvage est hissée au sommet de l’Etat. L’ hyper ministre des travaux publics  visite les chantiers des routes et ponts dans la ville de Cotonou en hélicoptère. L’incivisme  va plus grandissant. La corruption est presque décrétée et généralisée dans les administrations publiques. Les inspections et commissions d’enquêtes ont depuis  vendu leurs âmes et consciences dans les coulisses des gouvernants et là-bas ils ont les bouches cousues, les langues liées, les yeux bandés et les visages enfoncés dans des murs de plomb, les oreilles bien évidées, ils participent aux festins. Les riches deviennent plus riches et les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. Le libéralisme sauvage brille de mille feux. Le minimum social commun s’est aplati dans les fauteuils de médiation ailleurs et ici.

              Qu’y a-t-il de gênant à proclamer le socialisme en terre libre et africaine du BENIN ? Social signifiait en 1352 « agréable aux autres » – Très bon à savoir non ! Libéral signifiait en 1160 « généreux » – C’est encore mieux à savoir ! Libéral : favorable aux libertés individuelles dans le domaine politique (1750). N’est-ce pas bien curieux tout cela ?

              Socialisme signifie depuis 1803, organisation sociale, qui entend faire prévaloir l’intérêt, le bien général sur les intérêts particuliers, au moyen d’une organisation concertée. Quant au libéralisme(1821), c’est l’ensemble des doctrines qui tendent à garantir les libertés dans la société. Doctrine selon laquelle la liberté économique, le libre jeu de l’entreprise ne doivent pas être entravés. Ici, il est indiqué d’aller voir le capitalisme privé, l’individualisme. Lorsque vous appréhendez tout cela, vous pouvez vous demander ce qui fait tant le malentendu au point que proclamer le socialisme dévient un crime aux yeux des capitalistes, du Fonds Monétaire International, de la Banque Mondiale. Et ceci ne s’observe que pour les pays colonisés et toujours sous domination, ou classés sous-développés. Pourquoi?

               En vérité, c’est que nous subissons l’ère revancharde du capitalisme sauvage sur le socialisme acculé torturé par les puissances européennes d’argent. Nous sommes toujours dans les méandres de la guerre froide, des deux blocs. Que le capitalisme occidental ou américain ait fini par anéantir les idéologies, effacer les vocabulaires de lutte de libération des peuples opprimés, oppressés ne veut pas dire que leurs pratiques néo-esclavagistes, néocoloniales et postcoloniales rétrogrades ont disparu des systèmes politiques et économiques des pays colonisés au plan mondial.

               Au 21ième siècle, on vient encore nous évangéliser. Le BENIN vit une nouvelle ère d’évangélisation. Ils nous viennent de, je ne sais où les pasteurs, les nouveaux pasteurs sans aucuns troupeaux, les maîtres évangélistes déclarés, promus à grands coups de billets de banque pour abroutir, endormir. A grands frais médiatiques, ils nous convient gaillardement à la destruction de nos valeurs de civilisation. A grands frais, ils occupent les espaces d’animation culturelle, les écoles, les collèges, les salles de conférence pour leur culte, pour des festins gourmets. Et depuis frères et sœurs s’entredéchirent autour des rituels ancestraux de grande valeur de cohésion sociale. A tout cela participent allègrement désormais les marxistes d’hier, les grands camarades de lutte. Alors si vous avez vos yeux bien ouverts de même que vos oreilles, vous applaudissez comme tout le monde, ‘’ Vive les libertés ! Vive la démocratie’’ ; sinon on vous traite non plus de réactionnaire, mais d’antipatriote, d’antidémocrate, de communiste, de gauchiste. Que sais –je encore ?

                Nous laissons les gens entrer dans notre pays sans aucune formalité ; Ils viennent agresser nos traditions, nos cultes, nos rituels, notre culture nationale qu’ils traitent publiquement de diabolique, de sorcier. Combien de personnes, le Vaudun, ou la sorcellerie  pourrait tuer en une fraction  de seconde ? Entre la sorcellerie et le fusil mitrailleur, les missiles, les avions chasseurs bombardiers lequel est le plus meurtrier, le plus diabolique, satanique ? Qu’on cesse de nous tromper, de nous diaboliser à toute heure. Que les religions étrangères cessent de nous terroriser sur notre territoire. Qu’elles revoient leurs textes d’évangélisation. C’est inadmissible. Nos frontières sont trop ouvertes et de vulgaires individus blancs et noirs viennent organiser la profanation de nos traditions. Nous l’avions subi depuis la pré-colonisation avec les missionnaires catholiques. Combien de religions les peuples africains ont implanté aux pays des blancs, Combien de religions africaines sont allées dire aux peuples européens, américains que leurs pratiques religieuses sont diaboliques, sataniques ; que leurs civilisations sont barbares ? Combien ? Et pourtant !

             Ces agissements, ces actes  et faits ne diffèrent en rien des idéologies qui génèrent et entretiennent le terrorisme en Europe, aux Etats-Unis. Chaque Etat souverain reconnaît et définit son terrorisme. En 2010, avec 50 années d’indépendance et 20 ans de Conférence nationale, nous devons revoir ces aspects de notre souveraineté nationale et inscrire en lettres d’or dans les textes de loi fondamentale la protection de nos valeurs de civilisation. Un premier pas est déjà franchi par l’évocation des mânes de nos ancêtres dans l’acte de prestation de serment du Président de la République

              Ce qui est plus grave et dangereux réside  dans le fait que, ce sont les mêmes dirigeants  politiques d’hier marxistes qui ont ravalé leurs vomissures, et qui pactisent allègrement aujourd’hui avec les éternels oppresseurs des peuples. Ils ont trahi les aspirations profondes des larges masses laborieuses sur tous les plans. Ils  nous ont livrées, nous les populations sans voix, analphabètes et alphabètes à vil prix  sur les plates formes de la rhétorique démocratique. Le grand danger se fait que les cours d’histoire  et de géographie, d’instruction civique et de français sont habilement vidés de toutes les substances qui aiguisaient la conscience nationale, contribuaient à l’éveil de la conscience nationale, moulaient droit au patriotisme.

               Je m’en voudrais de ne pas rendre hommage ici : – à Monsieur Pierre OSHO enseignant d’histoire et de géographie au Collège Père AUPIAIS de Cotonou, 1969-1970 dans les classes de première ; – à Monsieur LOKOSSOU Clément en classe de terminale au Collège Notre Dame des Apôtre à Porto-Novo dans les 70, enseignant d’histoire et géographie – à Monsieur Jérôme CARLOS, en histoire et géographie toujours en classe terminale à Porto-Novo, au Lycée BEHANZIN. – Au professeur de français Tonakpon Gratien  CAPKO-CHICHI au lycée technique COULIBALY de Cotonou. – A l’Abbé Julien PENOUKOU en instruction civique au second cycle du Collège Père AUPIAIS de Cotonou. Pour ne citer volontiers que ceux-là.

               On ne peut se passer des divers enseignements de la lutte des classes dans un système démocratique et prétendre lutter contre la pauvreté. Pourquoi cette pauvreté ? D’où nous vient fondamentalement cette pauvreté ?
               Au nom de la démocratie on ne saurait s’avilir au point d’ignorer les stratégies répressives de nos éternels alliés marchands. De GAULLE nous l’a dit : « Il n’y a point d’amis, il n’y a que des intérêts ».
              Vingt années après la Conférence nationale, on devra revoir les textes, leurs contenus, les débarrasser des pièges de la chute du mur de Berlin, de l’effondrement brutal du bloc soviétique. Relire notre histoire évènementielle et politique. Se dire d’autres vérités plus poignantes sans rancœur, sans rancune avec les mêmes idéaux de paix et de concorde nationale. Notre salut national se trouve essentiellement dans les relectures d’une CULTURE  NATIONALE.

             Plus concrètement, il faut écouter le plus simplement possible les aspirations réelles des couches laborieuses des 77 Communes du Benin. Il faut laisser s’exprimer en direct et sans papier les populations des campagnes et des villes. En faire une synthèse et élaborer un programme d’Etat, un plan national de développement. Tout Chef d’Etat démocratiquement élu et son Gouvernement auront la lourde mission de son application progressive au rythme de leurs compétences et dévouements. Avec un Programme National de Développement établi, tout partenaire au développement et tout homme d’affaires ou investisseur désireux de fructifier ses affaires au Benin s’en imprègnent pour ses opportunités. Avec un Programme National de Développement, Chef d’Etat élu, Ministres nommés, Directeurs nommés et Députés n’ont plus besoin de programme de tournées de prises de contact dans chaque département avant de se mettre au travail. Le pays économisera des dizaines de milliards de nos francs, gagnera beaucoup en temps de travail et en efficacité opérationnelle. Ensemble nous travaillerons dans l’intérêt supérieur non plus seulement de la NATION, mais aussi dans l’intérêt essentiel des COUCHES  LABORIEUSES et des PAUVRES. L’enseignant à qui il est confié une classe dispose d’un programme établi, d’un emploi de temps qui couvre l’année scolaire. Il prépare et dispense ses cours en conséquence. A chaque passage dans une classe, il remplit et signe le cahier de cours que lui présente l’élève : Chargé de la classe. Qu’y-a-t-il de plus simple !  Un peu plus de discipline dans le système politique au plan national.

            La Conférence nationale de Février 1990, vingt années après, les Forces Armées Béninoises demeurent la seule composante nationale qui respectent scrupuleusement l’esprit et la lettre de ce forum historique du merveilleux et intrépide peuple béninois. « La discipline fait la force des armées.»

Abomey-Calavi, le 18 Mars 2010
Koffi  GAHOU
Spécialiste en Arts
Courriel : doyenkoffi@yahoo.fr                                           

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