L’Onu se laisse instrumentaliser par Boni Yayi
Invité par l’opposition à adopter une démarche consensuelle dans la réalisation de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi), le président Boni Yayi refuse et appelle l’Organisation des Nations Unies (Onu) à évaluer le processus. Curieusement, le langage des représentants de l’Onu ressemble à celui que le gouvernement tient. Depuis le 22 février dernier, une mission de l’Organisation des Nations unies est au Bénin sur invitation du président de la République pour évaluer le processus de réalisation de la Lépi. Après une semaine de mission, et curieusement au lendemain de l’abrogation avortée de la loi relative à la réalisation de la Lépi, la délégation onusienne estime que le processus devrait continuer alors même que les violations de la loi sont flagrantes. En embouchant ainsi la même trompette que le gouvernement du Dr Boni Yayi, la délégation onusienne amène à s’interroger sur sa mission réelle. Car, ce jeu auquel elle s’adonne n’est ni plus ni moins une acceptation de donner une caution à la conduite unilatérale et opaque de la Lépi. Autrement, c’est se laisser instrumentaliser. Alors même qu’elle devrait se mettre au-dessus de la mêlée. Devrait-on comprendre que c’est parce qu’ils sont au Bénin sur invitation du chef de l’Etat, que les membres de cette délégation devraient parler le même langage que l’Exécutif alors même qu’une grande frange de la classe politique s’en plaint ? Il importe à la délégation onusienne de se rende compte que par le passé, d’autres sont tombés dans ce piège. On se souvient comme si c’était hier que Mme Angélique Savané a, consciemment ou inconsciemment été manipulée dans le cadre de sa mission du Maep qui n’a répertorié que belles choses à, l’actif de Boni Yayi. In fine, elle hérite d’un passeport diplomatique et hérite d’un poste de conseiller spécial du chef de l’Etat. Le père de la microfinance et prix Nobel de la paix, Muhamad Yunnus n’a pas non plus échappé à la tentative. Bien qu’il ait été assez clair avec le gouvernement béninois sur les bases réelles de l’instauration de microfinance, l’Exécutif s’en est servi comme une caution à son entreprise dans le domaine. Résultat, le pas a été vite franchi pour en faire un instrument électoral au lieu d’en user pour faire reculer la pauvreté. Au regard de tout ceci, il importe que la délégation onusienne se réapproprie sa mission et que le langage de vérité guide les guides.
Le dilatoire se poursuit au sommet de l’Etat
A l’occasion de l’audience accordée à la délégation onusienne hier, le chef de l’Etat a instruit le ministre chargé des relations avec les institutions, Zachari Baba Bodi de mettre à la disposition de la classe politique le rapport d’étape réalisé par la Mirena. Ce qui apparaît comme un marché de dupe que le gouvernement propose aux opposants. En effet, les opposants en réclamant un arrêt du processus afin qu’une évaluation soit faite du chemin parcouru, ils ont pris le soin d’exiger que cela soit faite par une structure indépendante. La société civile n’en a pas moins conseillé. D’autres politiciens ont également abondé dans le même sens. Mais contre toute attente, on annonce une évaluation d’étape déjà réalisée par la structure exécutrice de la Lépi.
Or, si tant est que le gouvernement est réellement décidé à ce que cet instrument soit réalisé de manière consensuelle, il aurait accédé à la volonté des opposants de faire évaluer le processus par une structure neutre. Mieux, on impliquerait des représentants de cette opposition dans ladite structure. Ce n’est pas le cas. Mais une fois de plus, le gouvernement met l’opposition devant le fait accompli. Or, elle n’a de cesse de clamer sa ferme volonté de réaliser la Lépi et de manière inclusive. Et avec le spectacle qu’on a observé dans la journée du lundi au sujet de l’abrogation de la loi 2009-10 sur la Lépi, on se demande plus que jamais si Boni Yayi veut effectivement d’une Lépi consensuelle.
Georges Akpo
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