Réactions après les déclarations jugées régionalistes de Rosine Soglo

Rachidi Gbadamassi doit se taire

Les éléments du pouvoir en place attaquent toujours la présidente de la Renaissance du Bénin (Rb), Rosine Soglo, au lendemain de ses déclarations jugées régionalistes à l’Assemblée nationale. Rachidi Gbadamassi qui, prônant le régionalisme, a rejoint le pouvoir en place, donne aussi des leçons à la dame de fer, alors qu’il est disqualifié pour le faire.

 

«Ils veulent nous diviser ici pour prendre le pouvoir là-bas ». Voilà l’une des déclarations du député transhumant, Rachidi Gbadamassi, au lendemain de sa démission du groupe parlementaire G13. A cette occassion, il a fait savoir que la probable candidature de l’actuel président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), Abdoulaye Bio Tchané, à la prochaine élection présidentielle, est une stratégie de certaines forces du sud pour émietter l’électorat du septentrion, afin de s’accaparer du pouvoir en 2011. Cette opinion de l’ancien prisonnier de Natitingou a été largement médiatisée. Il y avait eu des réactions en son temps. Dans ces conditions, M. Gbadamassi est-il bien placé pour donner des leçons de morale à la présidente de la Renaissance du Bénin (Rb), Rosine Soglo ? Non. Dans tous ses actes, il défend le nord contre le sud. Pendant ses sorties politiques dans le septentrion, il a toujours collé l’étiquette de traître à Bio Tchané. A partir de là, le transfuge du G13 est en mauvaise posture pour attaquer Rosine Soglo, puisqu’il est un régionaliste pur et dur. Donc, si les propos de la présidente de la Rb ont un caractère régionaliste, il faut des hommes crédibles et respectables pour lui apporter la réplique. Et, il n’en manque pas dans la mouvance actuelle. Le ministre Sacca Lafia, bien qu’étant du nord, a appelé les Béninois à voter Soglo contre Kérékou en 2001.  A cet effet, il a fait l’opposition jusqu’à la fin du régime d’alors aux côtés de la Renaissance du Bénin.

 Pour ce faire, il est important de savoir si les déclarations de Rosine Soglo ne posent pas une problématique. N’a-t-elle pas apporté une réaction à une action? Depuis les indépendances, le régionalisme est un mal qui crève l’œil au Bénin et dont on n’ose pas parler. Mais, à l’ère du président Boni Yayi, le phénomène a pris une ampleur effroyable. Il suffit de jeter un regard dans le rétroviseur pour s’en convaincre. Le président Mathieu Kérékou a fait 17 ans au pouvoir pendant la période révolutionnaire. On ne criait pas trop au régionalisme. A l’époque, ceux du sud étaient à des postes stratégiques dans l’administration et avaient une autonomie de gestion. Il est revenu aux affaires de 1996 à 2006. Durant cette période, Rosine Soglo n’a jamais tenu de tels propos, alors qu’elle dénonçait toutes les dérives de ce régime.

« Quand nous étions au pouvoir, on peut nous accuser de tout, sauf du régionalisme », disait l’ancien ministre de la Communication, Gaston Zossou, dans un entretien à nous accordé. A l’ère du Changement, le régionalisme est au cœur de toutes choses. Aujourd’hui dans l’administration publique, il faut être originaire d’une zone donnée pour bénéficier amplement des avantages du Changement.
 Le régionalisme est donc une préoccupation nationale. Il doit faire l’objet de réflexion de tous les acteurs politiques de ce pays. La politisation du mal telle qu’elle se fait actuellement par les éléments du régime du Changement n’est pas la meilleure solution. Rachidi Gbadamassi doit le savoir.

Jules Yaovi Maoussi

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