Désignation du candidat unique de l’UN: Un accouchement difficile

Ajourné  plusieurs fois, le choix du candidat unique de l’Union fait la Nation a été effectif le vendredi 9 Avril au siège de l’Union aux termes d’un long conclave- très houleux- qui a duré de 18 h à 5h du matin. Pour une première fois, l’opposition part à l’élections présidentielle en un seul bloc. En somme, un acte historique qui va faire école en Afrique.

Ce fut un supplice énorme. Pour une déclaration attendue pour 18 heures, c’est au petit matin du samedi que les leaders politiques se sont présentés devant la presse. C’est précisément à 4h10 que ces leaders politiques font leur entrée dans la salle de conférence située au troisième étage de l’impressionnante bâtisse qui abrite le siège de l’Union. Autour de la table, Nicéphore et Rosine Soglo, leur fils Lehady, Bruno Amoussou, Adrien Houngbédji, Séverin Adjovi, Séfou Fagbohoun, Antoine Kolawolé Idji, Lazare Séhouéto…Sans trop tarder,Bruno Amoussou saisit la balle au rond et dissipe les rumeurs. « Les sujets étaient d’une importance telle qu’il était important de se donner du temps (…) nous ne voulons rien laisser au hasard », a-t-il déclaré d’entrée. Il précise l’ordre du jour du conclave : désignation du candidat unique, liste des candidats pour les élections législative, organisation de la campagne, gestion du pouvoir d’Etat. Revenant sur le premier sujet, Bruno Amoussou déclare que les candidatures ont été reçues depuis le 02 avril. Au total, trois personnes ont déposé leurs candidatures. Il s’agit de Me Adrien Houngbédji, Lehady Soglo et Séverin Adjovi. En se basant sur le parcours politique du candidat, le poids de son parti sur l’échiquier politique national et sa contribution aux activités de l’Union, le conclave a abouti au choix de Me Houngbédji. « Sur ce, la conférence des présidents a décidé que notre candidature unique pour les élections présidentielles de 2011 est Me Adrien Houngbédji.  Je voudrais dire que cette décision a été prise à l’unanimité ».Un à un, les candidats se sont prononcé sur ce verdict. Adjovi a affirmé que « la compétition est terminée ».Lehady Soglo a quant à lui déclaré que « je suis convaincu que c’est le meilleur d’entre nous qui a été choisi ».Très ému, Houngbédji a multiplié les remerciements à l’endroit du couple Soglo et de tous les leaders de l’Union. Il loue « le sens de compromis de Rosine Soglo », « la personnalité du président Soglo », « les formules » et la « grande sagesse » d’Amoussou et dit se rendre disponible pour la nation..
Marcel Zoumènou

L’aboutissement d’un long processus

La désignation du candidat unique de l’Union fait la nation est l’aboutissement heureux d’un long feuilleton. Au lendemain des élections de 2006, le président Boni Yayi a visiblement opté pour l’enterrement de la classe politique. C’est ainsi que des leaders politiques ont vu la nécessité de créer une union sacrée pour barrer la route à ce danger qui guette la démocratie béninoise. Pour beaucoup, le parti unique combattu par le peuple béninois dans les années 80, lentement mais sûrement, revenait. Conscients de la situation, le Prd, le Madep, le Psd et la Rb ont créé le G4, en dépit de leurs divergences politiques. C’était le 12 mars 2008 au stade de l’amitié de Kouhounou à Cotonou. Naturellement, le procès du régime du Changement a eu lieu. Le G4 a été soutenu par l’alliance Force-clé et le G13 dans son combat contre l’imposture. De leur côté, les éléments du pouvoir faisaient croire que cette union était un regroupement mort-né. Coups-bas et des manœuvres politiques pour casser le mouvement pleuvaient. Cette stratégie a permis d’obtenir l’entrée au gouvernement de François Abiola et de Kint Aguiar du Madep. Malgré cela, la marche pour l’alternance s’est poursuivie. Les 28 et 29 novembre 2008, le G4, le G13 et Force-clé ont organisé un séminaire à Abomey et Bohicon où la politique du Changement a été critiquée et mise à nu. Dès lors, la coalition anti-Yayi s’est renforcée. L’opposition attaque le pouvoir en place et dénonce avec force les erreurs du régime en place sur plusieurs questions d’actualité, en vue du développement de la nation. A l’Assemblée nationale, les rejets des rapports du président Mathurin Nago se sont multipliés. Par la suite, le groupe a pris l’appellation de l’Union fait la nation avec l’intégration de l’alliance Force-clé. Soutenue par le G13, cette entité politique a marché sur le ministère de la Santé pour exiger du gouvernement la satisfaction des revendications des agents de santé. De jour en jour, l’Union fait la Nation croit à sa réussite et mène des actions fulgurantes sur le terrain.

Décidée à lutter contre l’injustice dont certains de ses militants font l’objet de la part du régime du Changement, elle a organisé deux marches de protestation notamment à Dangbo et Porto-Novo pour exiger la libération du maire de Dangbo, Clément Gnonlonfoun. En fin d’année 2009, l’Union fait la Nation a organisé sa convention nationale au cours de laquelle d’importantes décisions ont été prises. Au lendemain de la réussite de cet événement, elle a rejeté le budget général de l’exercice 2010 avec le soutien du G13 et des mécontents des Fcbe.

La désignation du candidat unique du groupe était l’équation difficile à résoudre. Une fois cette étape franchie, le groupe doit faire face à de nouveaux défis.q

Jules Yaovi Maoussi 

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