Intervention de Claude d’Almeida au sujet d’Ubipharm

Les inquiétudes des grossistes confirmées

L’installation d’Ubipharm au Bénin continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Hier, encore elle a été le plat de résistance d’une émission « Zone Franche » spéciale de Canal3 qui a reçu l’économiste Claude d’Almeida qui a longtemps travaillé avec les firmes pharmaceutiques au Bénin.
Dissipant la confusion que tente de créer certaines personnes, Claude d’Almeida a affirmé que les règles du commerce distinguent grossistes et détaillants. Il ne saurait donc avoir une même firme qui soit à la fois grossiste et détaillant comme c’est le cas avec Ubipharm qui est le fournisseur des deux grossistes répartiteurs béninois que sont Gapod et Ubiphar qui partagent à eux 78% du marché béninois pour un chiffre d’affaires d’environ 40 milliards où le bénéfice ne dépasse guère les 300 millions. On constate donc qu’il s’agit d’un marché très étriqué. Et c’est d’ailleurs ce qui fonde l’inquiétude des deux grossistes béninois qui risquent de perdre leurs parts de marché et de connaître une faillite si cette troisième société s’installait au Bénin. Surtout que cette dernière dispose de plus de moyens pour contrôler rapidement tout le marché. L’autre argument brandi par l’invité de « Zone franche » tient de la législation béninoise qui a prévu depuis 1960 une hégémonie des nationaux dans ce domaine jugé trop névralgique pour tomber aux mains des commerçants étrangers. Quel est donc l’enjeu de cette installation au Bénin ? Selon Claude d’Almeida, le Bénin est aujourd’hui dans le point de mire de cette société française parce qu’il est le seul pays de l’Afrique de l’ouest à ne pas encore abriter une surcussale de cette firme française. Or, cette présence revêt un intérêt stratégique puisqu’elle lui permettra de contrôler du marché en Afrique afin d’empêcher les nationaux de les contourner et d’aller sur les marchés asiatiques.

Dans la foulée, il ajoute que l’arrivée d’Ubipharm ne va en rien faire chuter les prix des médicaments comme ses chantres l’annoncent déjà. Le prix des médicaments, a-t-il précisé, est fixé par le ministre de la santé en accord avec l’ordre des pharmaciens. Pour sortir de cette situation, il demande au gouvernement de bien réfléchir assez avant de prendre une décision et de ne pas sacrifier l’intérêt des nationaux.

Marcel Zoumènou

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