En procédant il y a peu, à la nomination d’un nouveau Directeur général à la tête de la Sonacop, le gouvernement de Boni Yayi a comblé un grand vide, selon Dieudonné Lokossou, secrétaire général de la Csa-Bénin et cadre de cette société. Mais il souhaite que le nouveau patron de la Sonacop gère sainement la maison, au risque de voir les travailleurs sur son dos.
Comment avez-vous accueilli cette nomination ?
Cette nomination tant attendue par les travailleurs de notre société est enfin intervenue. Même si elle est venue un peu tard depuis que la Sonacop est retournée dans le giron de l’Etat suite à une décision de justice intervenue en janvier 2008. A l’occasion des vœux de nouvel an des centrales syndicales en janvier dernier, j’ai eu à interpeller le Chef de l’Etat là-dessus en exprimant mes inquiétudes, parce que l’absence des organes sociaux à savoir une direction générale normale et un conseil d’administration régulier, constituait un vide juridique qui portait préjudice naturellement à la Sonacop. Maintenant que c’est chose faite, je ne peux que l’en féliciter.
Que dites-vous du profil du nouveau Dg ?
L’idéal aurait été que cette nomination soit précédée d’un appel à candidatures pour jauger les potentiels candidats. Car c’est une société qui n’est pas ordinaire, c’est une société de pétrole, et nous avons des cadres rompus dans la maison. C’est ce que nous aurions toujours souhaité, mais ce n’est pas toujours ce qu’on souhaite qu’on a. A partir de ce moment, celui qui nomme est dans ses droits et est responsable de la gestion du nommé et de ce qui peut arriver demain.
Quelle appréciation faites-vous de la situation de la Sonacop à la date d’aujourd’hui ?
La situation de la Sonacop n’est pas toujours reluisante, malgré l’effort appréciable fait par l’administrateur provisoire. Nous sommes toujours dans une situation de tâtonnement, des ruptures de stock interviennent par moment, nous sommes débiteurs de l’extérieur et les prix grimpent davantage. L’Etat doit prendre les taureaux par les cornes pour un redressement général de la société.
Comment se portent les travailleurs ?
La situation des travailleurs est à l’image de celle de la société. Elle n’est pas très gaie. Il y a des travailleurs qui sont toujours dans la précarité. Certains ayant été recrutés dans des conditions peu sécurisantes, cherchent à se recaser. Je voudrais ici saluer l’administrateur provisoire qui a pu régler le cas d’une centaine, mais ils sont encore nombreux à se plaindre de leur statut actuel.
Si vous deviez donner des conseils au nouveau Dg ou lui faire des propositions pour redorer le blason de cette société ?
Il doit se considérer comme un manager, éviter de diviser les travailleurs et gérer sainement la société. De toutes les façons, la Sonacop, pour ceux qui la connaissent, si elle est debout aujourd’hui, c’est grâce aux syndicats. Nous sommes habitués pratiquement au changement des patrons. Si nous n’avons pas le pouvoir de nommer, nous avons au moins celui de faire partir un Dg, surtout s’il a mal géré. Surtout si notre argent doit servir à financer des campagnes électorales. Sur ce point, je compte sur les travailleurs pour veiller au grain. Mais je suis persuadé qu’il n’est pas venu dans l’intention de brimer les travailleurs, si non, il y aura un autre changement, soit sous ce régime, ou sous celui qui viendra après.
Propos recueillis par Christian Tchanou
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