Une rencontre d’échanges sur l’amélioration du cadre électoral au Bénin s’est tenue mercredi dernier à Cotonou. Initiative de la Fondation Friedrich Ebert, elle a réuni un bon gratin de la classe politique nationale, la société civile, des spécialistes et acteurs des questions électorales. L’étude intitulée «Analyse comparée des Commissions électorales en Afrique de l’Ouest» a servi de base aux discussions.
Deux communications ont introduit les débats sur l’amélioration du cadre électoral au Bénin. La première, ayant pour thème «Analyse critique du cadre juridique des élections au Bénin : quel impact sur la fiabilité du scrutin ?», a été présentée par Maître Ibrahim Salami, avocat et professeur de Droit à l’université. Le politologue Mathias Hounkpè a présenté la seconde communication qui portait sur le thème «Lecture des disfonctionnements majeurs du système électoral béninois : quelles leçons tirer des solutions expérimentées dans d’autres pays de la sous-région ?».
Dans sa communication, Maître Salami a relevé les dysfonctionnements majeurs de la commission électorale nationale autonome dont la source reste la loi électorale. Le caractère ad’ hoc de la Cena, sa composition très fortement politique, les limites de son autonomie, son régime financier, ses nombreux démembrements qui se révèlent insubordonnés ; ce sont là les difficultés identifiées dans le fonctionnement de la Cena par le communicateur. A l’en croire, la correction des dispositions légales relatives à ces disfonctionnements, devrait concourir à l’amélioration du système électoral. Il ne manquera pas de s’interroger sur le rôle des forces de l’ordre dans le processus électoral. Selon son constat, il n’y a qu’un seul article de la loi électorale qui aborde la question de la sécurité, mise à la charge du ministre de l’intérieur.
A son tour, Mathias Hounkpè va débuter la seconde communication par la justification d’une commission électorale pour organiser les élections. Il fera constater que 40 pays seulement sur 214 dans le monde n’ont pas des élections organisées par une commission électorale. Et aucune exception ne s’observe dans la région ouest-africaine. Par ailleurs, des enquêtes Afrobarimètre ont révélé qu’une commission électorale inspire plus confiance à la majorité aussi bien des citoyens que des hommes politiques. Tout en présentant les différents modèles de commissions électorales dans la sous-région, Mathias Hounkpè a mis en exergue les bonnes pratiques et les moins bonnes pratiques. Alors que le communicateur préconise pour le Bénin une commission électorale professionnelle, à l’image de celle du Ghana, les participants aux débats restent partagés sur la question : la plupart des hommes politiques préconisent la parité mouvance-opposition, alors que les acteurs civils soutiennent la Commission électorale professionnelle. Tous reconnaîtront que la rendre permanente permettrait la capitalisation des acquis et des bonnes pratiques et souhaitent qu’elle soit très tôt installée. Sur la partition à jouer par les forces de l’ordre, la plupart n’en trouvent pas mais le communicateur a insisté sur l’importance de la sécurité pendant les élections et a suggéré que la législation soit plus explicite et que la Commission électorale soit l’autorité en la matière. Le budget des élections devenu excessif ces dernières années n’a pas été occulté pendant les débats. Là encore, le législateur a été interpellé.
La Fondation Friedrich Ebert qui a commandé et publié l’étude comparative des commissions électorales en Afrique de l’Ouest et qui a organisé la rencontre s’est félicitée de la qualité des débats. Y ont fortement contribué Joseph Gnonlonfoun, Alain Adihou, Ismail Tidjani Serpos, Chabi Sika Karimou, Pascal Todjinou, Sylvain Nouwatin et bien d’autres personnalités présentes à la rencontre.
Olivier ASSINOU