Libérés mais pas indépendants !

Au lendemain de la traite négrière, les pays africains ont été victimes de la colonisation.  En effet dès le début du XIXè siècle, les pays européens notamment le Portugal, le Royaume Uni, la France et la Belgique ont  prétexté de missions religieuses pour exploiter le riche sous sol du continent originel. Grâce au courage et à la lutte des vaillants hommes  tels que KWAME NKRUMAH, HOUPHOUET BOIGNY, SEKOU TOURE, MODIBO KEITA, MAMADOU DIA, JOMO KENYATA, plusieurs pays africains ont pu se libérer de la domination territoriale occidentale en mille neuf cent soixante après Jésus- Christ.

Ces derniers commémoreront donc au cours de cette année 2010 le cinquantième anniversaire de leur libération que beaucoup considèrent comme une indépendance.

Mais les peuples du plus riche continent  sont-ils vraiment indépendants ?

Une brève analyse de l’état des lieux en 1960 et celle des rapports qui lient les ex colonies à leurs ex colonisateurs depuis cette date ne nous permet pas de répondre par l’affirmative. En effet le Mali devenu indépendant le 22 septembre 1960 ne disposerait que de trente deux hauts fonctionnaires, cadres capables de définir et de conduire des politiques de développement. Cette carence technico-intellectuelle n’obligera- t-elle pas les dirigeants politiques de ce pays, malgré eux, à recourir à l’expertise de l’ancien maître, à dépendre du savoir-faire et de l’expérience de ce dernier.

La colonisation avait pour but l’exploitation d’avantages réels ou supposés (matières premières, main-d’œuvre, positions stratégiques, espace vital, etc.) d’un territoire au profit de sa métropole ou de ses colons. Malgré les beaux discours lus par les pères des indépendances, l’exploitation des sous sols de la terre mère n’a pas cessé.  Lorsqu’elles n’étaient pas mal gérées par des locaux dépourvus de formation adéquate, nos sociétés  étaient alors administrées par des expatriés venus du continent des anciens maîtres.

Est-ce être indépendant que de continuer à appliquer le système éducatif mis en place par l’ex colon ? Est-ce être indépendant que de laisser l’ex maître imposer le prix d’achat de nos ressources minières et énergétiques ? Est-ce être indépendant que de laisser les entreprises du maître transformer presque gratuitement nos richesses naturelles pour nous les revendre à prix d’or ?

 Est-ce être indépendant que d’aller chercher des solutions chez l’ex colonisateur à nos problèmes politiques ? Est-ce être indépendant que de faire frapper les billets de nos monnaies à l’étranger ?
Apres cinquante années de gestion censées autonomes, je constate malheureusement que les pays africains du tiers monde manquent de l’essentiel pour amorcer le développement.  Nos dirigeants d’alors se sont battus pour refuser la soumission sans réussir à mettre en place une organisation permettant de prendre des initiatives sans la permission et /ou le concours de l’ancien maître. De nos jours  des pays africains sont toujours incapables de transformer leurs richesses naturelles et énergétiques en produits finis faute d’école et d’université offrant des formations spécialisées aux ressortissants de ces pays. Nous avons délaissé nos langues maternelles pour adopter comme langue de travail une langue étrangère, le Français ou l’Anglais. Même pour nous exprimer entre nous, nous dépendons de la langue du maître.  Nos parlementaires légifèrent des lois dans une langue parlée, écrite et lue par moins de 30%  et s’étonnent que la majorité des populations ignore ces lois.
Les différentes commissions mises en place par plusieurs dirigeants africains visant à célébrer avec faste les  « 50ans d’indépendance » m’interpellent et m’amènent à partager avec vous un petit exercice. Le but étant de trouver parmi les cinq besoins fondamentaux, ceux que nous arrivons à satisfaire sans avoir recours à l’extérieur.

Que mangeons-nous ? Comment nous habillons-nous ? Comment nous soignons-nous ? Qu’apprenons-nous dans nos écoles et dans quelles langues ? Avec quoi fabriquons-nous nos logements ?

L’amer constat
Le riz, le couscous, les pâtes alimentaires, le pain représentent 75 % de nos consommations et sont tous importés directement ou indirectement (nos boulangers importent du blé pour fabriquer le pain). Les vêtements que nous portons proviennent des pays occidentaux alors que nous ne cessons de produire du coton. La majorité des supports de cours sont rédigés par des intellectuels et scientifiques de l’occident alors que nous comptons parmi nos concitoyens des professeurs émérites dans plusieurs domaines. Les matériaux de construction que nous utilisons sont aussi importés alors qu’ils sont fabriqués avec des ressources puisées dans le sous sol africain. En somme, sans recourir  aux produits étrangers nous ne pourrions satisfaire nos besoins fondamentaux. 

Alors que faire ?

Désormais trentenaire, ma petite expérience sur la terre, mon éducation, mes formations  et mon vécu m’amènent à proposer une refonte complète de notre système éducatif. Je propose aux spécialistes des programmes scolaires de mettre un accent particulier sur la foi en soi de l’apprenant, la foi en nos valeurs culturelles et de mettre en place des formations en adéquation avec les besoins réels de nos pays. Qu’on arrête d’enseigner  aux apprenants qu’il existe plusieurs races  et que certaines sont supérieures à d’autres. Qu’on crée des écoles spécialisées (comme le fait déjà le Ghana par exemple pour la gestion des contrats miniers) afin de former nos concitoyens sur place et d’éviter la « fuite des cerveaux » à travers les bourses d’étude à l’étranger. Qu’on mette en place des politiques agricoles pouvant assurer l’auto suffisance alimentaire comme le font les Rwandais avec succès.

Le chantier du développement est immense ; la contribution de chaque citoyen quel que soit son métier, son sexe, sa religion est indispensable. J’invite donc tous les lecteurs de ce texte à prendre conscience de notre permanente dépendance. Je vous invite à réfléchir et à proposer des solutions afin de réduire ce rapport de sujétion ou de subordination et de contribuer à notre développement par le travail et la foi en nos valeurs locales.

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