Un convoyeur d’argent qui s’enfuit avec l’argent que lui ont confié des clients. Le scénario est nouveau dans le microcosme économique de notre pays. Pourtant c’est ce qu’a fait un agent de la société 3S le vendredi 02 Avril dernier. Abasourdis et sans solution, les responsables de la société cherchent par tous les moyens à retrouver l’agent faussaire.
L’ imagination est excellente, le scénario bien peaufiné et digne des films d’action dont raffolent les télévisions béninoises. Ceci ne se passe guère en Occident mais bien ici à Cotonou. Son auteur n’est qu’un agent anonyme de la société 3S spécialisée dans le convoyage d’argent. Cette société vient en aide à d’autres sociétés qui, pour des raisons de sécurité, décident de confier leurs avoirs afin qu’elle les dépose dans une banque de la place contre une quittance délivrée par la banque. Bien évidemment, la société de convoyage dispose d’un arsenal de sécurité plus renforcé qui lui permet de déposer ces avoirs, souvent des sommes faramineuses, dans les banques de la place. La société 3S exerce cette activité depuis quelques années déjà dans ce domaine. Sans grande difficulté. Seulement, elle ne pouvait jamais imaginer que son malheur viendrait un jour de son propre camp. C’est ce qui lui est pourtant arrivé le vendredi 02 Avril, vendredi saint de surcroît. Pendant que tout le monde vivait l’euphorie de l’imminence de la fête de Pâques, un agent très cupide a trouvé le moment propice pour perpétrer son forfait. Ce jour-là, il faisait partie de l’équipe restreinte de sécurité qui devait suivre le chauffeur pour le convoyage. Tout se passait bien jusqu’à l’arrivée à la banque où le versement devait être fait, Eco Bank de Ganhi, nous a-t-on dit. Il est descendu du véhicule comme à l’accoutumée pour procéder à la livraison. Des minutes et des dizaines de minutes s'écoulaient sans que l'agent ne réapparaisse. L’inquiétude a gagné le chauffeur et les deux autres agents restés dans le véhicule puisque d’habitude ce genre d’opération ne dure pas aussi longtemps. Un des agents est alors descendu pour savoir ce qui se passe. Et c’est là qu’il a découvert le pot aux roses. Un agent de la banque lui a déclaré qu’aucun agent de 3S n’est passé déposer des fonds. Cet agent a informé ses autres collègues, qui à leur tour l'ont aidé à rechercher le fuyard pendant quelques minutes avant de se rendre à l’évidence que ce dernier avait mis en œuvre un plan pour s’évader avec l’argent de la société. Ensemble, ils se sont retournés pour informer les dirigeants de la société.
Gros sous, grosses victimes
Avec cette rocambolesque affaire savamment orchestrée, deux sociétés se mordent les doigts. La première est une grande multinationale française qui exerce dans un domaine très lucratif. La seconde est une grande société d’Etat béninoise qui a un chiffre d’affaires de plusieurs milliards. En effet, selon nos sources, les centaines de millions qui ont disparu appartiennent à ces deux sociétés.
Plus d’une semaine après cette disparition mystérieuse, la Brigade économique et financière (Bef) ne semble pas prendre le taureau par les cornes. Approché, le commandant adjoint de cette unité pourtant spécialisée dans la répression des crimes économiques affirme ne pas connaître ce dossier. Pourtant, il ressort de nos investigations que la société 3S a elle-même confiée le dossier à la police pour rechercher l’agent faussaire. Ce mutisme, selon toujours nos sources, s’explique par le fait que le Dg de cette société a d’énormes accointances avec les milieux policiers à cause du fait qu’il mène d’autres activités annexes de concert avec la police. On comprend donc. La logique est de noyer le dossier pour ne pas créer des préjudices commerciaux à 3S.
Marcel Zoumènou
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